Notre chroniqueur Stéphane Gervais, de retour du World Summit AI, résume les principaux enseignements à tirer de la rencontre. Entre géopolitique et technologies les organisations participantes ont mis en avant leurs espoirs et leurs craintes sur leur futur avec l’intelligence artificielle.
« Back to the Future: It’s About Time. » Le thème du World Summit AI 2025, organisé à Amsterdam, résume bien la situation actuelle : nous sommes à un moment charnière où l’intelligence artificielle redéfinit non seulement la technologie, mais la société tout entière. Entre innovation et régulation, optimisme et réalisme, les experts réunis – de PwC à Google, de SAP à Microsoft – ont lancé un message clair : la gouvernance de l’IA est désormais une urgence stratégique, un enjeu de souveraineté et de confiance.
Lors du panel “Guardians of Tomorrow: Safeguarding the Future of AI’s Impact on Society”, Mona de Boer (PwC) et Nicol Turner Lee (Brookings Institution) ont rappelé la gravité de l’enjeu : « Les États-Unis n’ont toujours pas de loi nationale sur la protection des données. L’Europe avance avec l’AI Act, mais la mise en œuvre prends du temps. ». Pendant que l’Occident débat, la Chine agit, structurant son écosystème et ses standards à une vitesse impressionnante. L’IA est devenue une arme d’influence autant qu’un moteur de croissance. La question n’est plus seulement technologique, mais géopolitique : qui écrira les règles du futur numérique mondial ?
Gouvernance, culture et confiance : les trois piliers du futur
Au-delà des effets d’annonce, trois mots-clés se sont imposés comme les fondations d’une IA durable : gouvernance, culture de l’IA et confiance. La gouvernance doit passer d’initiatives fragmentées à une approche coordonnée et internationale, où la transparence, la certification et la conformité deviennent des leviers de compétitivité, et non des freins. La culture de l’IA constitue le nouveau socle de résilience. Former les dirigeants, les collaborateurs et les citoyens à comprendre les biais, les limites et les responsabilités des systèmes d’IA n’est plus une option. Enfin, la confiance : sans transparence, sans traçabilité des algorithmes, sans protection des données, l’IA restera confinée à des usages limités. C’est de la confiance que dépendra sa véritable adoption à grande échelle.
De la théorie à la pratique : les champions de l’exécution
Le sommet a également mis en avant des exemples concrets de transformation réussie. AstraZeneca a annoncé avoir économisé 43 200 heures de travail grâce à l’automatisation intelligente de ses processus scientifiques. Ericsson gère désormais 50 % du trafic télécom mondial grâce à des systèmes d’IA autonomes. SAP a confirmé son ambition d’être une des premières entreprises certifiées ISO/IEC 42001 pour la gouvernance responsable de l’IA – tout en rappelant que 95 % des projets IA échoueront sans cadre clair de gouvernance et d’éthique.
L’IA en santé : de la recherche à l’impact réel
Parmi les interventions les plus marquantes, Helia Mohammadi, Chief Research Technology Officer au City of Hope National Medical Center, a illustré comment l’IA transforme la recherche et le soin en oncologie. Son message est limpide : l’avenir de la médecine passera par la collaboration interdisciplinaire et la mesure d’impact. City of Hope articule sa stratégie autour de six domaines majeurs – de la détection précoce et la médecine de précision, à la découverte accélérée de médicaments et à l’équité d’accès aux soins. Grâce à une gouvernance solide et des investissements ciblés, l’IA devient un véritable catalyseur pour transformer l’innovation médicale en résultats tangibles pour les patients. Une vision où la rigueur scientifique et l’éthique avancent main dans la main — et où l’IA ne remplace pas le soin humain, mais le renforce.
Un nouvel état d’esprit : de l’“extreme ownership” à l’impact collectif
Un autre moment est venu de la session animée par AWS mentionnant Booking.com et BT, autour de la philosophie de l’“Extreme Ownership”. Leur message : la responsabilité est la condition de la liberté. L’innovation ne peut prospérer sans une culture du leadership responsable. « Ownership is freedom. » Ce changement de posture marque une véritable évolution : il ne s’agit plus d’admirer la technologie, mais de mesurer son impact et d’en assumer collectivement les conséquences.
Vers une IA de confiance, nouveau standard industriel
Entre déclarations ambitieuses et preuves concrètes, le World Summit AI 2025 a confirmé une évidence : l’IA est entrée dans une phase de maturité. Elle n’est plus un laboratoire d’expérimentation, mais une infrastructure stratégique, au même titre que l’énergie ou la cybersécurité. Son succès ne dépendra pas de la taille des modèles ni de la puissance des puces, mais de notre capacité collective à bâtir des systèmes fiables, certifiables et souverains — une IA au service de l’humain, et non l’inverse.
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