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La Chine, nouvel épicentre de la beauté

Le marché de la beauté connaît une forte croissance en Chine. Une opportunité aussi bien pour les entreprises locales que pour les acteurs européens. C’est le constat établi lors de la 8ème édition de la China Connect à Paris, où des groupes comme Feelunique et Meitu ont témoigné de l’influence des médias sociaux dans les habitudes de beauté.  

Jade Zhou, Global Senior Partnership & Marketing Manager - at Meitu Technology

Jade Zhou, Global Senior Partnership & Marketing Manager – at Meitu Technology

Les Chinoises appliquent quotidiennement huit produits pour le soin de la peau en moyenne, consacrant ainsi une quinzaine de minutes chaque matin pour leur soin esthétique, selon l’entreprise britannique spécialisée dans la vente de produits de beauté en ligne Feelunique. Le marché chinois où cette dernière est présente depuis 2015, est aussi important dans ses ventes que l’ensemble des autres pays où elle est implantée.

Plusieurs raisons sont à l’origine de cette croissance, à commencer par le phénomène d’auto-expression qui s’est développé avec l’essor des téléphones mobiles. Soigner son image sur les réseaux sociaux est devenu une habitude. « La génération née après les années 1990 dépensent davantage dans la beauté. Cela s’explique par l’influence de la culture coréenne, de la K-pop, des drama et manga », souligne Joël Palix, CEO du groupe, qui observe par ailleurs une attirance des consommateurs chinois pour les marques qui intègrent des éléments de style de vie distinctifs et offrent de la nouveauté.

L’IA, un incontournable des nouvelles offres

Avec sa vingtaine d’applications photo et vidéo pour améliorer les images, Meitu entend profiter de cet engouement. Le groupe chinois propose des fonctionnalités sur smartphone pour sublimer leur portrait et réaliser un maquillage virtuel : les utilisateurs peuvent changer la couleur de leurs yeux et cheveux, corriger leurs imperfections et éclaircir leur peau.

Meitu compte plus 700 millions d’inscrits en Chine et 300 millions hors du pays. « Nous avons 1,5 milliard d’utilisateurs et 70 % d’entre eux sont de jeunes femmes », indique la compagnie, pour qui les médias sociaux forgent la culture et le commerce en ligne de la Chine. 53 % des photos partagées sur les réseaux sociaux ont été retouchées par Meitu. « Si les Chinoises se concentrent sur leur beauté, les Occidentaux apprécient modifier leurs selfies avec des images d’animaux afin d’obtenir une ambiance divertissante », observe les équipes de Meitu.

L’intelligence artificielle (IA) est devenue une composante essentielle des offres beauté. « L’une de nos applications fonctionne avec un robot d’intelligence artificielle, prénommé Andy, pour que la personne puisse concevoir son selfie comme une peinture », affirme le groupe chinois. L’enjeu pour Meitu cette année est de perfectionner la reconnaissance visuelle de l’IA pour garantir une précision accrue : « Le contour des lèvres par exemple n’est pas toujours évident à détecter pour l’IA, qui doit ensuite appliquer un rouge à lèvres virtuel. » Le logiciel analyse actuellement 118 points du visage pour effectuer avec du machine learning les modifications demandées.

80 % des Chinois pensent que l’IA va avoir un impact dans chaque industrie. La technologie offre ainsi de nombreuses opportunités. « Les marques européennes sont d’autant plus attractives que les Chinois passent beaucoup de temps à se renseigner sur les enseignes et les produits non-disponible en Chine », déclare le sinologue Tony Lee.

Le chinois Beihao s’implante en France… pour séduire l’Europe

Le fabricant de masques de beauté taïwanais Beihao, leader du domaine en Chine, vient d’ouvrir une usine de 8 000 mètres carrés au cœur de la Cosmetic Valley, à Amilly, à laquelle s’ajoutera bientôt un laboratoire de R&D.

Le tout devrait être opérationnel cet automne. En investissant 4 millions d’euros sur le territoire et en créant une vingtaine d’emplois pour démarrer, le groupe cherche à améliorer sa visibilité et, potentiellement, à conquérir le marché européen