Retour sur le dîner de la rédaction « Data Intelligence »

Dîner du 8 décembre 2014 - Quand le big data place la transformation numérique au cœur du débat

François Bourdoncle, fondateur d’Exalead (Dassault Systèmes) et co-chef de fil du « Plan Big Data » lancé en 2014 par le gouvernement dans le cadre des 34 plans de la Nouvelle France Industrielle, était l’invité d’honneur du dernier dîner-débat organisé par la rédaction d’Alliancy, le mag. Le temps d’un repas, en présence de représentants de 12 grandes entreprises, parmi lesquelles ERDF, Alstom, Colas, ou encore Renault et la Société Générale CIB, l’ingénieur français a accepté de partager sa vision de l’avenir de l’innovation par la donnée. L’occasion également d’échanger sur les enjeux business des sociétés présentes et leurs réalisations.

Big Data ? Le terme provoque d’ailleurs un flottement. Il est certes à la mode, mais ses contours flous n’aident pas à mettre à l’aise les entreprises. Si les définitions se recoupent, elles sont aussi rapidement écartées pour laisser place au cœur du sujet. Pour tous les invités, la donnée et son exploitation sont avant tout la cristallisation de la transformation numérique des entreprises. Dans l’ombre de l’analyse de la donnée et les innovations qui peuvent en être tirée, c’est le modèle économique, la compétitivité, la mutation de ses marchés, qui se profile. Et le changement d’organisation et de culture d’entreprise qui va permettre de surfer sur la vague.

Retrouvez les réactions des invités dans ce diaporama.

Photos : Gilles Vautier -  @mistervautier

François Bourdoncle, co-chef de file du plan Big Data de la Nouvelle France industrielle

« Au-delà du Big Data, ce qui est en question, c’est l’évolution des business models, des outils productifs, de la nature des investissements, des usages finaux et de ceux qui en capteront les marges. Nous sommes en face d’un phénomène de société amené par les entreprises du numérique comme Google et consorts. Ce nouveau paysage concurrentiel impose une lutte autour des marchés traditionnels des acteurs. Il faut changer pour ne pas se laisser acculer. Ce n’est donc pas la définition précise du Big Data qui devrait préoccuper les entreprises… mais l’ensemble de leur transformation numérique. »

Christian Buchel, Directeur Général Adjoint et Chief Digital & International Officer – ERDF

« Il y a de plus en plus d’objets connectés sur les réseaux, ce qui nous permet d’accéder à la fois à des données techniques et des données de consommation. C’est un enjeu d’efficacité économique, pour maintenir notre capacité d’investissement et de maintenance – y compris prédictive. Mais il nous faut également rendre possible les transitions énergétiques, en fournissant par exemple aux collectivités des données de consommation à des mailles et des pas et de temps de plus en plus fins, pour leur permettre d'exercer pleinement leurs missions. L’innovation est en marche dans l’énergie et de nouveaux modèles et métier apparaissent, en particulier grâce à l’exploitation de ces données.  Un enjeu majeur est celui de la transparence vis-à-vis des utilisateurs, notamment dans la gestion des incidents. Ce que l’on résume par « Big Data » est en fait une formidable opportunité pour avancer vite sur ces sujets. »

 

Stéphane Deux, Group Chief Information Officer - Keolis

« Un bus est un vrai datacenter roulant aujourd’hui ! Mais comment valoriser cette mine d’informations ? Nous devons pouvoir améliorer l’exploitation, y compris en utilisant des données externes issues d’autres opérateurs afin de faire du prédictif sur les incidents : en calculant les conséquences d’un incendie à un carrefour sur la circulation globale de la ville par exemple. Beaucoup de modèles restent à créer. « L’analyse des données dans une optique Big Data peut également nous aider à lutter contre la fraude, même si de réelles obligations de protection des données personnelles nous limitent dans nos investigations, bizarrement même anonymisées ».

 

Léon Duvivier, Directeur des Technologies – GDF Suez

« Le challenge pour les entreprises est avant tout un changement de mentalité et de tempo. Il faut que l’ensemble du personnel d’une société, de haut en bas, change d’état d’esprit pour acquérir celui des entreprises du numérique : agilité et rapidité. Aujourd’hui, 3 mois représentent une éternité pour ces entreprises. Plus encore quand il s’agit d’analyser des données ! Il faut donc lancer le débat dans l’entreprise pour être en mesure de faire face à ces conditions très nouvelles de demain. Et si la notion de big data ne semble pas avoir la même signification pour tous ... il est par contre certain que l'impact des flux et de la qualité des données sera considérable sur la transformation des entreprises industrielles et de services. »

Frédéric Charles, DSI IT Strategy & Governance – Lyonnaise des Eaux / Suez Environnement

« Le point clef pour nous n’est pas le volume mais la vitesse des données : nous avons besoin de modèles temps réel, qui s’appuient sur les capteurs environnementaux présents partout sur nos réseaux. Il nous faut optimiser en permanence à partir de données fondamentalement hétérogènes : nous intégrons des data issues de centre d’appels ou des réseaux sociaux pour compléter celles, techniques, que nous produisons en direct. Le Big Data est un simple concept. En tant que tel il va disparaître et entrer complètement dans les processus des entreprises, chacune le façonnant à sa manière et adaptant ses processus à ses données »

