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Vivien Le Moal (Glaydz) : « Nous voulons devenir le réseau social européen, libre et éthique »

Glaydz, le réseau social et professionnel, imaginé depuis Lille, protège l’intégralité de vos données personnelles. Entretien avec Vivien Le Moal, 35 ans, son président et initiateur.

Vivien Le Moal (Glaydz)

Vivien Le Moal, fondateur Glaydz

Alliancy. Comment est née l’idée de Glaydz ?

Vivien Le Moal. Il y a quatre ans, l’idée a émergé de créer une alternative européenne aux réseaux sociaux personnels et professionnels existants américains, du type Facebook ou Linkedin… Glaydz est une association loi 1901 à but non lucratif qui propose donc une approche éthique et non mercantile des échanges, en remettant l’humain au coeur de la technologie. Nous voulons être le « couteau suisse » des réseaux sociaux développé en open source. Et, pour cela, nous avons réuni un groupe de plus d’une centaine de développeurs de plusieurs pays et origines pour développer cette alternative.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Vivien Le Moal. Piloté au sein de l’ESN lilloise Big Bang Network Development, nous avons finalisé la première version de Glaydz, qui a été mise en ligne depuis le 27 mars dernier. A ce jour, nous comptons 33 000 inscrits de 17 pays et gagnons chaque jour entre 30 et 60 membres. Mais nous attendons la version mobile, qui sortira d’ici à l’été, pour mieux se faire connaître… Nous voulons devenir le réseau social à l’échelle européenne, libre et éthique.

Quelle différence voyez-vous avec les réseaux existants ?

Vivien Le Moal. Glaydz est un outil de communication ciblé, qui redonne le pouvoir aux particuliers comme aux institutionnels et professionnels en garantissant totalement la protection des données personnelles des utilisateurs en toute gratuité et autonomie. Par exemple, les informations d’une entreprise qui veut se faire connaître sur notre réseau ne seront communiquées qu’aux personnes qui la suivent, en fonction d’un calendrier précis si elle le souhaite dans son fil d’actualité. Par exemple, si vous créez un événement, vous définissez vos cibles selon certains centres d’intérêts, vous précisez votre programme et le postez.

Actuellement, nous échangeons également avec la Cnil pour lui donner un droit de regard sur Glaydz et garantir que nous respectons les règles européennes du RGPD, que nous ne revendons aucune donnée… On fait de même avec l’Urssaf concernant les flux financiers qui circulent sur notre réseau Glaydz, le réseau social et professionnel,

Qui sont les membres inscrits sur votre réseau ?

Vivien Le Moal. On s’est rapproché de l’Armée française et de la Gendarmerie dans le cadre du recrutement et de la réinsertion par exemple, ou de la Région Hauts-de-France, inscrite en tant que structure institutionnelle dans Glaydz… On veut aujourd’hui se faire connaître au niveau du Gouvernement, notamment auprès de Cédric O, secrétaire d’Etat nommé récemment au numérique. Nous voulons mettre en avant la souveraineté numérique qu’offre notre plateforme pour toutes les institutions, villes… On veut également se faire connaître auprès d’associations, du type Les Jeunes Européens… totalement apolitiques.

Quelle est la genèse de Glaydz ?

Vivien Le Moal. Je suis à l’origine du projet. Car, malgré la multitude de réseaux existants, je voyais bien qu’il était difficile pour certaines personnes de trouver un emploi, comme dans les quartiers par exemple ; pour certaines associations de trouver des fonds ; pour certaines entreprises de collaborer avec d’autres entités… Et ce malgré la multitude de réseaux existants qui ne vivent qu’en vendant nos données. D’où l’idée de fédérer les forces autour d’un tel projet, au niveau européen.

Au niveau du politique, pensez-vous pouvoir être entendu ?

Vivien Le Moal. Oui, car nos responsables politiques actuels sont jeunes et ont compris l’importance du numérique. Dans le monde actuel, la communication va très vite et si on ne l’intègre pas, on est voué à l’échec, on est mort ! Il faut le rappeler, en Europe, il n’y a aucun « Gafa »…

Comment l’expliquez-vous ?

Vivien Le Moal. On ne met pas toujours les fonds nécessaires sur les bonnes innovations. Beaucoup de porteurs de projets sont limités dans leur développement par manque d’argent… D’où aussi notre idée de rassembler les acteurs qui pensent comme nous, comme Qwant ou YesWeHack… Il faut arriver à fédérer nos forces pour être pris au sérieux.

Concernant le RGPD par exemple, c’est très bien à un niveau européen, mais beaucoup de gens continue de se connecter à tous les réseaux sans s’en soucier une seconde… et leurs données continuent d’être revendues. Avec Glaydz, on veut se poser la question de quels services offre-t-on à la population ? Tout utilisateur a réellement la main sur ses informations et leur diffusion.

Quelle est votre force face à un Facebook ou Linkedin ?

Vivien Le Moal. Nous sommes une association open source, incontrôlable et que personne ne peut racheter. C’est la réponse que nous avons trouvé en tant que « réseau social ». A terme, nous voulons aller vers un statut de fondation à but non lucratif. Mais notre objectif pour l’instant est d’arriver à fédérer un maximum de monde autour de notre réseau en revalorisant le lien social…

La première version de Glaydz…

Elle permet à tout utilisateur (particulier, institution, association, entreprise ou toute autre entité) d’être informé et de relayer gratuitement des messages, rencontres ou évènements dans le réseau correspondant à ses centres d’intérêt (associatif, logement, sport, rencontres sociales, éducation, santé, culture,…).

… et celle à venir cet été

La version finale, qui sortira d’ici à cet été, destinée aux professionnels comme aux particuliers, adoptera les fonctionnalités que l’on retrouve sur les réseaux sociaux et professionnels actuels. Elle s’enrichira de plusieurs innovations : un accès sécurisé unique à vos pages professionnelles et personnelles ; un « switch » immédiat de l’une à l’autre ; une traduction instantanée ; un agenda interopérable et des fonctionnalités spécifiques à certains univers.