A l’ICM, les start-up s’allient à la recherche

A l’ICM, les start-up s’allient à la rechercheRegrouper des chercheurs de haut niveau, des cliniciens hospitaliers, de jeunes entreprises innovantes du domaine des neurosciences : c’est le pari de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM), à Paris. Son incubateur était inauguré le 5 juin.

 

Ouvert en 2010, l’Institut du cerveau et de la moelle épinière, fondation privée d’utilité publique, est un centre de recherche sur le cerveau et les maladies neurologiques. Né au sein du centre hospitalo-universitaire de la Pitié-Salpêtrière (Paris XIIIe), le berceau de la neurologie au XIXe siècle, il accueille 480 chercheurs venus de laboratoires publics (CNRS, Inserm…) ou d’universités, répartis en 23 équipes. Elles côtoient les cliniciens de l’hôpital, ceux de l’Institut Alzheimer ou de la consultation « mémoire ». Le 5 juin dernier, l’institut inaugurait son incubateur d’entreprises.

Une dizaine de start-up a, depuis un an, rejoint l’institut. En mai 2013, le dernier comité de sélection formé d’experts de l’ICM, de représentants de ses tutelles financières (région Île-de-France, Ville de Paris, Oséo, etc.), d’experts privés, a retenu quatre nouveaux projets. L’incubateur peut accueillir au total une vingtaine d’entreprises.

 

Big data à l’hôpital
Certaines sont purement biotechnologiques ; d’autres font appel à des technologies IT. C’est le cas de Métaphormes, créée en 2008, spécialisée à l’origine dans les applications interactives pour des musées et pour l’éducation. Installée fin 2012 à l’ICM, elle développe des outils et serious games d’aide aux patients : un organizer avec rappels, alertes, exercices pour les malades d’Alzheimer ; un navigateur par l’image sur smartphones pour aider à trouver ses mots. « Notre présence ici favorise un échange constant avec des neuroscientifiques et permet d’enrichir notre cahier des charges et d’avancer », témoigne Rabil Hadadd, fondateur de Métaphormes.

Mensia, née fin 2012 de l’essaimage d’une technologie issue de l’Inria, développe un logiciel de visualisation et d’analyse en temps réel de l’activité cérébrale. Déjà utilisé par un laboratoire de l’ICM, notamment pour explorer les « états minimaux de conscience », l’outil doit, à terme, aider les cliniciens à soigner des troubles du sommeil, de l’attention, etc. Quant à Genoslice, c’est un spécialiste des big data ou, plus précisément, du « datamining appliqué à la biologie », résume Marc Rajaud, son cofondateur, qui vend des services d’analyse de données génétiques. Créée en 2008, Genolisce a d’abord été incubée par le génopole d’Evry, avec une implantation à l’Hôpital Saint-Louis (Paris Xe). Son installation sur un second site, depuis mars 2013, à l’ICM, l’amène à traiter des données liées aux maladies neurovégétatives. Avec un chiffre d’affaires désormais supérieur à 500 000 euros, il ne s’agit même plus tout à fait d’une start-up.

L’une des spécificités de l’ICM est ainsi d’être à la fois « incubateur, pépinière et hôtel d’entreprises, faisant cohabiter des structures à différents stades de maturité », précise Pascale Altier, en charge de l’accompagnement des entreprises. Compte tenu de la durée des projets de recherche dans son domaine, l’ICM offre deux stades d’incubation, pour vingtquatre à trente mois, puis jusqu’à soixante mois, avec des tarifs de loyer progressifs qui démarrent à 200 euros par mois. Au suivi en matière de business plan ou levée de fonds, ce dont bénéficie habituellement une entreprise incubée, Pascale Altier et son équipe ajoutent une expertise ciblée, par exemple sur le dépôt de brevet dans la santé. Les entreprises ont aussi accès, à prix coûtant aux plateaux techniques de l’Institut.

Un entrepreneur accueilli à l’ICM doit, dès les premiers mois, signer un partenariat avec une équipe de recherche. L’équipe de l’ICM dédiée à la valorisation de la recherche les aide à trouver puis à établir la collaboration scientifique la plus pertinente. « Une courroie de transmission essentielle », insiste Jean-Yves Quentel, fondateur de Mensia.

 

Cet article est extrait du n°4 d’Alliancy le mag – Découvrir l’intégralité du magazine