Portrait – Alain Crozier de Microsoft France – French Ambassador

Alain Crozier, French Ambassador

Alain Crozier, président de Microsoft France
Photos : Olivier Roux pour Alliancy, le mag

BONUS DE L’ÉTÉ :

A 52 ans, Alain Crozier préside la filiale française de Microsoft depuis l’été dernier. Venu de la sphère financière du leader mondial du logiciel, aux Etats-Unis, il doit désormais conforter l’écosystème de clients, partenaires et institutionnels du groupe en France.

 

La passion de Microsoft est intacte chez lui. Pourtant, ce n’est pas un « bébé » Microsoft. Il est entré à 33 ans dans la filiale française, auprès du conseil chez Peat Marwick (ex- KPMG) et de la finance chez Lesieur. Mais, dans ce grand bain depuis dix-neuf ans, Alain Crozier, président de Microsoft France, n’a jamais été déçu : « J’ai été attiré par une vraie vision de l’entreprise et du monde au moment où, en 1994, Bill Gates voulait mettre un PC dans chaque maison et dans chaque bureau. Aujourd’hui, l’énergie et la créativité restent vivaces, malgré la taille du groupe. Et j’aime l’implication sociétale de M. Microsoft (numéro 1 au classement français Great Place to Work), au service des diversités de culture et de pensée. »

La nomination d’Alain Crozier à ce poste, mi-2012, est un retour en France. Au bout de quelques années chez Microsoft, il avait été happé par le siège, à Redmond (État de Washington). Attiré, non par les Nuits blanches de Seattle, tout proche, mais par la vie là-bas. Treize ans de carrière jusqu’au poste de directeur financier mondial de la branche ventes, marketing et services (SMSG). Lui-même parle avec passion de ses produits, en fait une démonstration en jouant des fonctionnalités nouvelles de son mobile.

Alain Crozier, French Ambassador

Désormais, il dirige le cinquième marché mondial de Microsoft. L’une des treize régions. Dans le langage maison, la France est une « région », directement rattachée au siège. Après les États-Unis, le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Alain Crozier doit animer les équipes – 1 500 collaborateurs – réparties dans les ventes, le marketing et les services. Il est surtout l’ambassadeur d’une compagnie qui ne ressemble à aucune autre, présente dans le hard comme dans le soft, dans les PME comme dans les grands groupes. Et qui se bat chaque jour avec de multiples concurrents, qui peuvent être des alliés ou des partenaires ou des fournisseurs sur d’autres segments. SAP, concurrent ou partenaire ? Ça dépend des métiers. Idem dans le grand public pour Samsung. Même avec Apple ou Google, qui sont regardés avec moins d’aménité. En tout cas, nul au monde ne peut dire : « Je me passe d’eux ». Pour autant le soleil ne se couche pas sur Microsoft, même si son ambassadeur adopte un profil bas.

 

Garder l’initiative en local

Alain Crozier doit faire la promotion de son groupe sur le territoire national et auprès des entreprises, puisque la firme de Redmond est à la fois présente chez le consommateur, via une marque mondialement connue et des services familiers (Windows, Hotmail, Skype…), et dans les entreprises. Elle peut être distributeur, intégrateur ou en partenariat avec les grands des télécoms. C’est la vision « devices and services » : « Vous pouvez accéder aux services qui vous intéressent, quand et où vous voulez. » BtoC ou BtoB, that is the question, dirait Shakespeare. Il écarte avec le sourire cette interrogation. Non existentielle. Selon les années et les lancements, la part du grand public par rapport aux entreprises monte ou descend en dessous de 50 % : « Il faut être certain que la relation avec nos partenaires soit la meilleure possible. Non seulement nos  partenaires commerciaux, mais aussi les pouvoirs publics… »

Surtout, il faut développer la relation avec les entreprises, pas seulement sur le poste de travail, mais promouvoir les usages innovants. Actuellement, les deux tendances sont la mobilité – un enjeu crucial pour mieux se rapprocher du client – et les infrastructures-gestion des datacenters : le cloud est une vague qui déferle. La prochaine révolution sera la voix, qui mobilise la recherche. Il faut savoir se mouvoir dans cet univers où l’on est tantôt client, tantôt concurrent, tantôt fournisseur de services, tantôt prestataire au sens large. Mais surtout être sûr de soi, sans être arrogant. Tel est le défi majeur, il faut rassurer sans inquiéter.

 

Des idées pour le monde entier

La France est un pays développé, mature. Un marché comparable à l’Allemagne, moins développé que les pays nordiques ou le Royaume-Uni en termes de pénétration technologique et de renouvellement des produits. Et, bien sûr, moins qu’aux États-Unis où la technologie est au cœur de la stratégie des entreprises et du secteur public.

Microsoft laisse une liberté de créativité à ses filiales. Des idées nées en France sont ensuite diffusées au plan mondial. Microsoft France a lancé un programme IDEE pour soutenir les start-up. Initiative française en 2005, reprise ensuite sous l’appellation BizSpark (lire Les grands groupes s’ouvrent aux start-up de l’IT). Education, autre initiative, est aussi un projet 100 % français. C’est une mise à disposition de technologies numériques dans des cursus classiques pour apprendre autrement à l’école. En partenariat avec l’Éducation nationale, la « classe immersive », lancée il y a six mois à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), au siège de Microsoft France, va se développer dans le monde entier. « Les réactions des profs sont très positives. Ils mesurent la simplicité de la technologie. »

Mais le rôle d’un ambassadeur est toujours à double sens. Alain Crozier doit défendre le pays, ces étranges Français dans l’univers Microsoft. Justement, après ses années « américaines », quel regard porte-t-il sur la France ? Positif ! « Il y a de bons chercheurs et ingénieurs. » Pas trop déphasé ? « Ce retour est facile. J’étais très connecté avec des Français depuis les États-Unis et je revenais trois ou quatre fois par an. » Oui, mais tout de même, le climat vis-à-vis des entreprises ? « Intéressant et potentiellement porteur. Des décisions importantes doivent être prises par le pays pour son avenir. Microsoft peut y contribuer. C’est formidable ! »

 

Cet article est extrait du n°3 d’Alliancy le mag – Découvrir l’intégralité du magazine

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