Jean-Luc Beylat (AFPC) – Un acquis pour le futur

Les pôles de compétitivité sont les catalyseurs de l’innovation française. C’est en leur sein que l’on a vu, ces dernières années, émerger de nombreuses initiatives dynamisantes.

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Jean-Luc Beylat, président de l’AFPC*

Depuis quelques années, le monde connaît des transformations avec des amplitudes que nous n’avons jamais vécues. En cent ans, la population mondiale a été multipliée par trois. Il y aura bientôt 8 milliards d’individus sur la Terre. La durée de vie augmente de deux mois par an, du jamais vu dans l’histoire de l’Humanité. L’économie chinoise va devenir la première économie du monde, dépassant en PIB celle des Etats-Unis. Les plates-formes numériques transforment tous les secteurs. Fabriquer aujourd’hui n’a plus le même sens qu’il y a vingt ans. Il existe une dynamique d’interactions entre le consommateur et le créateur. La nouvelle génération veut donner du sens à son action, que l’économie soit mieux régulée, que la contribution de leur travail soit positive… 

Les plateaux de R&D sont aujourd’hui distribués à l’échelle du monde. L’Inde et la Chine forment cent fois plus de personnes en R&D que la France. En parallèle, on observe des transformations radicales : la capitalisation boursière de tout le  CAC 40 représente environ 1 300 milliards d’euros, soit celle des Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple) !

Cela est amplifié par le fait que l’audience des technologies s’accélère. Téléphone, radio et télévision ont attendu des dizaines d’années avant d’atteindre 50 millions d’auditeurs. A ce jour, ces audiences sont obtenues en quelques mois. Les cycles technologiques se sont accélérés. La mobilité et l’agilité dans les modèles sont beaucoup plus puissantes  que le caractère isolé. 

On ne conçoit plus les transformations du monde sans se projeter fortement dans l’innovation, devenue un véritable levier. Il existe des invariants dans ce domaine : libérer l’esprit d’entreprise et les initiatives ; lever les carcans et faciliter les interactions public-privé. Partout où l’innovation est forte (Silicon Valley, Tel-Aviv, Corée du Sud, Shanghai…), des écosystèmes puissants s’y sont développés. Les grandes et petites entreprises, les enseignants et universitaires, la recherche publique… interagissent en dynamique dans ces endroits. Il s’agit d’écosystèmes d’innovation performants.

L’âge de la maturité

En France, ces écosystèmes se sont construits autour des pôles de compétitivité. A leur création en 2005, les pôles français avaient pour ambition de décloisonner les acteurs. Désormais, ils se retrouvent au cœur des politiques d’innovation et constituent des éléments clés pour les territoires. La force des écosystèmes est de se repositionner et de se redynamiser en permanence. En France, « là où les pôles sont puissants, l’innovation est continue », les entreprises croissent et se transforment, et l’offre d’emploi y  est plus riche.

Cette année, les pôles de compétitivité fêtent leurs dix ans. Partout en France, ils fédèrent 7 500 PME innovantes, 100 % des grands groupes et des acteurs publics. Les pôles ont ainsi coordonné l’ensemble de ces acteurs autour d’un investissement de 6,5 milliards d’euros sur des projets innovants. Surtout, ils ont constitué le terreau au sein duquel ont émergé des initiatives telles que les IRT (Instituts de recherche technologique), le label French Tech (lire aussi page 36), les alliances (Industrie du Futur, Smart Grid France, aéronautique…). Les pôles ont aussi développé de nouveaux métiers, focalisés sur le développement rapide des entreprises à fort potentiel. La phase trois des pôles (2013-2018) doit permettre de consolider leurs missions, en lien avec les différents partenaires (Etat, régions, Europe), pour en faire les acteurs-clés de la politique des systèmes d’innovation français.

* AFPC : Association française des Pôles de compétitivité