Microsoft revisite l’école

Microsoft revisite l'écoleFin 2012, Microsoft France a inauguré, en banlieue parisienne, une classe « immersive », 100 % numérique. Destinée aux enseignants, cette plate-forme, unique en Europe, vise à promouvoir l’usage de nouveaux outils pédagogiques et de nouvelles méthodes d’apprentissage au profit des élèves.

Alors que le ministre de l’Éducation, Vincent Peillon, revendique une refonte de l’école afin qu’elle « s’approprie les outils numériques pour mieux accomplir ses missions traditionnelles » (lire « E-éducation : la stratégie du gouvernement », en bas de page), Microsoft se positionne clairement sur le marché de l’e-éducation en France. Le 20 novembre dernier, le géant américain inaugurait, sur son campus d’Issy-les-Moulineaux, en banlieue parisienne, une « classe immersive ».

Développé en partenariat avec le groupe de recherche Compas, adossé à l’École normale supérieure, cet espace est entièrement dédié aux enseignants et aux élèves, en situation réelle. Il a pour but d’expérimenter l’usage de différents outils pédagogiques et d’arriver à retenir les plus innovants et les plus efficaces pour l’école de demain. Il est vrai que la France se classe en 24e position sur 27 pour l’utilisation du numérique dans l’éducation, selon l’étude Pisa de l’OCDE.

Christophe Desriac, directeur éducation et recherche chez Microsoft France

Christophe Desriac, directeur éducation et recherche chez Microsoft France

« C’est une première mondiale pour le groupe », explique Christophe Desriac, directeur éducation et recherche chez Microsoft France, qui s’est appuyé, pour ce projet initié il y a deux ans, sur l’école Les Chartreux d’Issy-les-Moulineaux (académie de Versailles). « Nous avons décidé de créer cet espace directement dans nos locaux, afin de gérer de manière optimale les contraintes liées à la logistique et aux applicatifs. Et il ne s’agit pas de dupliquer l’expérience. »

A terme, Microsoft France compte proposer des solutions applicatives et financières, adaptées aux  attentes de l’Éducation nationale. « Nous réfléchissons notamment sur des solutions multipoints qui permettent de partager un seul serveur entre plusieurs professeurs ou y héberger différents applicatifs relatifs à la vie de l’élève », poursuit-il.

Dans cette salle de classe « flexible » de 50 mètres carrés, dessinée par le cabinet d’architecture Fielding Nair International, les outils des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) accompagnent l’équipe pédagogique. Ici, pas d’estrade, même les équipements numériques sont dépouillés.

Microsoft revisite l'école

Un simple écran projeté sur un mur blanc fait office de tableau numérique interactif et quelques stylos, connectés via Bluetooth au vidéoprojecteur, servent de craies. Ils donneront du relief à la leçon de géométrie. Des tablettes équipées de Windows 8 permettent aux élèves de se déplacer librement dans la classe, tout en prenant des notes sur le cours.

Inventer les nouveaux usages
Les bureaux et les chaises ont également disparu. Ils laissent place à des tables tactiles qui dynamiseront l’exercice de chimie. Des poufs, regroupés en îlots, servent de sièges. Le sol est doté d’une technologie tactile et le projecteur interactif (grâce à Kinect) dévoile une réalité augmentée qui offre un meilleur ordre de grandeur des objets dans l’espace. A l’ opposé du tableau numérique interactif, un écran 3D projette, à l’aide d’un vidéoprojecteur développé par Panasonic, les vestiges de Paris sous l’Ancien Régime, de quoi gagner en profondeur durant le cours d’histoire.

« Nous pouvons accueillir une trentaine d’élèves parcours », explique Thierry de Vulpillières, directeur des partenariats éducation chez Microsoft France. « Chaque session dure une à deux heures et l’inscription,gratuite, se fait par l’enseignant directement depuisnotre site », ajoute-t-il. Après trois mois d’existence, la classe a déjà reçu une cinquantaine de groupes, de tous niveaux et académies confondus.

Table tactile

Table tactile

Pour réaliser son cours, le professeur peut se faire seconder par des confrères, membres de l’association Projetice, qui aide les enseignants à se former à l’usage des TICE, ou du Café pédagogique, le site d’information qui recense une communauté importante d’enseignants, tous deux partenaires de Microsoft. Par la suite, l’équipe pédagogique dispose d’une version virtuelle de sa « classe immersive », sur un serveur hébergé chez Microsoft, pour visionner l’ensemble de ses travaux réalisés en cours. Pour définir les équipements, Microsoft France s’est allié à une quarantaine de partenaires, allant des fabricants comme Epson, Panasonic ou Samsung, aux maisons d’éditions scolaires (Nathan, Hachette). « 100 % des ouvrages scolairessont disponibles sous version logiciel, rappelle Thierry de Vulpillières. Et nous travaillons également avecde jeunes pousses françaises comme Maskott, pour développerdes solutions pédagogiques interactives. »

Pour compléter ses travaux sur les influences du numérique à l’école, Microsoft France participe à différents salons, colloques ou autres think tank autour des usages de ces outils dans l’enseignement et la recherche. Enfin, cette classe francilienne est l’une des rares dans le monde à faire partie du programme « Écoles innovantes », une composante essentielle de la vaste initiative internationale Partners in Learning (PIL), lancée en 2003 par le groupe. Elle vise à promouvoir les technologies informatiques de pointe dans l’éducation dans plus d’une centaine de pays. Budget consacré sur dix ans : 500 millions de dollars.

 

Vincent Peillon, ministre de l'Education nationale

Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale

E-Éducation : la stratégie du gouvernement
Mi-décembre, le ministre de l’Éducation nationale (photo) a présenté sa stratégie pour le numérique à l’école en présence de Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, à l’Innovation et à l’Économie numérique. Si Vincent Peillon a déclaré que « le numérique permet de rendre la scolarité plus attractive avec des cours plus interactifs et coopératifs », il en attend aussi des retombées positives sur le décrochage scolaire de quelque 150 000 élèves chaque année. De son côté, Fleur Pellerin a tenu à rappeler que « la formation des jeunes par ces nouveaux outils constitue un enjeu majeur pour l’économie du pays ». Ainsi, cette stratégie, voulue « globale », devrait appréhender le numérique dans toutes ses dimensions : de l’équipement aux contenus, en passant par la formation des acteurs, fondée sur des services à destination de l’ensemble des publics : les élèves, les parents et les enseignants, et qui couvre un cycle pluriannuel, allant de 2013 à 2017. « Avec une priorité à l’apprentissage des fondamentaux et des langues », a indiqué le ministre.

 

Cet article est extrait du n°2 d’Alliancy le mag – Découvrir l’intégralité du magazine