Alors que l’intelligence artificielle s’impose comme la priorité de toutes les stratégies numériques, une étude de Cognizant publiée ce 14 novembre met en lumière un paradoxe inquiétant : 85 % des dirigeants doutent que leurs systèmes informatiques actuels soient capables de supporter l’IA, tout en affirmant vouloir moderniser leur infrastructure d’ici deux ans.
Les systèmes hérités pèsent lourdement sur les ambitions de transformation. Près des deux tiers des dirigeants interrogés évoquent la complexité de leurs environnements IT, souvent composés d’applications interconnectées et obsolètes. La moitié cite le manque de compétences disponibles pour mener ces projets de migration, et près d’un sur deux reconnaît que les contraintes budgétaires ralentissent tout effort de modernisation. Résultat : près de huit organisations sur dix ne s’attendent pas à réduire significativement leur dette technologique d’ici cinq ans. Pourtant, cette étape est devenue un passage obligé avant tout déploiement massif de l’IA. « Les entreprises veulent aller vite, mais elles traînent une dette accumulée depuis des années », résume Long Le Xuan, directeur général de Cognizant France. « Ce décalage entre ambition et capacité d’exécution représente aujourd’hui l’un des plus grands risques stratégiques. »
Une modernisation hybride plus réaliste
Plutôt que de tout reconstruire, les DSI misent sur une approche hybride et cloud-first, considérée comme plus souple et moins risquée. L’étude note une évolution nette des priorités : la part du budget IT dédiée à la maintenance devrait passer de 61 % à 27 % d’ici 2030, tandis que les investissements dans la modernisation et la migration cloud grimperaient à 43 %. Parallèlement, les dépenses consacrées aux nouvelles technologies, dont l’IA, devraient presque tripler. Ce rééquilibrage traduit un mouvement de fond : en avançant par étapes, les entreprises cherchent à limiter les interruptions tout en réinjectant les gains d’efficacité dans l’innovation.
Faire cohabiter anciens systèmes et IA
L’étude souligne aussi un défi majeur : connecter deux générations technologiques. Les plateformes dites “agentiques”, où plusieurs intelligences collaborent de façon autonome, ne peuvent fonctionner que si les architectures historiques sont capables de communiquer avec les nouvelles.
Aujourd’hui, seules 17 % des entreprises jugent leur infrastructure réellement prête pour cette intégration. Pour autant, les dirigeants restent confiants dans le rôle de l’IA comme accélérateur de modernisation : 93 % estiment qu’elle pourrait automatiser la documentation et la conversion du code existant, réduisant jusqu’à 30 % les coûts et délais de migration.
Sécurité et gouvernance, les grands oubliés
Si la transformation technologique s’accélère, la question de la sécurité demeure un point faible. Près d’un dirigeant sur deux reconnaît que ses systèmes actuels ne sont pas conçus pour faire face aux menaces amplifiées par l’usage de modèles d’IA.
Les failles non corrigées, le manque de traçabilité et les risques d’exposition de données sensibles sont autant de vulnérabilités qui freinent la confiance. Pour Cognizant, la modernisation ne peut être qu’“responsable” : la sécurité, la gouvernance et la gestion des risques doivent devenir les fondations d’un numérique capable d’évoluer avec l’intelligence artificielle, sans en subir les dérives.
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