Cette article fait partie du dossier
Les articles du dossier

Odile Grassart (Société générale) : « La banque est un terrain de jeu extraordinaire »

La Société générale compte recruter en France près d’un millier d’informaticiens cette année, dont 550 CDI, autant qu’en 2014. Ces embauches accompagnent des projets d’envergure (réseau de distribution, infrastructures, sécurité…). Odile Grassart, qui en est maître d’œuvre, dévoile les coulisses de cette opération séduction de grande ampleur.

Odile-Grassart-Société-Générale-article

« Les compétences IT sont au cœur des projets de la Société générale » – Odile Grassart, responsable du recrutement du groupe

Alliancy, le mag. Quelle place occupe le numérique dans la stratégie de ressources humaines de la Société générale ?

Odile Grassart. Le monde évolue, le numérique nous apporte les moyens de répondre différemment aux besoins de nos clients. Nous voulons aussi nous appuyer sur cette évolution pour accompagner les salariés et les inciter au collaboratif et à la co-création. Dans cette optique, nous avons conclu, fin 2014, des partenariats avec Dell et Microsoft, visant à déployer un certain nombre d’outils, dont 90 000 tablettes, mais aussi des infrastructures de réseaux, du wifi et des applications. Les collaborateurs sont impatients d’utiliser ces ressources nouvelles, mais il va falloir apprendre à s’en servir pour en tirer collectivement profit, pour un service de qualité.

Existe-il chez certains la crainte d’être surveillé par la hiérarchie ?

Il ne s’agit absolument pas de pister nos collaborateurs. Notre démarche repose sur la responsabilisation et l’autonomie. La même logique de confiance s’applique au télétravail que nous déployons. Le dispositif a fait l’objet d’une expérimentation auprès de 400 personnes. 90 % d’entre elles se sont déclarées satisfaites, de même que leurs managers, bien que certains avouent avoir été dubitatifs au départ. D’ici à la fin de l’année, entre 2 500 et 3 000 personnes travailleront à distance, à raison d’une ou deux journée(s) par semaine.

Quels sont les besoins de recrutement qu’impliquent vos projets ?

L’année dernière, le groupe, implanté dans 76 pays, a recruté 26 000 personnes au niveau mondial, dont 5 700 en France, tous contrats confondus. Sur ce total, 2200 embauches ont été effectuées en CDI. La moitié des postes concernent le réseau de distribution. Ce sont majoritairement des commerciaux de niveau bac+2 ou bac+3. Mais il y a aussi des directeurs d’agence, des conseillers « entreprises », des gestionnaires de patrimoine qui ont des qualifications plus élevées. En 2015, nous prévoyons, pour la France, 5 000 embauches dont 900 liées au numérique, avec une part plus importante liée à l’alternance que nous considérons comme une filière de pré-recrutement. Cette année, nous embaucherons moins pour la banque de réseau. Les agences représenteront environ 40% du flux, contre 50% précédemment. Le trafic en agence diminue, au profit de la banque à distance, le guichet se spécialisant dans le conseil. D’où des développements très importants autour du mobile et de la tablette. Nous avons aussi des besoins forts dans les domaines de la conformité, du risque, de la sécurité, de la finance d’entreprise. Nous cherchons aussi à l’extérieur des spécialistes du financement de grands projets. Ponctuellement, nous embauchons pour le midldle et le back-office. Enfin, des opportunités existent dans le conseil, car nous avons des équipes de consultants et d’auditeurs internes.

Qu’en est-il des fonctions IT dans votre groupe, plus précisément ?

Nous avons trois directions IT. L’une couvre la banque de détail ; une deuxième la banque d’investissement et banque privée ; et une troisième gère les infrastructures du groupe. Cela représente en tout 35 métiers différents. Parmi les plus courants, ceux relatifs à l’’infrastructure et à l’architecture réseau, le développement, l’ingénierie systèmes, la sécurité, l’audit des systèmes d’information.

Voyez-vous des difficultés de recrutement ?

