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Le « Mirakl » de la marketplace

Aujourd’hui, à Station F, se tenait la cinquième édition du « Marketplace & Platform Summit » organisé par Mirakl. L’occasion pour cette société, vue comme l’une des futures licornes françaises, de lancer son offre « Mirakl Connect », un nouvel écosystème dédié aux marketplaces.

Philippe Corrot et Adrien Nussenbaum, dirigeants société Mirakl

Philippe Corrot et Adrien Nussenbaum, dirigeants société Mirakl

« Mirakl Connect » veut devenir la première plateforme réunissant les marketplaces opérant déjà sur Mirakl, des vendeurs et autres partenaires technologiques en France et dans le monde pour accélérer leur croissance. Dans la continuité des Amazon, Alibaba, Uber et autres Airbnb, le sujet s’impose en effet pour de nombreuses entreprises du BtoC comme du BtoB, qui rêvent toutes de devenir le « moteur » d’une future marketplace… A l’image d’un Amazon qui voit transiter aujourd’hui sur sa plateforme 50 % du commerce en ligne aux Etats-Unis, et génère 11 milliards de ventes dans le BtoB…

 « ‘Ce sont des modèles qui font la mise en relation, non ancrés sur des business models traditionnels. Le monde change et internet facilite cette connexion entre les gens…. Cela crée de nombreuses opportunités. Il faut se rapprocher d’autres entreprises pour apporter de la valeur, démarre Adrien Nussenbaum, l’un des deux cofondateurs de Mirakl. C’en est surtout fini du modèle classique de l’acheteur tout-puissant qui négociait les prix au plus bas… Avant le business se faisant en silo ; aujourd’hui, on fédère pour offrir un maximum de services à son client. Il faut mettre son client au centre ! » Un changement de paradigme que beaucoup d’entreprises ont encore un peu de mal à comprendre, mais surtout à opérer…

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Ce matin donc, Adrien Nussenbaum et Philippe Corrot, cofondateurs de l’entreprise en 2012, étaient là pour accueillir plus de 400 cadres dirigeants à Station F, intéressés par la question, centrée cette année sur la notion de constitution d’un écosystème. Ce fut l’occasion également pour le duo de faire le point sur la situation de l’entreprise, qui a levé 70 millions de dollars l’an dernier auprès du fonds américain Bain Capital Ventures (1er investissement en France). Mirakl avait alors rejoint le club (très) restreint des jeunes pousses françaises ayant bouclé une Série C.

Aujourd’hui, Mirakl compte 200 collaborateurs, répartis dans sept pays. « Nos clients ont généré 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires grâce à leurs marketplaces, poursuit le dirigeant. 60 sociétés, présentes dans 15 pays, utilisent notre technologie pour se transformer. Et nous comptons environ 200 clients au total dans une quarantaine de pays, que ce soit dans le secteur du retail, de l’industrie, da la mode comme de la distribution professionnelle. »

Proches des 50 millions d’euros de chiffre d’affaires (réalisé à 75% à l’international et pour les deux tiers dans le BtoC), l’entreprise n’en est pas pour autant rentable, reconnaît Philippe Corrot : « Nous investissons beaucoup dans notre technologie et notre développement commercial. Actuellement, nous sommes focalisés sur la croissance. »

futur du retail

100 embauches dans les 12 mois

Mirakl recrute donc sur tous les métiers (technique, commercial et marketing, accompagnement des métiers… « Nous sommes 220 aujourd’hui. On vise une centaine d’embauches d’ici un an pour atteindre un effectif de 500 personnes dans les trois ans. » Pour autant, recruter n’est pas si facile et l’entreprise, qui développe toutes ses solutions dans ses  bureaux parisiens, vise aujourd’hui une implantation en province pour étendre son vivier de talents…

Pour illustrer le mouvement en cours autour des marketplaces, l’entreprise avait invité deux de ses grands clients à venir témoigner de la façon d’en tirer parti : Enrique García Lopez, directeur exécutif, e-commerce et transformation digitale de Carrefour et Christian Agger, vice-président, head of digital & business transformation de Satair (filiale d’Airbus). « Deux sociétés qui prennent des risques, a poursuivi Philippe Corrot pour qui le modèle « marketplace » impose d’aller au-delà des barrières habituelles. Un distributeur a des fournisseurs attitrés… C’est difficile de faire bouger ce panel… Ce sont des freins qu’il faut essayer de lever tout en gardant le contrôle. A nous d’accompagner ces acteurs qui veulent transformer leur business models. »

Selon le cabinet Forrester, les ventes réalisées sur les marketplaces représentent déjà plus de 50 % des transactions en ligne (70 % en 2022).

