Pour la Banque Postale, la Data est un sport d’équipe

La Data et l’IA constituent des volets centraux du plan stratégique de la Banque Postale avec un backlog de plus de 200 cas d’usage. Pour aligner projets data et plan stratégique, l’entreprise déploie une gouvernance distribuée.

CDO la Banque Postale, Matthieu Olivier

Matthieu Olivier, CDO de la Banque Postale

En mars 2021, la Banque Postale présentait son nouveau plan stratégique 2030. Son ambition : devenir la banque préférée des Français, qu’ils soient clients, citoyens ou collaborateurs.

L’opérationnalisation de ce plan repose sur 14 chantiers principaux, parmi lesquels figurent la donnée et l’intelligence artificielle. Pour mener ce volet Data, l’entreprise a mis sur pied un Data Office d’une trentaine de personnes et nommé un chief data officer, Matthieu Olivier.

Fédérer une communauté Data de 500 personnes

Cette direction de la Data a pour mission de fédérer les développements autour de quatre axes. Le premier est celui de la valorisation de la donnée. Pour cet axe, le data office dispose en central d’une dizaine de data scientists.

Ces compétences sont complétées par plus d’une centaine d’autres data scientists répartis au sein des différents métiers de la Banque Postale. Le Data Office a par ailleurs pour fonctions de piloter la gouvernance des données, de construire et maintenir un socle technologique et d’acculturer.

Quant au CDO, Matthieu Olivier, ses missions “sont de porter le plan stratégique, d’animer l’ensemble de la communauté data qui représente environ 500 personnes et de préparer le futur, à la fois sur le socle technologique, les modèles d’IA et la réglementation”, détaillait-il à l’occasion de la conférence Hubday Data & IA for Business.      

Sa feuille de route est d’ores et déjà bien remplie. Le chief data officer fait état d’un backlog de 200 à 300 cas d’usage sur la donnée et l’intelligence artificielle. L’ambition n’est toutefois pas seulement de multiplier les produits Data & IA. Il s’agit en effet d’aligner ces projets “sur le plan stratégique pour que chaque projet soit capable de générer de la valeur.”

Cette valeur pourra être de nature diverse : revenu, efficience, amélioration de la satisfaction clients et collaborateurs… Les projets doivent également s’inscrire “au service des actions citoyennes de l’entreprise, qui remplit des missions de service public.”

Une gouvernance distribuée en cours de mise en oeuvre

Matthieu Olivier souhaite également, comme ses homologues CDO dans d’autres organisations, impliquer l’ensemble des métiers et filiales de l’entreprise pour qu’ils puissent “être capables de générer de la valeur”.

La gouvernance est un des leviers mis en œuvre par le data office pour mener ce volet data de la transformation de la Banque Postale. “Nous sommes en train de développer une nouvelle gouvernance, un framework pour l’ensemble des projets, pour que dès le départ un projet porte sa scalabilité et s’inscrive dans une optique de génération de valeur”, déclare le CDO.

Cette gouvernance passe par une coopération à l’échelle de toute l’entreprise et au sein des équipes projet, pluridisciplinaires par nature. “Pour réaliser un projet data, il faut réunir des data scientists, des data ingénieurs, des métiers, des développeurs, tout le monde autour de la même table. La data est un sport d’équipe”, insiste Matthieu Olivier.

La Banque Postale entend ainsi mobiliser une communauté Data de 500 personnes au sein de l’organisation, avec bien sûr “des niveaux de maturité assez hétérogènes” entre les métiers et entités. Pour cela, l’entreprise s’appuiera sur une “gouvernance fédérale” ou “organisation distribuée” – telle que prônée par l’approche Data Mesh.

A l’équipe centrale s’ajoutent des responsables de la valorisation des données au sein de chacun des métiers de la banque. Le rôle du Data Office consistera dans cette gouvernance “à poser un cadre, le terrain de jeu, et à en fixer les limites et aussi les règles du jeu” pour orchestrer les interactions et la collaboration en interne.

150 collaborateurs réunis pour parler Data 2 fois par mois

Cette légitimité, le Data Office la développe notamment au travers d’actions visant à “communiquer, fédérer, acculturer.” Différents évènements sont organisés dans ce cadre, comme des rendez-vous intitulés “Parlons Data”.

Depuis plus de 6 mois, ils réunissent en hybride 150 personnes tous les 15 jours. L’objet : échanger sur un projet data en la présence du ou des porteurs du projet. Et ces initiatives sont multiples donc. Les projets portent sur les différents métiers et processus de la Banque Postale : marketing, lutte contre la fraude, conformité, AML…

“L’enjeu est d’arriver à ce que chacun des projets soit ancré sur le plan stratégique et génère de la valeur”, précise le chief data officer. Avant tout lancement est donc réalisée une mesure de la valeur et défini un axe de valeur (hausse du PNB, réduction des coûts, amélioration de la satisfaction client, etc.).

La complexité, souligne Matthieu Olivier, est de parvenir à concilier plusieurs temps. “Le challenge, c’est d’être en même temps capable d’anticiper le futur, de construire le présent, d’être très opérationnel, mais également de faire de la veille pour anticiper les mutations.”

Pour concilier ces enjeux, le Data Office installe un pôle de veille. Sa tâche sera d’aider l’entreprise à préparer les mutations à venir sur la data et l’IA. A cette même fin, il dispose déjà d’un pôle de recherche sur l’explicabilité des algorithmes dans la perspective de l’application de l’AI Act.

L’application de ce “RGPD bis”, tel que le qualifie le CDO, doit être préparée très en amont. “Chaque modèle devra être réplicable, auditable et partageable de manière simple et transparente”, anticipe-t-il. C’est pour cette raison, mais aussi dans le cadre de ses missions de service public, que la Banque Postale outille l’ensemble des data scientists. Objectif : concevoir une IA explicable et éthique.