Big data : Carrefour encaisse les données en temps-réel

Depuis 2014, Carrefour travaille sur un programme de modernisation de son système d’information, centré sur la donnée. Objectif : avoir une vision en temps réel de ses stocks.

Carrefour Planet à La Ville-du-Bois © Barbe Lionel / Carrefour

Carrefour Planet à La Ville-du-Bois © Barbe Lionel / Carrefour

Carrefour a choisi un nom symbolique : Phenix. Ce programme a pour objectif de moderniser son système d’information (SI) et d’accompagner la transformation digitale de l’entreprise. En 30 ans, les applications se sont succédées et représentent maintenant un obstacle dans l’évolution du SI. « Les données étaient cohérentes dans une application mais au niveau du SI c’était forcément incohérent », a résumé Jean-Christophe Brun, directeur du centre de solution BI et Big Data du leader de la grande distribution, lors du salon big data 2016. Autre problème majeur, le suivi de l’information. L’enseigne était incapable d’avoir une vision de ses stocks en quasi-temps réel. « Dans la caisse, on avait l’information à un instant T mais elle se diffusait difficilement en temps réel dans le SI. Au mieux, on le retrouvait en fin de journée dans le back office du magasin puis plus tard dans le système supply chain. Ça ne nous gênait pas forcément avant mais avec l’arrivée du e-commerce, ce n’est plus jouable », a raconté Jean-Christophe Brun.

A la mi-2014, Carrefour a étudié l’intérêt des outils du big data pour la transformation de ses process opérationnels et non pour ses clients, comme c’est plus souvent le cas dans le retail. Le groupe français a choisi d’être accompagné par Sentelis, un cabinet de conseil en stratégie, gouvernance et architecture de systèmes d’information. Début 2015, Carrefour a mis en place une nouvelle architecture basée sur la remontée des données des tickets de caisse en temps réel à partir des systèmes de gestion des caisses des 5600 magasins en France. Ces informations sont ensuite stockées dans un data lake qui les traite dans un temps compatible avec celui de la chaîne d’approvisionnement. « En plus d’être transactionnelle, cette information est aussi décisionnelle. Elle nous permet donc d’offrir de nouveaux services à nos clients », a témoigné Jean-Christophe Brun.

Carrefour veut plus d’agilité

Carrefour commence aussi à intégrer toutes ces données à des objets connectés. Par exemple, l’enseigne vient de mettre en place une « scanette » qui permet aux clients de faire leur liste de courses chez eux à partir des codes barre des produits et de proposer des alternatives en cas de non disponibilité en magasin.

Le projet Phenix n’en est qu’à ses débuts. Le leader de la grande distribution veut faire évoluer son système d’information vers encore plus de temps réel et imagine actuellement un projet où l’information serait stockée à un seul endroit pour pouvoir l’utiliser de manière systématique et la partager le plus largement possible dans l’entreprise, continuation logique de son data lake. Côté organisationnel, des changements sont aussi à venir. « Il faut faire évoluer nos manières de travailler, en particulier autour des opérations, pour aller petit à petit vers le Devops. Il est nécessaire de mettre en place une certaine agilité avec les métiers. D’ailleurs, mon équipe collabore avec l’équipe innovation de Carrefour », a précisé Jean-Christophe Brun. Pour se rapprocher du mode start-up, l’équipe BI et Big data du groupe participe à des meet-up pour dénicher des jeunes talents. Mais elle compte aussi former ses équipes internes à ces nouveaux modes de travail. Car la renouveau doit aussi venir de soi-même.