Les partenariats public-privé vont permettre d’améliorer la lutte contre la cybercriminalité internationale

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Alexander Moiseev, Directeur général de Kaspersky Lab Europe

En juin, la Commission européenne va s’intéresser à la création d’un marché unique numérique pour éliminer les obstacles en ligne et profiter au mieux de l’économie digitale.

Pour moi et j’en suis sûr pour la plupart des professionnels des secteurs de l’informatique et de la cyber sécurité à travers l’Europe, la vision proposée par l’Union Européenne est de nature à donner davantage confiance aux entreprises et à encourager les investissements. Fondamentalement, le marché unique numérique a pour but de faire tomber les barrières et c’est une bonne nouvelle.

Pour les volets qui concernent en particulier la cyber sécurité, l’accent est nettement mis sur le renforcement de la coopération et du « multi-partenariat » à tous les niveaux, le point le plus intéressant étant la mise en place de partenariats public-privé (PPP) contractuels.

En tant que directeur européen d’une société multinationale, opérant dans un secteur qui bénéficie considérablement de la collaboration entre les différents acteurs (Etats, secteur public et privé, grandes entreprises et PME), cet aspect revêt un intérêt particulier.

Dans le secteur de la cyber sécurité, je peux dire que les partenariats de lutte contre la criminalité entre les entreprises privées et les autorités publiques prennent une importance croissante, et pour une bonne raison. En termes simples, ils vont tout simplement de soi. Nous partageons l’objectif de protéger le monde contre les cybercriminels qui s’attaquent aux individus, aux Etats et aux entreprises par des moyens numériques afin d’en retirer un bénéfice d’ordre financier, politique ou autre.

Cette coopération est d’autant plus importante que, chaque année, nous observons des attaques de plus en plus complexes, dont un grand nombre ont un impact mondial.

Le récent démantèlement du botnet Simda, avec le concours de Kaspersky Lab, d’INTERPOL, de la NHTCU (National High Tech Crime Unit) aux Pays-Bas, du FBI, de Microsoft, du CyberDefense Institute et d’un certain nombre d’autres acteurs, est un parfait exemple de la collaboration entre les secteurs publics et privés en direction d’objectifs communs.

C’est à la lumière de notre propre expérience que je suis intrigué par les contrats PPP proposés dans le domaine de la cybersécurité qui, d’après la Commission, aboutiront non seulement à davantage d’investissements et d’innovations mais favoriseront également l’adoption de solutions de cyber sécurité par les citoyens et les entreprises. Selon les propres termes de la Commission, le concept est né du besoin d’un plus grand nombre « d’idées et de solutions innovantes [susceptibles d’aider à] mieux protéger notre société et notre économie ». Ces partenariats s’appuieront sur les efforts et moyens européens, nationaux, régionaux et privés – notamment des fonds pour la recherche et l’innovation – afin d’accroître les investissements dans la cyber sécurité.

J’espère qu’en éliminant certains obstacles dans un souci de renforcement de la sécurité, les autorités européennes et nationales ne vont pas dresser de nouvelles barrières, ayant cette fois pour effet d’entraver la concurrence. Ce serait là une lourde erreur pour un continent qui a vu naître et prospérer de nombreuses entreprises technologiques qui ont su s’imposer comme des géants au niveau international.

Je nourris aussi l’espoir que la nouvelle initiative PPP va non seulement renforcer les financements de la science informatique et de nouveaux projets scientifiques dans le domaine de la cyber sécurité, mais aussi promouvoir une véritable coopération entre le secteur public et différents acteurs – universités, grandes entreprises, PME – qu’ils soient européens ou non.

Si tel est le cas, les autorités européennes pourront compter sur le soutien de tous les experts de la profession désireux de contribuer au développement des capacités de cyber sécurité qui rendent plus sûre la vie des citoyens de l’UE.