Sélection des 100 personnalités qui donnent sens numérique

L’ancienne directrice de l’information et de la communication de l’Assurance Maladie, Nelly Haudegand occupe depuis janvier 2022 le poste de directrice générale de la Fondation Inria. Son parcours professionnel est à la croisée de nombreuses disciplines et responsabilités.
Cette titulaire d’une licence de philosophie, d’un DEA d’études politiques de Sciences Po Paris ou encore d’un DEA en sciences de l’information et de la communication a participé à l’émergence de nombreuses innovations en santé, dont la télémédecine et l’Espace numérique de santé, par exemple.
Pour un numérique « porteur de sens » !
Dans le cadre de nos 10 ans, nous avons invité ces « 100 personnalités » à prendre la parole, en nous partageant leurs visions, idées ou initiatives pour un numérique porteur de sens. Voici le retour à nos trois questions…
1. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ces dix dernières années dans la digitalisation de l’économie ?
L’accélération et le changement d’échelle des usages digitaux sous le coup de la crise sanitaire ont été, sans hésiter, l’événement le plus marquant de la décennie. Conditions de travail, éducation, loisirs, consommation, relations amicales, familiales, amoureuses… la crise Covid et les confinements successifs nous ont fait basculer, de manière irréversible, dans un autre monde, avec son cortège de pratiques, d’aspirations et de revendications nouvelles.
2. Auriez-vous une idée d’action concrète pour faire bouger les lignes et rendre le numérique plus « responsable » (au sens porteur de sens) ?
Parce que le numérique s’est immiscé partout, parce qu’il est un pharmakon, le problème autant que la solution, nous devons le domestiquer et l’utiliser à escient comme un moyen de réparer le monde. Ceci, en se gardant de tout dogmatisme, de tout solutionnisme technologique. Pour y arriver, il est grand temps de mettre la recherche au centre et de la considérer comme une « action concrète » et profondément transformatrice. Sans science consciente, ouverte et impliquée, pas d’impact possible.
3. Dans ce domaine, vous êtes-vous fixé un engagement pour anticiper un avenir positif ?
Pour déployer des programmes de recherche à impact positif, le mécénat d’intérêt général porté par des coalitions d’acteurs – entreprises, institutions, associations, citoyens… – a un rôle moteur à jouer. Mon job, c’est de susciter ces coalitions autour de grands enjeux pour lesquels le numérique constitue une ressource critique : grand âge et autonomie, handicap, santé mentale, biodiversité, green IA, vie privée, fonctionnement démocratique de nos sociétés… C’est un bon moteur pour se lever le matin et éviter de sombrer dans l’éco-anxiété et le nihilisme !