Emmanuel Macron, inconditionnel soutien à La French Tech

Mardi dernier, Emmanuel Macron a reçu à l’Elysée une vingtaine de dirigeants français du numérique, avant de se mêler - une fois encore - à une foule d’entrepreneurs en devenir et d’innovateurs à Station F, le lieu créé par Xavier Niel, patron d’Iliad et proche du président.

Emmanuel Macron à Station F le 10 octobre @LaFrenchTech

Emmanuel Macron à Station F le 10 octobre @LaFrenchTech

Xavier Niel (Iliad), Jacques Antoine Granjon (VentePrivée), Octave Klaba (OVH), Jean-Baptiste Rudelle (Criteo) ou Frédéric Mazzella (BlaBlaCar) pour les incontournables… Mais aussi, pour la relève, les patrons de Doctolib, Frichti (livraison de repas), Sigfox (objets connectés), OpenClassrooms (elearning), Leetchi (cagnottes en ligne),  Zenly (géolocalisation) ou Scality (stockage des données)… Tous avaient été conviés mardi dernier à l’Elysée par le Président pour échanger. 

Ces « licornes* », actuelles ou en devenir, étaient ainsi mises à l’honneur par un Gouvernement, qui rêve sûrement d’en voir naître beaucoup d’autres sur tout le territoire ! Vers 17H30 ensuite -alors que tout le monde attendait l’annonce d’un remaniement ministériel-, le chef de l’Etat se rendait dans le XIIIème arrondissement de Paris, dans « le plus grand incubateur du monde et son millier de start-up », créé par Xavier Niel. Objectif : prendre de nouveau le pouls d’un public de 2 000 entrepreneurs et innovateurs, pour la plupart à la tête de jeunes pousses et futures licornes potentielles ! 

Lors de l’inauguration de Station F en juin 2017, on avait déjà vu le Président se fendre un chemin dans cette foule, toujours accompagné de Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’Etat chargé au Numérique. 

Ce lieu semble également être source d’inspiration pour les formules choc, telles que le Président les aime… L’an dernier, il n’avait pas hésité à déclarer, lors de l’inauguration de Station F : « Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien »… Cette fois, ce fût sa réponse à un patron, mécontent du poids des charges sociales, qui a déclenché les foudres de ses détracteurs : « Votre amie, c’est l’Urssaf » pour défendre l’utilité de cet organisme de collecte. 

« C’est ce qui fait qu’en France, contrairement aux Etats-Unis, à l’Inde et beaucoup de pays fascinants de prime abord quand on parle de levées de fonds ou autre, le jour où vous êtes malade, au chômage, vieux, c’est grâce à l’Urssaf que vous payez parfois zéro dans beaucoup de ces situations. On oublie trop souvent de le dire », a-t-il plaidé. Un message de défense du modèle social, alors que les syndicats, qui manifestaient le même jour, l’accusent de vouloir le détruire… 

Interrogé ensuite par Eric Léandri, cofondateur et PDG du moteur de recherche Qwant, sur la domination de Google dans ce secteur, le président a annoncé qu’il porterait des propositions contre les positions dominantes actuelles dans le cadre de la campagne des élections européennes de mai 2019, y voyant une condition de survie pour les entreprises technologiques européennes. 

« Je suis favorable à ce qu’on aille plus loin et, dans le cadre de la campagne des européennes, je ferai des propositions très fortes en ce sens - de niveau mais aussi entre les différents secteurs et pour démanteler des effets de concentration qui sont intersectoriels et intra-sectoriels. J’ai besoin d’avoir un dispositif antitrust plus fort, a-t-il indiqué. C’est la clé si l’on veut pouvoir choisir notre avenir. Sinon, dans trop de secteurs, j’aurais le choix entre un acteur chinois et un acteur américain. »  

Plus surprenant, interrogé sur le remplacement du glyphosate, il s’est affirmé « volontariste et intelligent » sur ce dossier, annonçant la création d’une « start-up » pour aider les acteurs de l’agriculture à en sortir. « Je ne suis pas d’accord pour dire que le lobby des pesticides a gagné. C’est faux et trop facile », a-t-il pointé. « Tous les agriculteurs qui sont prêts à y aller s’inscrivent, rendent la chose visible, mettent la pression sur les autres, créent de la traçabilité pour dire tout ce qui est fait sans glyphosate », avait déjà indiqué Emmanuel Macron le matin même lors d’une rencontre avec les filières et interprofessions agricoles. 

