Selon l’ESSEC et ses partenaires, 60 % des entreprises françaises ont entamé une réflexion stratégique sur l’intelligence artificielle. Un signe de maturité grandissante, mais freiné par une pénurie persistante de talents et des enjeux de souveraineté encore mal maîtrisés.
Le temps de la curiosité est passé : les entreprises françaises abordent désormais l’intelligence artificielle comme un sujet de stratégie. La troisième édition du Baromètre MetraData, publiée par l’ESSEC Business School avec Devoteam, Thales, Covéa, Nicomatic et Decathlon, révèle que six organisations sur dix ont entrepris l’analyse des opportunités offertes par l’IA à l’échelle stratégique. Mais la montée en puissance de l’IA générative, qui avait déclenché une vague d’expérimentations en 2024, semble marquer le pas. La prise de conscience reste forte, mais les entreprises peinent à passer à l’échelle : seules 9 % jugent disposer des compétences suffisantes pour exploiter pleinement ces technologies.
Gouvernance et souveraineté, nouveaux impératifs de l’IA
Derrière l’enthousiasme, un enjeu plus structurel s’impose : celui de la gouvernance de la donnée et de l’IA. Près de 60 % des entreprises ont défini ou amorcé des règles d’IA responsable, tandis que 76 % jugent la souveraineté numérique essentielle, notamment pour la protection des données sensibles et la conformité réglementaire. « Pas d’IA sans data », rappelle Laurent Chata, Partner Data & IA Strategy chez Devoteam, soulignant que la qualité, la traçabilité et la fiabilité des données conditionnent la réussite des projets. Ce constat fait écho aux exigences européennes en matière de transparence et de contrôle, alors que l’AI Act entre en application.
Le fossé entre ambitions et capacités
Si la maturité progresse, le décalage entre ambition et mise en œuvre demeure marqué. Les grandes entreprises intègrent plus largement l’IA dans leurs processus métiers, tandis que les PME privilégient des expérimentations ciblées dans leurs produits et services. La direction générale et les équipes IT restent les moteurs de cette transformation, mais la montée en compétences des collaborateurs s’impose comme un levier clé. « La gouvernance de la donnée et celle de l’IA convergent désormais vers un même objectif : garantir des usages fiables, explicables et responsables », explique Élise Van Gastel, responsable Data Management chez Covéa.
Une gouvernance encore en construction
L’étude montre aussi que la gouvernance de la donnée devient un enjeu transversal. Dans 40 % des entreprises, elle relève directement de la DSI, et plus de la moitié jugent le dialogue entre métiers et data officers “bon ou excellent”. Cette structuration progressive marque une évolution culturelle : l’IA n’est plus l’affaire des seuls techniciens, mais un pilier de compétitivité. Pour Stéphane Leroux (Thales), la lenteur de la mise en place organisationnelle n’est pas un retard, mais un signe d’ancrage durable. « C’est la montée en compétences sur les nouvelles technologies qui sera déterminante en 2026 », note-t-il. En toile de fond, le Baromètre MetraData 2025 témoigne d’un virage clair : les entreprises françaises ne voient plus l’IA comme une promesse technologique, mais comme un actif de souveraineté et de performance.
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