Pas de 5G pour Orange sans les industriels

Industrie du futur, énergie, transports et, plus largement, le BtoB et le BtoBtoC… seraient les premiers domaines servis en France par la 5G ! Lors de l’Orange Business Summit, Stéphane Richard l’a déclaré, lançant un appel à tous les intéressés pour venir « co-innover » avec eux autour de ce réseau.

stephane richard

Stéphane Richard, PDG d’Orange, lors de l’Orange Business Summit

« La 5G est une vraie révolution, a rappelé Stéphane Richard. La 5G sera l’avènement du temps réel. Des usages critiques seront permis… La 5G, c’est surtout la création de nouveaux services et de nouveaux usages. Mais c’est surtout ce que vous en ferez ! » D’où cette matinée d’échanges pour découvrir des solutions et des expérimentations, premier évènement de cette envergure sur le sujet à avoir lieu en France.

« La 5G ne sera pas une simple nouvelle étape. C’est une véritable rupture technologique à trois niveaux ». D’abord une rupture temporelle : on passe au temps réel. Ensuite, une rupture dans l’architecture de réseau : découpe en tranches pour une meilleure qualité de services ; et enfin, une rupture environnementale car plus économe en énergie : la 5G est non diffuse, donc plus d’ondes subies.

« Tous les modèles économiques vont être bouleversés, a-t-il ensuite indiqué, citant l’automobile et le véhicule connecté et autonomie, l’industrie avec la conception et la maintenance des usines, la santé, le retail… » Pour autant, tout cela n’est pas pour demain, même si l’on va pouvoir rapidement tester les premiers usages.

« Chez Orange, des tests techniques sont déjà réalisés dans plusieurs villes [La 5G sera installée dans 17 villes en Europe cette année et prête pour une commercialisation dès 2020, NDLR]. Mais tout se joue maintenant et entre nous ! Vous les entreprises, l’industrie, les filières… Vous devez anticiper sans attendre vos opportunités business ». Et d’insister sur l’aspect sécurité, qui doit être garantie : « Le monde du temps réel impose d’être encore plus vigilant, car les failles seront plus nombreuses du fait de la multiplication des objets connectes. »

« Le gouvernement sera attentif à ce que les opérateurs télécoms proposent des accès à la 5G dans de bonnes conditions aux acteurs extérieurs aux télécoms qui le souhaiteraient ; et pourrait revoir sa position si ce n’est pas le cas. » La secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher

« Plus largement, nous devons mettre tout en œuvre pour que la France devienne l’un des pays leaders de la 5G. Ce futur réseau est l’opportunité d’unir et de consolider toutes nos ressources, nos savoir-faire, nos industries de pointe, La French Tech et nos talents au service de notre pays », a-t-il résumé.

Un réseau construit avec les utilisateurs

 L’événement s’est déroulé en présence d’Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances, et de Philippe Varin, président de France Industrie, venus respectivement rappeler les enjeux de la 5G pour la compétitivité de l’économie et de l’industrie française.

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Pour l’Etat, la 5G est d’abord un enjeu d’innovation et de compétitivité du pays. « Nous devons devenir leader au plan européen, voire mondial, a souhaité Agnès Pannier-Runacher. On doit développer les usages qui vont avec, on doit construire l’industrie de demain. La 5G, c’est aussi un enjeu d’inclusion, sachant qu’elle doit bénéficier à toutes les tailles d’entreprises. Il faudra donc prioriser des zones, des territoires et des usages partagés. C’est enfin un enjeu de sécurité, car on ne peut pas se permettre d’être défaillant, a-t-elle indiqué.

L’Etat compte organiser des enchères sur plusieurs critères que sont le déploiement et la couverture, sans oublier l’aspect budgétaire et sécuritaire, ajoutant que la concurrence est bonne entre les opérateurs pour de meilleures offres. Dans une interview récente accordée au Monde, Agnès Pannier-Runacher avait détaillé en partie la feuille de route pour les mois à venir. « Nous finalisons le cadrage. Une lettre à ce sujet sera prochainement envoyée à l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes [Arcep], qui préparera sur cette base un cahier des charges d’ici à l’été », a-t-elle indiqué. Sur la base de ce cahier des charges, les opérateurs pourront ensuite monter leur dossier pour participer aux enchères mises en place par l’État afin de bénéficier de certaines bandes de fréquence.

Un besoin énorme de compétences

De son côté, Philippe Varin est revenu les enjeux majeurs de la 5G pour les industriels, pour lesquels la compétitivité est la seule obsession. « Nous passons du produit à l’usage ! Il n’y aura pas de voiture autonome sans 5G, même chose pour l’hospitalisation à domicile… Seule la 5G peut soutenir ce passage du produit à l’usage. L’industrie du futur, c’est aussi la 5G… »

Philippe Varin a ensuite insisté sur « quatre conditions et un processus » : il faut un déploiement massif en y allant progressivement en fonction des besoins (en priorité les zones où il y a de grands sites industries et les 136 territoires d’industrie…). Il faut une feuille de route. Il faut des standards mondiaux, robustes, qui sont essentiels pour nos grands groupes. Il faut un package, avec la fourniture d’écosystème (cloud, 5G, data…). Enfin, il faut des compétences : on attend des opérateurs qu’ils nous aident à former nos collaborateurs. « Aujourd’hui, la pénétration du numérique n’est qu’à 20 % de ce qu’elle pourrait être. On veut numériser 10 000 sociétés dans les deux prochaines années… Même chose pour nos 18 filières, dont seulement 4 sont numériques », a-t-il constaté.

