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Innovation : les IRT accélèrent ensemble

Le 28 novembre les huit instituts de recherche technologiques (IRT) français se réunissent pour la 5e édition de leur forum annuel. L’occasion pour l’association French Institutes of Technology (FIT) qui les regroupe depuis 2015, de démontrer la viabilité – en matière d’innovation et en termes économiques – de ses membres et de présenter ses success stories.

| Cet article fait partie du dossier « Industrie : l’heure des alliances

: Louis Schweitzer, commissaire général à l’investissement (ici en 2012) prononcera le discours d’ouverture du Forum des IRT le 28 novembre 2017

Louis Schweitzer, commissaire général à l’investissement (ici en 2012) prononcera le discours d’ouverture du Forum des IRT le 28 novembre 2017

Ils ont permis 201 transferts technologiques vers l’industrie en 2017, soit autant que depuis leur création en 2011. « Les IRT sont-ils arrivés à maturité ? Non, ils sont encore en pleine croissance ; mais ils sont au seuil de la maturité ». Louis Schweitzer, commissaire général à l’investissement, dresse un constat qui se veut sans complaisance vis-à-vis des « enfants » du programme d’investissement d’avenir (PIA). En amont du 5e forum des IRT qui se tiendra à la maison de la RATP le 28 novembre, où il prononcera le discours d’ouverture, Louis Schweitzer estime que la vision qui a présidé à la création des IRT est toujours aussi juste. L’intérêt des spécialités (voir ci-dessous) des huit entités, qui fédèrent les compétences industrielles et la recherche publique dans une logique de co-investissement public-privé, est validé. « Le temps nécessaire pour introduire des innovations en France a, lui, était sous-estimé » note-t-il cependant.

La remarque n’est pas anodine : le financement dont les IRT disposent depuis leur création, arrivera en 2019 à son terme, mais un renouvellement a été décidé pour les 5 années suivantes. Celui-ci ne concernera que 80% de la masse de dotation initiale et contrairement au financement d’origine, ne sera pas attribué de façon parfaitement homogène entre les 8 entités. Il ne s’agit pas tant d’une seconde chance que de s’assurer de donner aux IRT la possibilité de voler de leurs propres ailes. Certains d’entre eux ont commencé à prouver que cela était possible – grâce aux financements de leurs partenaires privés particulièrement. Ce sont les moins mûrs qui bénéficieront de la rallonge après une évaluation indépendante. Pour Louis Schweitzer : « L’engagement des industriels et des autres partenaires, notamment académiques, seront clés dans la future évaluation ». Celle-ci devrait avoir lieu en 2018-19 pour permettre aux IRT d’anticiper et de valoriser leurs programmes.

Trois défis urgents

Vincent Marcatté, président de l’association French Institutes of Technology (FIT) et de l’IRT b<>com estime pour sa part que les voyants sont au vert, même s’il reste encore beaucoup de travail. Au-delà des transferts technologiques qui ont presque doublé entre 2016 et 2017, les IRT ont à leurs actifs 236 brevets et 60 plateformes technologiques. Ils travaillent avec 521 partenaires industriels. Par ailleurs, 250 PME ont travaillé sur des projets, preuve que les sujets d’innovations et de R&D portés par les IRT ne sont pas seulement une affaire de grands groupes. C’était d’ailleurs un des objectifs forts pour les instituts ces dernières années. « Nous sommes fiers de cette année 2017 » se réjouit Vincent Marcatté.

Du point de vue de l’association, les efforts doivent donc se porter maintenant sur trois grands défis. Le premier est de renforcer l’excellence académique. Trop souvent encore, les chercheurs du monde universitaire ne voient ainsi pas dans les IRT un débouché satisfaisant. « Contrairement à ce que certains pensent, on n’épuise pas la Recherche, on la renouvelle ! » estime pour sa part Gilbert Casamatta, président de l’IRT Saint-Exupéry, en citant les différentes distinctions obtenus au cours de l’année par des chercheurs travaillant avec les IRT. « Quand la coopération existe, elle est magnifique. Mais comment la rendre plus fréquente ? » s’interroge-t-il donc.

Les IRT ont également comme défi de rayonner beaucoup plus fortement à l’international. « Nous sommes aujourd’hui présents dans 45 projets européens. A l’origine, nous sommes souvent arrivés dans les bagages des grands groupes, mais aujourd’hui les acteurs européens viennent nous chercher directement » note avec satisfaction Vincent Marcatté. Les liens se resserrent notamment avec les 69 instituts membres de la Fraunhofer-Gesellschaft en Allemagne, spécialisée dans la recherche en science appliquée, avec des stands communs sur les salons internationaux par exemple.
Les regards se tournent aussi vers le projet JEDI (pour Joint European Dirsuprive Initiative) lancé en octobre 2017 et qui aurait vocation à devenir la DARPA du vieux monde. L’agence du département de la Défense américain, créée dès 1957, a en effet été à l’origine de certaines des innovations les plus marquantes de l’ère moderne, comme ARPANET, l’ancêtre d’Internet, ou le système GPS. Plus généralement, les implantations à l’étranger pourraient se multiplier : l’IRT SystemX a ouvert la voie en installant une antenne à Singapour.

« Plus forts ensemble »

Enfin, priorité des priorités : démultiplier les impacts business des programmes menés par les instituts et le faire savoir. Pour y parvenir, les IRT vont développer plus de projets en collaboration les uns avec les autres. Au programme par exemple en 2018, le thème de la fabrication additive ou encore celui de la cybersécurité.

Les instituts ne manqueront pas d’activer également un autre levier efficace d’accélération « business » pour l’innovation : une coopération plus poussée avec les start-up. Quatre IRT ont déjà mis en place des programmes dédiés en ce sens. « Travailler avec l’IRT SystemX a rassuré nos interlocuteurs sur notre capacité à collaborer avec tout type d’acteurs, aux rythmes parfois très différents. Nous avons aussi bénéficié d’une bien meilleure visibilité vis-à-vis des grands groupes et cela a facilité les échanges avec leurs R&D » témoigne ainsi Edith Nuss, présidente de la start-up Nextérité, dont la technologie NextAlert est depuis peu intégrée à l’application SNCF pour détecter en temps réel les problèmes de transports rencontrés par les voyageurs et exprimés sur Twitter. « On a souvent l’impression que l’on va plus vite en innovant tout seul, mais ensemble, on va plus loin » résume-t-elle. Un adage que les IRT ne manqueront sans doute pas de défendre dans les années à venir.

8 instituts spécialisés présents partout en France

  • B<>com adossé au pôle de compétitivité Images-et-Réseaux en Bretagne est spécialisé sur les technologies numériques facilitant la vie quotidienne
  • SystemX adossé à Systematic Paris-Région en Île-de-France porte le sujet de « l’ingénierie numérique du futur »
  • Nanoelec adossé à Minalogic en Rhône-Alpes a pour spécialité les nanotechnologies
  • M2P adossé à Materalia dans le Grand Est est spécialisé sur les sujets des matériaux, de la métallurgie et des procédés industriels.
  • Bioaster adossé à Lyonbiopole en Rhône-Alpes est spécialiste en microbiologie et infectiologie
  • Saint-Exupéry adossé à Aerospace Valley en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie est spécialiste de l’aéronautique, de l’aérospatial et des systèmes embarqués
  • Railenium adossé à i-Trans dans les Hauts-de-France est dédié au secteur ferroviaire
  • Jules Verne adossé à EMC2 dans les Pays de la Loire est spécialiste des technologies avancée de production.

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