IBM, Oracle : les géants américains plébiscitent les start-up françaises

Début 2017, IBM et Oracle ont lancé respectivement leurs programmes destinés aux start-up françaises. Le premier a inauguré sa « Scale Zone », un espace dédié à l’industrialisation de projets innovants, le deuxième a donné le feu vert à la version française de son « Cloud Startup Accelerator Program ».

IBM France a inauguré sa « Scale Zone » dans ses locaux de Bois-Colombes. © IBM France

Les entreprises du CAC40 ne sont pas les seules à parier sur les start-up françaises. Les géants américains voient aussi dans la French Tech un vivier d’innovation. A seulement quelques jours d’intervalle, Oracle et IBM ont annoncé respectivement le lancement de leurs programmes destinés aux pépites françaises. La France était un choix logique pour les deux acteurs. « C’est un pays assez mature en matière d’open innovation. Les start-up et grands groupes ont bien compris qu’ils devaient travailler ensemble pour innover », assure Christian Comtat, directeur du développement Internet des Objets IBM France. Même son de cloche du côté d’Oracle, qui organise tous les ans des « Digital Days » à Paris. « L’écosystème de start-up est très dynamique ici. Vous avez des entrepreneurs formidables comme Xavier Niel. Nous aimerions d’ailleurs nous rapprocher de Station F (ndlr, l’incubateur aux 1000 start-up qui ouvrira le 1er avril 2017) », raconte Reggie Bradford, senior vice president of product developement, venu spécialement à Paris pour inaugurer la version française du « Cloud Startup Accelerator Program ».

Après un pilote à Bangalore en 2016, ce programme vient d’être étendu à sept nouveaux centres, dont deux européens (Paris et Bristol). En France, deux personnes accompagneront les cinq jeunes pousses sélectionnées. Aucun critère spécifique n’est requis pour candidater. « Nous voulons trouver la prochaine génération de start-up qui nous aidera à être plus compétitif sur le cloud et répondra aux besoins de nos clients dans ce domaine », explique Reggie Bradford. Elles seront accompagnées six mois et bénéficieront des technologies d’Oracle, un espace de co-working et des contacts privilégiés avec ses clients, partenaires et investisseurs.

Passer le mur d’industrialisation avec la « Scale Zone » d’IBM

L’objectif n’est pas d’investir dans les jeunes sociétés mais bien de les aider à se développer. C’est aussi le choix qu’a fait IBM avec sa « Scale Zone », dont la France est pilote. Installé au cœur de son siège de Bois-Colombes (Hauts-de-Seine), cet espace sert de lieu d’expositions pour les start-up. Une belle vitrine puisque plus de 15 000 clients de « Big Blue » se rendent chaque année dans ces locaux. Ce « Scalérateur », qui vient du terme « scale » (mettre en à l’échelle en anglais), vise à faciliter l’industrialisation des solutions des start-up. « Pendant un an, la direction d’IBM France a cherché à rendre l’innovation déployable en entreprise. Elle est partie du constat qu’il y avait beaucoup d’innovations en France, notamment des incubateurs, mais que le stade du proof of concept s’avérait très compliqué à dépasser », détaille Christian Comtat. Pendant six mois, IBM France met à disposition des start-up des moyens techniques et des compétences pluridisciplinaires (dont celles des 700 chercheurs travaillant en France). La première saison de ce programme est dédiée à l’Internet des Objets et parrainée par Ludovic Le Moan, fondateur et CEO de l’opérateur Sigfox.

Contrairement à Oracle, qui vient seulement de lancer son appel à candidatures, IBM a déjà sélectionné 11 entreprises. Plusieurs secteurs sont représentés : l’agriculture avec Hoxtabee et son module connecté permettant aux apiculteurs de surveiller à distance l’état de santé de leurs colonies d’abeilles, l’industrie avec Intesens, qui propose des solutions de maintenance connectée, ou encore l’environnement avec GreenCityZen, qui a notamment développé une solution IoT de monitoring continu des sols. Une fois industrialisés, les produits des start-up seront disponibles entre autres via la marketplace d’IBM.

Les deux géants américains avaient déjà mis un pied dans l’écosystème français. Oracle assure soutenir 60 start-up en France, à travers deux programmes de mentorat, lancés il y a plus d’un an : « Adopt a start-up », qui donne la possibilité à des réseaux (France Digitale, Paris&Co, Scientipole Croissance…) de proposer des candidatures, et « Bring your own start-up », qui permet aux salariés de soumettre des candidatures de start-up qu’ils veulent accompagner. « Big Blue » est, quant à lui, partenaire du Village by CA, le lieu d’innovation du Crédit Agricole, depuis 2014. Avec la « Scale Zone » et le « Cloud Startup Accelerator Program », IBM et Oracle espèrent eux aussi industrialiser leur relation avec les start-up.