Satair, filiale d’Airbus, propose ainsi une large gamme de produits et services à ses clients et fournisseurs du monde entier via des points de vente et d’entreposage en Europe, en Amérique du Nord, au Moyen-Orient, en Asie-Pacifique et en Chine. Avec sa nouvelle marketplace, elle compte aujourd’hui étendre ses services au niveau des aéroports notamment, y compris en termes d’analyse de données.

De son côté, Carrefour, qui travaille avec Mirakl déjà dans huit pays, compte étendre à la France cette collaboration. Le groupe qui dispose déjà de marketplaces dans six pays (Brésil, Espagne, Roumanie, France…) veut aller encore plus loin et annonce la sortie de nouveaux services en France dans l’année à venir.

Mirakl Connect, c’est le « Linkedin » des marketplaces, en permettant à tous d’accéder à un écosystème de vendeurs le plus large possible.

« Au Brésil, nous avons plus de 2 000 marchands sur notre marketplace ; en Espagne, ils sont 1 000, comme sur Rue du Commerce…, précise Enrique García Lopez, qui confirme que le groupe Carrefour veut « devenir un acteur omnicanal de référence ». Partout où nous opérons ces marketplaces, ce sont des contributeurs forts à la croissance du e-commerce. Avec Mirakl, nous voulons aller vite pour développer ces écosystèmes plus ouverts qui nous permettent de mieux servir les besoins de nos clients et sortir de notre modèle historique. Ensemble, nous allons enrichir l’expérience sur notre plateforme Carrefour.fr. »

Carrefour, qui travaille avec Mirakl déjà dans huit pays, annonce étendre à la France cette collaboration. Le groupe qui dispose déjà de marketplaces dans six pays et vise la sortie de nouveaux services en France dans l’année à venir.

Carrefour, qui travaille avec Mirakl déjà dans huit pays, annonce étendre à la France cette collaboration. Le groupe qui dispose déjà de marketplaces dans six pays et vise la sortie de nouveaux services en France dans l’année à venir.

Philippe Corrot conclut que le modèle de la marketplace est en effet devenu un modèle « critique » pour les entreprises, qui doivent se positionner au centre de ces écosystèmes qu’elles créent. Le socle technologique est essentiel et c’est ce que nous les apportons. »

La relation client, clé de la réussite

Aujourd’hui, plus de 30 000 entreprises sont connectées sur les marketplaces de l’entreprise (dont 8 000 sont françaises). D’où l’intérêt désormais d’étendre l’offre à Mirakl Connect. « Nous créons cette nouvelle plateforme pour mettre en relation les opérateurs de marketplace que sont nos clients, les vendeurs et tous les partenaires qui gravitent dans cet écosystème de plateformes. Nous sommes en quelque sorte le « Linkedin des marketplaces » en permettant à tous d’accéder à un écosystème de vendeurs le plus large possible. C’est aussi un espace pour les partenaires technologiques dont ont besoin ces différents acteurs. »

 Mirakl compte déjà plusieurs centaines de vendeurs aujourd’hui sur sa plateforme Connect. « Toute entreprise peut s’y enregistrer en tant que vendeur ou partenaire technologique… Nous leur mettons nos outils à disposition ». Sachant que d’ici à la fin de l’année, le dirigeant veut des milliers de vendeurs et partenaires sur son site pour accélérer dans les plateformes.

Reste que pour s’en sortir dans un tel modèle, la différenciation viendra de la relation client ! « L’entreprise doit se poser la question de comment je crée une expérience unique… L’offre est une des composantes, mais ce n’en est qu’une ! », conclut-il.