Un robot dans une librairie parisienne, du jamais vu !

La librairie des PUF vient d’ouvrir à Paris, au cœur du Quartier latin près de la Sorbonne, soutenue par la Ville. Equipée de l’Expresso Book Machine (EBM), ou robot-imprimeur, c’est la première fois qu’une librairie s’en dote en France, et même en Europe. Outre-Atlantique, son exploitation fait partie des usages, principalement dans les bibliothèques universitaires.

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La librairie des PUF © Semaest

Pour fêter dignement l’ouverture du Salon du Livre et après dix-sept années d’absence des pas-de-porte parisiens, la Librairie des PUF (Presses Universitaires de France) a rouvert ses portes, mi-mars, au cœur du Quartier Latin, à Paris. Expérimentale, cette librairie « numérique », sans stock, inaugure un concept tout à fait original : les livres proposés sont imprimables sur place en quelques minutes.

Il faut compter maximum 5 à 7 minutes maximum d’impression pour un livre relié (de 47 à 800 pages), le temps de se poser pour boire un café ou de participer à une rencontre avec un auteur (des rencontres sont prévues dès le mois d’avril) dans l’espace lounge.

Près de 5 000 références de titres du fonds et des nouveautés des PUF y sont proposés à la demande, ainsi que plusieurs millions de titres internationaux du domaine public. Au-delà des titres de son fonds, la Librairie des PUF propose un catalogue de plus de 3 millions de titres du domaine public mondial (dont 350 000 titres en français).

Pour réaliser cette prouesse, après avoir fait son choix dans le catalogue consultable sur des tablettes et ordinateurs en libre-service, un robot-imprimeur a été installé sur place, l’Espresso Book Machine (EBM). Inventée en 2006, commercialisée par la société OnDemandBooks et, un temps, par Xerox, l’EBM résulte de l’intégration d’un photocopieur et d’un massicoteur-plieur et brocheur dans une même machine, d’un coût d’environ 70 000 euros.

La première EBM a vu le jour à New York en 2007 (elle avait à l’époque décroché le prix de l’invention de l’année, par Time Magazine) et a été apporté en France grâce à l’action conjointe d’Hubert Pédurand, responsable du FabLab Ireneo et de l’éditeur informatique Archicol (contenus numériques) notamment.

Aujourd’hui, six EBM sont implantées en France, dont cinq dans des centres de formation de l’imprimerie : SEPR à Lyon (69), Amigraf à Lille (59), Cifop à L’Isle d’Espagnac (16), Cartif/Lycée des métiers Albert-Bayet à Tours (37) et Lycée Gutenberg à Strasbourg (67). D’ailleurs, c’est l’EBM de Paris, jusqu’ici installée à l’Ecole Estienne, qui a été transférée dans la Librairie des PUF.

Même tarif pour le consommateur

Pour le consommateur, l’innovation ne coûtera pas un centime de plus puisque le prix du livre est unique depuis la loi Lang. A l’inverse, l’EBM permettra à PUF de faire des économies, car seuls les livres achetés sont imprimés !

« Nous avons des milliers de titres dont la demande est trop basse pour qu’ils soient rentables avec le modèle d’impression traditionnel, avait déclaré Frédéric Mériot, directeur général des PUF, à l’occasion de la présentation de la machine, au Salon du Livre de Paris en 2015. Nous pensions que le numérique tuerait le livre imprimé, mais cela n’a pas été le cas. Il se peut même que le livre traditionnel ait maintenant une seconde vie. »

Inaugurée le 10 mars par la Mairie de Paris et son occupant, soit à peine quelques jours avant le salon du livre 2016, l’ouverture de cette librairie d’un nouveau genre s’inscrit dans le cadre du dispositif Vital’ Quartier conduit par la Ville et mis en œuvre par la Semaest, qui vise à préserver le patrimoine culturel du Quartier Latin.

Pour la petite histoire, il y a quelques années, la Bibliothèque nationale de France avait refusé l’EBM, ne souhaitant pas expérimenter une ouverture sur un métier qui n’est pas le sien et la Bibliothèque Sainte-Geneviève, après hésitation, n’avait finalement pas concrétisé un partenariat envisagé sous la forme d’une concession avec la société OnDemandBooks (2).

* La librairie des PUF, 60, rue Monsieur-le-Prince, 75006 Paris

(1) Lancé en 2014 par l’Idep (Institut de développement et d’expertise du pluri-média) et l’Unic, le programme de R&D Ireneo engage une réflexion collective sur les mutations du livre papier et l’avenir du livre imprimé à la demande.

(2) Lire aussi « L’impression à la demande et les bibliothèques », de Mathieu Andro et Sophie Klopp

  • 53 % des Français (de 15 ans et +) ont acheté au moins un livre en 2014, dont 60 % de femmes.
  • La même année, le marché du livre a enregistré un recul du chiffre d’affaires de 1,3 % (soit 3,9 Mde) et des actes d’achat (-1,4 %) avec 351 millions d’exemplaires écoulés.

Source : http://www.sgdl.org/phocadownload/Chiffres-cles_Livre_SLL_2013-2014.pdf (panel GfK)