Enfin, le processus concerne la co-construction à deux niveaux : celui des opérateurs comme Orange et des laboratoires de recherche, et celui des filières (au niveau des têtes de filières, il faut rajouter cette dimension 5G et toutes ses capacités), il y a la 18ème filière, celle des infrastructures numériques.

Agnès Pannier-Runacher a ensuite rappelé, à l’inverse de l’Allemagne, que les enchères se feraient avec les seuls opérateurs – à condition qu’ils servent convenablement les industriels : « Si nous n’avons pas cette conviction, nous serons amenés à revoir notre copie. »

 Stéphane Richard croit à cette idée de co-construction : « C’est un grand challenge pour nous, pour l’industrie, a-t-il poursuivi… Il faut donc travailler ensemble pour écrire l’histoire. Il est capital que la France ne soit pas en retard sur la 5G, d’où ce besoin de réunir toutes les compétences. Orange fait partie de France Industrie et se sent membre à part entière de cet écosystème. On se définit d’ailleurs comme un industriel fournisseur de solutions dans les services. Il y a un enjeu de mobilisation des industriels, et pas seulement des grands groupes, mais également des ETI et des PME. »

La future usine « Symbiose » de Lacroix, un laboratoire à taille réelle

 Cette démarche d’anticipation et d’accompagnement s’est illustrée par l’annonce de projets de co-innovation avec des entreprises leaders de leur marché comme Engie (énergie), Renault (transport), Veolia (eau), Carrefour (distribution), Schneider Electric (automatismes) ou Lacroix Group (électronique). Avec ce dernier, un partenariat a ainsi été signé avec Orange pour explorer les usages de la 5G qui pourront être déployés au sein du projet d’usine électronique du futur (Symbiose) sur lequel planche l’ETI française (mise en place d’un réseau indoor pour tester la connectivité ambiante sur le campus industriel ; optimisation de la chaîne de production grâce à des AGV…).

Orange compte aussi co-innover avec Renault et Ericsson, en permettant aux véhicules d’avoir une vision augmentée de ce qui les entoure, en vue de fluidifier le trafic routier et d’améliorer la sécurité routière. Les tests de performance envisagés s’appuient sur un socle technique mettant en œuvre une architecture hybride V2X (Vehicle to anything), incluant l’utilisation du network slicing (cf. une fonctionnalité de la 5G qui permet d’affecter une tranche de réseau à un usage spécifique) et de technologies de Mobile Edge Computing améliorant les performances du cloud.

Avec la SNCF et Nokia, ce sera cette fois pour fournir un service de téléchargement rapide de contenus vidéo haute définition aux usagers de la gare de Rennes. Les voyageurs pourront y télécharger, en quelques secondes, des vidéos vers leur mobile ou leur tablette, pour ensuite les regarder dans le train pendant leur voyage. Le réseau expérimental utilisera des fréquences dans la bande des 26GHz. L’objectif est d’évaluer les bénéfices du réseau 5G et de recueillir les avis des voyageurs qui auront participé au test. Dans une étape ultérieure, des services additionnels « grand public » et/ou « entreprises » pourront faire également l’objet de tests. Dans le domaine de la mobilité, la RATP et Orange lancent par ailleurs une expérimentation inédite en 5G autour des transports collectifs autonomes et connectés en Ile-de-France en 2019.

La 5G selon Helmut Reisinger, directeur général d’Orange Business Services (OBS)

La 5G selon Helmut Reisinger, directeur général d’Orange Business Services (OBS)

  • Avec la 5G, nous passons à l’heure de « l’internet des entreprises » qui rassemble et fait dialoguer l’écosystème. Les produits et services du futur naîtront de notre capacité à partager les données, nos savoir-faire, nos talents… ;
  • La 5G ne remplace pas l’existant : elle sera la clé de voute de cet « internet des entreprises », au service d’une connectivité temps réel ;
  • La 5G n’est pas qu’une affaire de vitesse, c’est un levier de changement de business model. La 5G est la conversion de l’économie française au digital temps réel, d’où l’importance de travailler en co-innovation ;
  • La 5G nécessite deux cerveaux : un cerveau opérateur et un cerveau intégrateur pour accompagner l’ensemble des filières. Il faut développer, intégrer et opérer de bout en bout les solutions digitales de demain (cloud, IOT, …) avec une réactivité à la milliseconde. Le tout en étant à la pointe en matière de cyberdéfense pour protéger nos savoir-faire.

 

Chiffres clés du groupe Orange

  • Chiffre d’affaires de 41 milliards d’euros en 2018
  • 151 000 salariés à fin 2018, dont 92 000 en France
  • 264 millions de clients dans le monde, dont 204 millions de clients mobiles et 20 millions de clients haut-débit fixe
  • Présence dans 27 pays

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