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L’accélération de Numa : « Un pari réussi »

Marie-Vorgan Le Barzic, déléguée générale numa ©numa

Marie-Vorgan Le Barzic, déléguée générale Numa © Numa

Marie-Vorgan Le Barzic, déléguée générale de Numa, revient sur la première année du nouveau lieu de l’innovation et de la communauté numérique, inauguré en novembre 2013, rue du Caire, dans le deuxième arrondissement de Paris. Numa a multiplié par deux son activité et sa fréquentation l’an dernier. Objectif 2015 : l’international.

Alliancy, le mag. Numa est-il devenu le « Grand lieu de l’innovation intégré » qu’annonçait le nom de code du projet en 2013 ?

Marie-Vorgan Le Barzic. Oui, le pari est gagné. L’enjeu pour Silicon Sentier, renommée Numa [l’association d’entreprises innovantes à l’origine du projet avec le soutien de la Région Ile-de-France et de la Ville de Paris, NDLR], était de réunir l’ensemble de ses activités dans un même espace : l’accélérateur de start-up (Le Camping), le lieu de co-working et d’organisation d’événements (La Cantine), le conseil en innovation, pour renforcer les coopérations entre nos publics, qui vont des porteurs de projets aux grandes entreprises en passant par les start-up, les étudiants… Nous voulions structurer autour d’une chaîne de valeur les communautés de NUMA, de la start-up au grand groupe.

Quel bilan tirez-vous pour 2014 ?

Le bilan de l’année 2014 dépasse largement les objectifs. Numa a accueilli 80 000 personnes, au lieu des 40 000 attendues, organisé 1 600 événements (au lieu de 800), avec une très grande diversité de sujets abordés. Ce qui positionne Numa au cœur de la transition numérique qui concerne l’ensemble des entreprises. On a vu arriver de fortes communautés autour du sujet de la data (données) et des objets connectés (IoT).

Le regroupement de NUMA nous a permis d’augmenter notre chiffre d’affaires (vente de services, événementiel) de 30 % en 2014. Nos recettes propres ont atteint 2,5 millions d’euros en 2014. Ce qui représente 68 % de notre budget global. En y ajoutant l’apport des sponsors (Google, Orange et BNP Paribas), notre financement est désormais privé à 90 %, au lieu d’une répartition public/privé à 50/50 auparavant. Le budget s’élève désormais à environ 3,2 millions d’euros (au lieu de 2,4 millions en 2013).

Les coopérations grands groupes/start-up se sont-elles renforcées ?

Nous mettons en place des programmes avec de grands groupes pour les accompagner dans leur transition digitale. Cela peut prendre la forme de simples ateliers mais aussi de programmes plus longs autour des données, associant des start-up. Les données apportées par l’entreprise, sont analysées avec des start-up en fonction des évolutions de marché, des services à développer. On peut aller jusqu’au prototypage d’un nouveau service et à son déploiement.

Pour la SNCF, le programme qui visait au déploiement de nouveaux services sur ses réseaux, a impliqué 150 personnes de l’entreprise, 300 personnes qui ont participé à des événement à NUMA. Il a permis de faire émerger 15 projets, dont 6 retenus pour un déploiement objectif. Par exemple, ces affiches de livres dans le Transilien qui permettent de télécharger un livre numérique dont le temps de lecture correspond à la durée du trajet sur la ligne.

La laboratoire ouvert de l’innovation média, lancée en décembre avec l’Agence France Presse, pour 6 mois, vise aussi à faire collaborer journalistes, rédactions, start-up, PME, étudiants… autour des enjeux qui se présentent à l’AFP : l’exploitabilité de ses bases de données, le développement de nouveaux outils et offres pour et avec les clients de l’agence…

Par ailleurs, nous avons élargi notre programme d’accélération. Le Camping continue à accueillir pour 6 mois des promotions de start-up. Mais nous avons testé en octobre 2014, le programme RISE, qui vise à accélérer aussi des associations, des collectifs, des porteurs de projets et les équipes de grands groupes détachées sur un projet. Une équipe des Ressources humaines d’Orange en a ainsi fait partie.

L’inflation du nombre d’accélérateurs à Paris, l’ouverture prochaine du « plus grand » d’entre eux, la Halle Freyssinet, vous inquiètent-t-elles ?

La Halle Freyssinet n’ouvrira pas avant 2017 ! Le dernier appel à candidatures pour la nouvelle saison du Camping (clos le 15 mars 2014) a reçu plus de 500 dossiers, soit 30 % de plus que le précédent. Donc, à ce stade, ni notre attrait, ni la fréquentation de notre lieu ne sont impactées. Et, dès à présent, nous avons adopté une stratégie qui dépasse le cadre parisien pour s’orienter davantage vers l’international.

Quels sont vos objectifs à l’international ?

Nous avons deux ambitions. Permettre aux start-up françaises de s’implanter sur d’autres marchés, d’une part. Tisser un réseau renforcé de partenaires avec des structures qui jouent le même rôle que nous dans d’autres pays, pour développer des coopérations d’autre part. 2015 doit marquer l’accélération de cette stratégie internationale*. 

Les ministres du gouvernement s’invitent régulièrement au Numa. Ministres Numa Récemment, c’était le ministre des Finances, Emmanuel Macron, avec le commissaire européen Jyrki Katainen chargé de l’Emploi, la Croissance, l’Investissement et la Compétitivité. Comment percevez-vous cette reconnaissance?

Cela montre que Numa est devenue une marque forte, un vrai acteur de son écosystème et qu’il s’y passe beaucoup de choses. Et c’est le signe que les politiques ont pris conscience que le numérique peut contribuer au renouveau économique. Plus il y aura de ministres concernés par la transformation numérique, mieux ils seront en mesure de lui créer un environnement favorable.

 * Numa a organisé en décembre dernier, à Paris, le premier Sommet des accélérateurs européens (http://events.numa.paris/Evenements/1st-Europeen-Accelerator-Summit), avec plus de 100 structures représentées de 35 pays. En janvier, il a annoncé un programme d’échanges entre accélérateurs, qui doit permettre aux start-up d’être reçue pendant deux semaines dans un autre pays pour y découvrir le marché, échanger… (NDLR)

Découvrez ce soir à 21h tous les lauréats 2015 du prix Alliancy : 

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