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À Dijon, l’open payment favorise les transports en commun

La ville de Dijon a inauguré fin mars une solution d’open payment dans ses tramways pour les touristes et les Français de passage. Trois mois après, l’offre connaît un véritable engouement et de nombreux Dijonnais l’utilisent. Retour sur ce projet qui mêle en une seule expérience habitude de mobilité et paiement.

Laurent Verschelde, directeur de Keolis à Dijon, a présenté l'open payment dans les tram au salon sur les transports publics à Paris. ©CGM

Laurent Verschelde, directeur de Keolis à Dijon, a présenté l’open payment dans les tram au salon sur les transports publics à Paris. ©CGM

Quand une personne se rend à Dijon et qu’elle souhaite utiliser le tramway, elle n’a désormais plus besoin de réfléchir au meilleur forfait à acheter. Il lui suffit de monter à bord et de passer sa carte bancaire devant le valideur, c’est l’appareil qui adapte le tarif le plus avantageux en fonction de ses déplacements. Depuis la fin du mois de mars, la Ville propose de l’open payment dans pour les tramways afin que les visiteurs circulent en toute simplicité.

Cette annonce est intervenue six mois après celle concernant la mise en place d’un centre de pilotage centralisé des services publics. Avec ses différents chantiers pour fluidifier la vie des citoyens, Dijon veut s’ériger en un modèle de smart city, agréable à vivre, et favorisant l’attractivité de son territoire et le développement durable. Si ces lancements semblent se succéder, l’élaboration du projet open payment a pourtant été un travail de longue haleine. « Il nous a fallu trois ans pour parvenir à ce résultat, confie Laurent Verschelde, directeur de Keolis à Dijon. Nous avons d’abord dû chercher des partenaires spécialisés dans la banque car la sécurité des cartes bancaires est vitale et il s’agit d’un domaine normé. Nous n’avons pas l’habitude de travailler avec ces acteurs mais il n’y a qu’en prévoyant l’ensemble de la chaîne qu’un projet peut fonctionner, c’est une clé de réussite. » Les entreprises Keolis, Worldine et Natixis ont ainsi collaboré main dans la main pour transformer un moyen de paiement en titre de transport.

La spécificité du logiciel développé est de prendre en compte le meilleur tarif selon les voyages de l’utilisateur sans que la validation systématique ne le facture à plusieurs reprises. Le voyageur peut ainsi effectuer trois voyages au tarif unitaire avant que le prix unique du Pass 24h ne s’applique, offrant la gratuité pour les trajets supplémentaires. De même, il a fallu veiller à ce que le valideur accepte toutes les cartes bancaires disponibles sur le marché. Pour rendre possible cette solution, de nouveaux valideurs ont dû être installés dans les tramways au côté du matériel existant dédié aux abonnés actuels. « Les anciens étaient trop vieux et auraient présenté un risque de piratage », informe Keolis, qui estime réaliser un retour sur investissement en deux ans : « Nous avons déjà obtenu 30% de recettes supplémentaires dont 10% issues de la lutte contre la fraude », note Laurent Verschelde, qui mise sur les nombreuses personnes prêtes à payer mais qui s’en abstiennent quand le tramway est en approche.

La démocratisation du sans contact a favorisé l’open payment

Cash managementEn ce mois de juillet, une enquête va être menée auprès des voyageurs pour connaître leurs appréciations sur l’open payment. Keolis va également diffuser une campagne de publicité en anglais pour informer les touristes étrangers de la possibilité d’utiliser ce système, et ce aussi bien avec leur carte bancaire qu’avec les objets connectés à leur compte – mobile, montre, etc. « Nous avons choisi de cibler les touristes et les personnes de passage car nous avons estimé que ces visiteurs représentent près de 300 000 voyageurs dans nos tramways par semaine », souligne Laurent Verschelde. Keolis avait défini un seuil de 2 000 voyages effectués par carte bancaire pour mesurer le succès de ce moyen de paiement et envisager de l’étendre ; en seulement trois mois, elle en a comptabilisé 8 000, dont un nombre croissant effectués par les habitants. L’objectif sera d’atteindre la barre des 700 000 voyageurs en 2020.

La priorité pour les équipes est d’informer et rassurer les utilisateurs. « Sans confiance, une innovation ne peut être adoptée, affirme Laurent Verschelde. Ce procédé n’est pas nouveau, Londres l’a mis en place en 2014 avec succès, mais nous n’aurions pas pu l’instaurer avant sans se confronter à la méfiance des utilisateurs qui auraient eu peur d’une erreur sans reçu. C’est la démocratisation du sans contact en France qui a favorisé l’essor de l’open payment. » Suivant l’exemple de Dijon, Bordeaux a annoncé sa volonté d’instaurer un système similaire en 2019, Rennes et Paris pourraient suivre en 2020.

Le prochain enjeu à Dijon sera d’intégrer l’open payment dans les bus à la rentrée. « Cela pourrait simplifier le parcours client des voyageurs habitant dans les petites communes de l’agglomération ne disposant pas de distributeur de billet et où l’achat auprès du conducteur coûte plus cher », prévoit Laurent Verschelde. Keolis imagine par ailleurs le développement d’un objet connecté à l’attention des enfants pour qu’ils puissent payer leur transport via un porte-monnaie électronique sans détenir une carte bancaire.

 

L’IoT au service du transport public

La start-up Pilotfish est présente sur le marché scandinave, anglais, allemand et elle arrive en France. ©CGM

La start-up Pilotfish est présente sur le marché scandinave, anglais, allemand et elle arrive en France. ©CGM

Keolis, spécialiste du transport public de voyageurs, a conclu un partenariat avec la start-up suédoise Pilotfish, experte en internet des objets (IoT) pour améliorer la maintenance des véhicules. Dans le cadre de cet accord, Keolis équipera sa flotte de bus et cars de Gateway collectant en temps réel des données sur leur état – température du moteur, charge de batteries, éthylotest anti-démarrage – et sur la conduite du conducteur pour ajuster la maintenance et sensibiliser à l’éco-conduite. « Auparavant, les transporteurs cachaient leurs informations aux autres entreprises et évoluaient dans un système fermé. Avec la multiplication des données et la standardisation, les marchés s’ouvrent. Cette alliance est pour nous un premier pas sur le territoire français », précise Tomas Gabinus, PDG de Pilotfish lors de sa venue à Paris.