N°4 : Roulez jeunesse !

Catherine Moal, rédactrice en chef d’Alliancy Le Mag

Catherine Moal, rédactrice en chef d’Alliancy, le mag – Crédit photo : ©Olivier Roux

Jusqu’ici, les voitures m’importaient peu. Je n’aime pas conduire. Mais à voir les engins qui se profilent à l’horizon, je vais bientôt virer de bord. Eh oui, je m’imagine déjà installée dans une « Google Car » à lire mon ebook… L’automobile, comme la distribution, la banque ou l’énergie, vit sa révolution numérique. Elle est au coeur de la déflagration qui s’annonce dans le Machine-to-Machine.

Selon l’étude publiée l’an dernier par Machina Research pour le compte du GSMA – l’association organisatrice du Mobile World Congress –, il y a dans le monde 9 milliards d’appareils connectés. Il y en aura 24 milliards en 2020. Et, à cette date, 90 % des véhicules seront « branchés ».

Pour autant, la route est longue, sans limitation de vitesse, et le chemin qui reste à parcourir semé d’embûches. Notre dossier, [les TIC s’emparent du volant], me l’a confirmé. Les constructeurs traditionnels, plus que centenaires pour certains, vont devoir apprendre à « coopétiter » avec le monde de la IT qu’ils ignoraient jusqu’alors. Surtout, ils vont devoir affronter l’arrivée d’acteurs de nouvelle génération, des innovateurs de rupture qu’ils ne connaissent même pas encore. Je citerai deux exemples étonnants.

Lancée en 2008, la première berline de Tesla Motors était 100% électrique, zéro émission et équipée de nombreux équipements technologiques. Créée en 2003 par Martin Eberhard et Marc Tarpenning, la « startup » a été financée en grande partie par Sergey Brin et Larry Page, les créateurs de Google, et Elon Musk, le cofondateur de Paypal. En mai dernier, le constructeur américain, qui ne vend que quelques dizaines de milliers de véhicules chaque année (notamment en ligne), a vu sa capitalisation boursière dépasser celle de Fiat et de PSA Peugeot-Citroën. L’autre exemple s’appelle WikiSpeed, l’entreprise fondée par Joe Justice. Début 2013, avec l’aide de multiples internautes, cet Américain a mis au point, en moins de trois mois, une voiture à haute efficience énergétique, la SGT-01. Son idée ? Construire des voitures comme d’autres développent des logiciels, en s’appuyant sur les principes de modularité et d’agilité. Cette approche a donné naissance à un nouveau processus de fabrication, l’Extreme Manufacturing (XM).

Dans ces deux cas, tous les outils numériques ont été mobilisés : connaissance partagée, open innovation, production collaborative, logiciels open source… Pour diversifier les formes de consommation ou inventer de nouveaux modèles économiques. L’objet « voiture » n’est plus une fin en soi. L’utilisateur dicte sa loi. Il faut lui offrir les services qu’il souhaite. Dans ce nouvel écosystème, le constructeur d’antan ne détient pas forcément la clé de contact. La course-poursuite va être folle… Jusqu’ici, les voitures m’importaient peu. Mais ça, c’était avant.

 

Voir aussi : Peek Inside Tesla’s Robotic Factory

Cet article est extrait du n°4 d’Alliancy le mag – Découvrir l’intégralité du magazine