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AI Act 2.0 : quand la boussole européenne devient girouette

 

L’Europe voulait donner le ton mondial sur l’intelligence artificielle avec son AI Act. Mais à peine la loi adoptée, Bruxelles envisage déjà de l’assouplir pour ménager les géants du numérique. Une volte-face qui interroge : entre ambition de régulation et peur d’étouffer l’innovation, la boussole européenne semble tourner au gré des vents politiques et économiques.

 

L’Europe voulait être le phare de la régulation mondiale. Elle risque de finir en bougie vacillante. À peine entré en vigueur, l’AI Act, censé encadrer l’intelligence artificielle et garantir une innovation éthique, pourrait déjà faire l’objet d’ajustements. La Commission européenne planche en effet sur une version 2.0, allégée et présentée comme “plus pragmatique”. Autrement dit, une loi taillée pour ne pas effrayer ceux-là même qu’elle doit contraindre et, selon la justification officielle, offrir plus de clarté juridique et favoriser l’adoption. En clair, calmer des géants américains dérangés par un texte jugé trop contraignant et des start-ups européennes perdues dans le brouillard. Résultat, au lieu de dicter les règles, l’Europe semble désormais les négocier.

Au delà des considérations de posture, ce revirement plonge les directeurs informatique et directeurs data dans un véritable casse-tête. Après des mois à se préparer à une avalanche d’obligations (documentation, audits, conformité, cartographie des risques, etc.), le cadre se brouille, la boussole devient une girouette. Difficile de bâtir une stratégie IA pérenne quand la réglementation elle-même est mouvante.

Derrière, le signal est politique est fort. L’Europe semble découvrir, une fois encore, que réguler plus vite que l’industrie, revient à s’exposer à être contournée. Surtout, qu’un cadre trop rigide peut finir par profiter… aux autres ! Les États-Unis avancent à coups de standards de facto, la Chine régule tout en produisant et nous, nous affinons les alinéas. Mais pourtant. Pourtant, c’est bien la stabilité réglementaire qui donnera confiance aux entreprises pour investir dans l’IA de manière responsable.

Assouplir trop vite, c’est courir le risque inverse et diluer la crédibilité du modèle européen. L’AI Act ne devait pas être un carcan, mais une colonne vertébrale. Si on commence à la limer pour plaire à ceux qu’elle devait encadrer, l’Europe ne sera plus le continent qui montre la voie, mais celui qui négocie sa voix.

 

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