Laurent Schmitt, Vice-president Strategy & Innovation – Alstom Groupe

« L’innovation passe aussi par le décloisonnement de la donnée. Nous voyons ainsi des villes demander des données coordonnées entre différents opérateurs énergéticiens par exemple. Co-pilotage et co-création sont sources de valeur. Mais quelle information partager ? Avec qui et comment ? Et avec quel modèle économique ?
La confidentialité de la donnée est l’autre sujet qui ne saurait être écarté dans ces réflexions. Les opérateurs de services dans les villes (dont les énergéticiens) ont tout intérêt à trouver un modèle qui permette d’utiliser les données des individus pour proposer de meilleures offres… tout en offrant plus de transparence que ce qui a été fait dans le monde du Web jusqu’à aujourd’hui ! 
»

Christophe Lienard, Directeur des Equipements et de l’Innovation – Colas

« Nous avons 66 000 équipements dans le groupe Colas, dont plus de 10 000 engins roulants  équipés d’un dispositif permettant de renvoyer de l’information. Nos objectifs d’innovation initiaux portaient sur l’axe de l’économie d’énergie… mais avec des capteurs qui transmettent 20 data toutes les 2 minutes dans un Cloud, nous nous sommes aperçu que nous obtenions une somme d’informations qui dépassait largement notre ambition de départ. Cela nous permet de réaliser des analyses très développées grâce  à la  capacité de tri de l’information et des usages en fonction des besoins des collaborateurs, du chef d’atelier au PDG de filiale. Il est important de ne pas passer à côté de cette « richesse » disponible quand on s’intéresse au Big Data ».

Bruno Teboul, Directeur Scientifique, R&D et Innovation de Keyrus et membre du Comité de Pilotage et du Comité d’évaluation et d’orientation de la chaire « Data Scientist » de l’Ecole Polytechnique.

« Quand on évoque le Big Data, on parle encore malheureusement trop peu de l’importance pour les acteurs de la validité des données. Il y a un enjeu de sécurité et de véracité crucial, qui fait également toute la difficulté du sujet. C’est une nouvelle preuve que « Data Scientist » est un métier à part entière dans l’entreprise, qui doit permettre de prendre en compte beaucoup de subtilités différentes. »

Kevin Camphuis, Directeur de l’atelier digital – Groupe SEB

« Le défi data pour Seb est de savoir extraire la bonne information pour proposer le service adapté à chacun dans son contexte. Notre objectif est de « permettre de réussir n’importe quel type de plat  sans se poser de question », et pour y parvenir, il faut savoir sélectionner les data pertinentes pour ensuite proposer les recettes qui vont convenir individuellement puis les adapter à nos appareils. Pour nous, le Big Data, c’est cette compréhension, à travers des centaines de paramètres différents à collecter, à analyser pour pouvoir ensuite recommander efficacement. Ce n’est pas le « Big » qui compte, mais bien le choix des datas les plus utiles à chaque utilisateur, qui doit en retirer un service enrichi. Ce sont donc les utilisateurs et leurs pratiques qui sont au centre de notre démarche. »

 

Frédéric Nivoix, Responsable du département innovation de la DSI - Renault

« Au niveau de la donnée, nous profitons en fait d’une rupture du coût : du stockage, des capteurs, mais aussi des softwares qui permettent de les analyser facilement. Nous assistons donc à une désintermédiation des chaines de valeur classiques, dont chacun doit essayer de tirer parti. Reste ensuite à faire le tri dans le jargon et les termes marketing et ne garder que l’essentiel. La définition du « Big Data » ne m’intéresse pas ! Par contre, il y a un vrai enjeu d’adoption et d’utilisation sur le long terme de ces technologies et pratiques dans l’entreprise… plutôt que de réagir uniquement à l’urgence de l’immédiat. »

Yves-Marie Pondaven, Chief Technology Officer - Parkeon

 « Depuis quelques années, l’accessibilité grandissante des données « externes » est en train de tout changer pour des TPE/PME qui pouvaient difficilement se les procurer par le passé. Et de nouveaux horizons s’ouvrent du même coup pour ces acteurs, avec de nouveaux modèles d’affaires, de nouvelles offres, de nouvelles façons d’innover sur leur marché à partir de l’exploitation de ces données. »

Nous remercions, pour leur présence à ce dîner :

  • Stéphane Deux, Group Chief Information Officer - Keolis
  • Yann Barthélémy, Global Head of ITEC/FCC/RPP - Socété Générale CIB
  • François Bourdoncle, co-chef de file du plan Big Data de la Nouvelle France industrielle
  • Axel Branger, Directeur Commercial - Exalead 3DS
  • Christian Buchel, Directeur Général Adjoint et Chief Digital & International Officer - ERDF
  • Kevin Camphuis, Directeur de l’atelier digital – Groupe SEB
  • Frédéric Charles, DSI, ‎IT Strategy & Governance - Lyonnaise des Eaux / Suez Environement
  • Léon Duvivier, Directeur des technologies - GDF SUEZ
  • Christophe Lienard, Directeur des Equipements et de l'Innovation - Colas
  • Frédéric Nivoix, Responsable du département Innovation de la DSI - Renault
  • Yves-Marie Pondaven, Chief Technology Officer - Parkeon
  • Piotr Pyszkowski, DSI France - GE
  • Laurent Schmitt, Vice-president Strategy & Innovation - Alstom Groupe
  • Bruno Teboul, Directeur Scientifique, R&D et Innovation - Keyrus

Un dîner organisé en partenariat avec :

Exalead Dassault Systèmes

 

Marque Dassault Systèmes depuis 2010, EXALEAD propose des solutions métiers d’exploration et d’analyse de données basées sur un moteur d’indexation et des fonctionnalités sémantiques avancées.

 Dassault Systèmes : www.3ds.com - EXALEAD : www.3ds.com/fr/products-services/exalead/

 

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