La réalité augmentée va changer la donne dans les opérations B2B

[EXCLUSIF] Parce qu’elle superpose la perception du monde réel à des informations générées par ordinateur, la réalité augmentée était supposée changer radicalement les choses auprès du grand public. Elle n’a cependant pas été la révolution à laquelle nous nous attendions. Heureusement, les nouvelles sont bien meilleures pour le monde B2B.

Bernard Faure - Bernard Faure, Directeur Général France Proto Labs

Bernard Faure – Bernard Faure, Directeur Général France Proto Labs

Incarnation de la réalité augmentée ayant fait l’objet du plus grand battage médiatique, les Google Glass ont finalement été un échec commercial, en grande partie parce qu’elles ne visaient pas la bonne audience. Trois ans après, elles ont heureusement trouvé une seconde vie en s’adressant cette fois-ci aux professionnels.

Ce retournement de situation n’est pas vraiment surprenant car il est bien plus facile de trouver des applications professionnelles de la réalité augmentée que des applications grand public. Avons-nous vraiment besoin de voir des listes d’appartements ou autres publicités lorsque nous nous promenons en ville ? Certains argueront que oui, mais la grande majorité de la population s’en passe pour le moment allègrement. Un technicien n’ayant pas plus de vingt minutes pour réparer le moteur d’un jet trouvera lui un réel intérêt dans l’utilisation de la réalité augmentée : des lunettes en mode main-libre lui permettront d’identifier à la fois les problèmes et leurs solutions.

Plus un défi sera complexe et technique, plus la valeur ajoutée de la réalité augmentée sera importante. Un ingénieur pourra par exemple identifier chaque pièce d’une raffinerie de pétrole et son utilité à l’aide d’un viseur. Encore mieux, un ouvrier sera en mesure de commander une pièce de remplacement uniquement en regardant la pièce endommagée et en demandant verbalement une nouvelle pièce.

D’après une étude PWC menée en 2016, plus d’un fabricant sur trois envisage d’adopter les technologies de réalité virtuelle et de réalité augmentée d’ici 2018. Ceux-ci ont cité de nombreuses applications potentielles telles que :

  • Des lunettes intelligentes permettant de suivre des procédures d’assemblage compliquées et de garantir le montage correct de toutes les pièces (sans avoir à consulter un tableau, un manuel ou même une tablette) ;
  • Des inspecteurs de pièces capables de prendre une photo de celles devant être modifiées et d’ajouter un enregistrement vocal décrivant le problème avant d’envoyer ces données au collaborateur concerné, le tout en quelques secondes.

Pour donner un exemple concret, un avion-cargo Boeing 747-8 comprend plus de 200 km de câblage. Pour montrer aux travailleurs où allait chaque câble, l’ancienne méthode consistait à leur fournir des « annuaires » constitués de diagrammes ainsi que des instructions sur ordinateurs portables. Peu flexible, cette approche forçait les employés à rechercher sans arrêt de nouvelles informations en quittant leur travail des yeux. Désormais, la solution de réalité augmentée Skylight permet aux techniciens de Boeing d’avoir les instructions sous les yeux pendant l’exécution de leur travail. La navigation au sein du système se fait par commande vocale.

De même, un article du Harvard Business Review met en avant une « comparaison image par image d’un électricien câblant un boîtier de contrôle d’éolienne en utilisant la procédure courante de la société, puis effectuant la même tâche équipé d’un casque de réalité augmentée. Le dispositif a amélioré la performance de l’ouvrier de 34 % dès la première utilisation. »

Dans le même article, la réalité augmentée est décrite comme un magnifique exemple de « technologies d’améliorations d’aptitudes, un partenariat entre les hommes et des machines intelligentes [qui] peuvent augmenter les capacités des ouvriers pour des performances extraordinaires, une meilleure sécurité, et une satisfaction plus élevée des travailleurs. » En d’autres termes, elle combine ce que les humains et les technologies numériques savent le mieux faire.

Google Glass n’était considérée par le grand public que comme un « gadget sympa ». « Sympa » n’est cependant pas l’effet recherché dans les usines de fabrication dans lesquelles les ouvriers doivent depuis longtemps suivre des règles strictes pour répondre aux exigences de leur poste. Sans la réalité augmentée, le facteur limitant pour beaucoup d’opérations est la quantité d’informations qu’un ouvrier peut garder précisément en tête. La réalité augmentée a le potentiel de supprimer cet obstacle, en jouant le rôle de référence précise, facile et accessible. Utilisée de cette manière, elle n’a rien à voir avec le jeu ou le divertissement, mais s’apparente plutôt à la productivité, la rapidité, la sécurité et la précision. Elle mérite donc que nous lui accordions notre attention.