Années folles pour Syntec Numérique

Le bilan 2018 et les perspectives 2019 du secteur du numérique en France sont au beau fixe. Et il en sera encore de même pour le conseil et services, l’édition de logiciels et le conseil en technologies cette année. Avec toujours de nombreuses créations d’emplois envisagées.

Conférence de presse semestrielle du Syntec Numérique ce jour à Paris

Conférence de presse semestrielle du Syntec Numérique ce jour à Paris

Lors de sa conférence semestrielle ce jour, le syndicat professionnel Syntec Numérique a annoncé réviser à la hausse ses prévisions de croissance pour 2019 à 4,2 % (contre 3,9 % initialement prévu fin 2018). On ne peut donc mieux se porter à 50 ans ! Et les sociétés du secteur (28 000) se projettent tout aussi positivement cette année. 79 % d’entre elles envisagent une croissance de leur chiffre d’affaires, notamment soutenue par les projets de transformation numérique, les fameux « Smacs » (Social, Mobilité, Analystics, Cloud, Sécurité) qui progressent de 14,5 % en 2018. En 2019, ils atteindront 29,8 % du marché logiciels et services (+ 15,7 %, soit 1,9 milliard d’euros de croissance nette).

Années folles pour Syntec Numérique

(Source IDC / Syntec Numérique)

Ainsi, 76 % des ESN (Entreprises de Services du Numérique) envisagent une croissance de leur chiffre d’affaires en 2019, tirées par le développement des nouvelles offres de services à forte valeur ajoutée (cybersécurité, IA, Systèmes cognitifs…). Par ailleurs, le développement des offres Cloud s’intensifie (+ 25 %) : il devrait atteindre 22 % du chiffre d’affaires des ESN sur l’intégration et le conseil en 2019. Les secteurs les plus actifs ? La Banque-Assurance-Finance, les services aux entreprises et les utilities. Reste que les ESN doivent faire face à de nombreuses difficultés aujourd’hui dans leurs propres transformations. Elles sont d’une part pénalisées par leur propre client qui leur débauchent autant que possible leurs compétences… et doivent ensuite trouver les alliances et partenariats les plus pertinents en termes d’innovation pour apporter une réelle valeur à leurs clients…

Pour l’activité « logiciels », 76 % des éditeurs envisagent une augmentation leur chiffre d’affaires en 2019, et ce grâce au développement du modèle SaaS proposé par 78 % d’entre eux fin 2018. Le SaaS devrait ainsi croître de +21 % en 2019 et représenter 25 % du marché de l’édition soit 3,4 milliards d’euros. Pour autant, les éditeurs doivent s’internationaliser et développer encore de nouvelles offres dans l’IOT, l’IA et le prédictif, des innovations très demandées dans les secteurs de l’industrie, de la bancassurance notamment.

Reste les sociétés du conseil en technologies qui, pour 95% d’entre elles, prévoient une augmentation de leur chiffre d’affaires cette année. Le climat est très positif, reconnaît le président du collège, du fait de l’accélération des prestations dans le domaine de l’ingénierie de process, l’accompagnement de la transformation des business modèles des grands acteurs industriels (automobile, énergie, aéronautique et ferroviaire) vers la vente de solutions, le développement de prestations dans le domaine des objets connectés (développement, sécurisation, gestion des objets, gestion des données…). Ces entreprises créent notamment des équipes « innovation » pour mener plus rapidement leurs projets de rupture technologique face à un time-to-market qui se réduit de plus en plus.

Voir aussi l’infographie : les femmes dans le secteur high-tech

Evidemment, en conséquence d’aussi bonnes perspectives, les activités informatiques au sens large restent le premier secteur créateur d’emploi cadre. En 2018, le secteur a généré plus de 17 000 créations nettes d’emplois cadres, soit 23 % de l’ensemble des créations d’emplois cadres au niveau national et, de nouveau, un haut niveau de recrutements de cadres est envisagé dans ces activités en 2019. Le volume pourrait ainsi varier entre 59 000 et 63 000 recrutements, soit une progression comprise entre 5 et 13 % par rapport à 2018. Les cadres informaticiens de moins de 5 ans d’expérience seraient la cible privilégiée des recruteurs pour 2019. Pour pourvoir l’ensemble de ces postes, le syndicat travaille d’ailleurs de près avec le gouvernement, sachant qu’ils réfléchiraient ensemble à tourner la « grande école du numérique » davantage vers la reconversion des profils que de la formation initiale.

 Encore peu de femmes, mais 300 membres de plus cette année

Reste toutefois le manque crucial de femmes dans le secteur. Un sujet qui, malgré les efforts consentis par Syntec Numérique (manifeste, fondation, concours…) et de nombreuses institutions partenaires, ne va toujours pas dans le bon sens (- 12 % !). Elles ne représentent en effet que 27,5 % des emplois du numérique et ce, malgré les nombreuses initiatives pour faire évoluer ce chiffre depuis une dizaine d’années. Cette situation est d’autant plus alarmante que 50 % des femmes sont toujours concentrées dans 10 des 86 familles de métiers recensées, métiers qui seront les premiers concernés par l’automatisation… « Il faut pourtant que cela bouge, insiste Godefroy de Bentzmann, président de Syntec Numérique. Ne serait-ce qu’à terme, on ne peut pas avoir seulement des hommes pour coder les algorithmes de tous les systèmes… » On est bien d’accord !

 

Enfin, cette année, Syntec Numérique annonce 300 membres de plus dans sa communauté de plus de 2 000 entreprises adhérentes qui réalisent 80% du chiffre d’affaires total du secteur (plus de 56 Md€ de chiffre d’affaires, 474 000 salariés). Le syndicat représente 30 grands groupes, 120 ETI, 1 000 PME, 850 start-up et TPE ; 11 Délégations régionales (Hauts de France, Grand Est, Auvergne Rhône-Alpes, Provence Alpes Côte d’Azur, Occitanie, Nouvelle Aquitaine, Pays de la Loire, Bretagne, Bourgogne-Franche-Comté, Centre Val de Loire, Normandie) ; 20 membres collectifs (pôles de compétitivité, associations et clusters). Ce sont d’ailleurs ces derniers qui arrivent en nombre au sein du Syntec… Une façon de diffuser la présence du syndicat au plus profond du tissu économique français.