Les difficultés de recrutement concernent les responsables d’infrastructure, les architectes et les développeurs. Cette année, nous nous intéressons davantage à ces derniers. Ce sont des professionnels capables d‘évoluer vers différents métiers, dans un environnement changeant. Nous recueillons des candidatures, mais en nombre encore insuffisant par rapport à nos besoins. Ces jeunes, doués, ont une approche particulière du monde du travail, ils ne sont pas dans une logique de carrière et ne considèrent pas le fait d’entrer dans une entreprise, même de la taille et de la notoriété de la nôtre, comme une opportunité à saisir à tout prix. Il faut savoir les attirer.

Comment ?

La banque est un terrain de jeu extraordinaire parce qu’il y a de la data à foison. Nous leur parlons de nos projets et du champ créatif qui s’y attache. Pour cela, nous avons recours à des témoignages vidéo de jeunes développeurs qui racontent ce qu’ils font chez nous. Les jeunes développeurs craignent de débarquer dans un environnement conventionnel, aux horaires contraints. Cette image ne correspond pas à la réalité. Nous ne sommes pas Google, mais il y a de la convivialité, des lounges, des babyfoots, des espaces de détente. Nous utilisons aussi les Hackathons comme lien. D’une façon générale, pour attirer ces jeunes talents, il faut aller sur leur terrain. Par ailleurs, d’un point de vue institutionnel, nous travaillons notre employer value proposition, autrement-dit notre marque employeur avec nos managers. Des workshops ont été menés dans ce cadre. A la question : que diriez- vous à des jeunes pour les faire venir chez nous ? Les réponses les plus partagées ont été : un job passionnantet la possibilité d’effectuer un parcours riche dans des univers différents. Nous sommes conscients que les jeunes ne raisonnent plus en décennies, mais à l’horizon d’un ou deux ans. La curiosité fait partie de leurs caractéristiques. Ils peuvent être intéressés par des opportunités différentes de celles auxquelles ils auraient spontanément pensé.

Les besoins de compétences, importants aujourd’hui parce que la banque fait sa révolution numérique, le resteront-ils dans les années futures ?

On aura perpétuellement besoin de renouveler pour aller chercher des profils correspondant aux modes de travail, de fonctionnement et de langage. Dans l’IT, le renouvellement sera permanent. A la Société générale, nous voulons des collaborateurs curieux, constructifs et solidaires. Derrière la curiosité, il y a la volonté de donner du sens à son activité, pour ne pas être un simple technicien. Si je ne comprends pas les enjeux qui se trouvent derrière ma mission, je n’ai pas ma place à la Générale. Etre constructif, c’est être capable d’innover, être force de propositions. Enfin, être solidaire veut dire avoir un esprit de coopération, être capable de travailler en mode projet, sans se limiter à la notion de hiérarchie. Bref, savoir mettre son énergie et son talent au service de tous. Ces valeurs, nous les recherchons chez les candidats à travers l’évaluation.

L’équipe recrutement du groupe Société générale

Odile Grassart dirige un staff de cinquante personnes répartie en deux équipes. La première, constituée d’une quinzaine de campus managers et de communicants a pour mission d’assurer la visibilité de la marque employeur, notamment auprès des écoles et universités. Pour les métiers du numérique, la banque a des relations privilégiées avec une vingtaine d’entre elles, tout en continuant de diversifier ses recrutements vers les Miage universitaires.

La seconde task force a une mission de sourcing. Elle instruit les demandes d’ouverture de postes, lance les recrutements, collecte, trie et qualifie les candidatures qui seront présélectionnées par les managers concernés, avant l’évaluation des candidats. A l’appui des forums, le groupe dépêche ses cadres à des conférences thématiques en lien avec son business, et certains de ses dirigeants parrainent des promotions. C’est le cas d’Alain Benoist, patron du Business Solutions Centre, qui chaperonne les sortants de l’Epita, et de Jean-Luc Smadja, CIO de Société générale Investment Banking (SGIB), mentor des sortants de l’Efrei.

Les chiffres

  • 13 000 informaticiens dans le groupe, au niveau mondial, dont 5 900 en France et 3 000 en Inde.
  • Ils sont répartis dans 3 DSI : réseau, infrastructures et banque d’investissement.
  • 5 000 recrutements sont prévus en 2015, tous types de contrats confondus, dont 900 informaticiens.

 

A lire également :

Aymeril Hoang (Société générale) : « Trouver une routine avec les start-up »