Lors de son discours à Station F, Emmanuel Macron a toutefois écarté de nouvelles aides fiscales à l’investissement dans les start-up pour les particuliers, mais a toutefois annoncé une simplification du dispositif « French Tech Visa » pour faciliter l’embauche par des entreprises innovantes de salariés étrangers.  

Ce visa avait été initié à l’été 2017 pour favoriser le recrutement de talents étrangers. Désormais, il pourra être demandé par toute entreprise reconnue comme innovante, pour des fonctions en lien avec son développement. Les talents visés bénéficieront d’une procédure très accélérée, et d’un visa sur quatre ans, pour eux et leur famille. Le dispositif entrera en vigueur au 1er mars 2019, et a pour but de faire de la France un hub pour les talents tech du monde entier. 

Le lendemain, Mounir Mahjoubi a, lui aussi, reçu plus de 90 personnes de l’écosystème French Tech (entrepreneurs, représentants des métropoles et des hubs French Tech, représentants institutionnels des régions et métropoles). Objectif : faire le bilan de ce dispositif et parler des axes de développement confirmés la veille avec le Président.  

Deux priorités sont ainsi relevées pour la French Tech : l’accompagnement des scale-up, ces start-up en hyper-croissance et la promotion de la Tech for Good. « Nous voulons que notre écosystème French Tech se nourrisse et diffuse les valeurs qui sont au cœur du projet européen, au service de la résolution des grands défis de la planète, au service des humains », a précisé Mounir Mahjoubi. 

Des « communautés » French Tech en France et à l’international 

Par ailleurs, après le temps des métropoles French Tech (13 en France, reconnues ainsi depuis 2015) et des hubs (22 à l’international), un nouveau dispositif à deux niveaux va être proposé, celui des « communautés » et des « capitales » French Tech. 

Dès lors que plusieurs entrepreneurs, 25 à 30, issus de start-up différentes, veulent se regrouper sur une géographie (ville) ou sur un thème donné (EdTech, DeepTech…), en faisant la promotion de leur écosystème et en respectant les valeurs de la French Tech, ils seront reconnus. Une centaine de communautés de ce type est ainsi espérée. Au-delà des communautés, l’Etat mettra également en avant des écosystèmes dynamiques, de bonne taille, abritant bon nombre de scale-up, avec un soutien fort des collectivités locales. Ce sont les capitales French Tech. 

« Pour préciser les critères de reconnaissance de ces communautés et capitales, un temps de dialogue de trois semaines sera entretenu par la mission French Tech avec les entrepreneurs et actuelles équipes des hubs et des métropoles », est-il indiqué dans le communiqué du ministère. Puis, courant novembre, un appel à candidatures sera ouvert. 

Enfin, en appui à ces deux initiatives (communautés et capitales French Tech), un fonds de soutien, appelé French Tech Community Fund, sera mis en place début 2019. Il bénéficiera d’un financement d’amorçage de l’Etat, mais sera alimenté par tous les partenaires de la French Tech  (grands groupes, fonds d’investissement, start-up…) qui le souhaitent. Des évènements particuliers, de nouveaux lieux et outils pourront ainsi être soutenus. Pour rappel, la French Tech dispose d’une enveloppe de 15 millions d’euros pour soutenir sa promotion. Le dispositif est piloté par Kat Borlongan depuis mai dernier. 

D’après l’étude annuelle du cabinet GP Bullhound, l’Europe compte 57 licornes en 2017, soit 9 de plus qu’en 2016. 12 nouvelles startups ont dépassé le milliard de dollars de valorisation en 2017 (dont Deliveroo, Improbable, Trivago…).