L’expert français du numérique annonce l’acquisition de l’américain WNS pour 3,3 milliards de dollars. Une opération stratégique pour Capgemini qui veut se positionner comme un acteur clé des “opérations intelligentes”, au croisement du BPO, de l’IA générative et de la transformation digitale sectorielle.
Capgemini frappe un grand coup dans le monde des services numériques en annonçant, ce lundi 7 juillet, l’acquisition de WNS, un spécialiste mondial des services externalisés et automatisés de gestion des processus métiers. Montant de l’opération : 3,3 milliards de dollars en numéraire, soit 76,50 dollars par action. Une prime de 28 % sur le cours moyen des trois derniers mois. Avec cette transaction, Capgemini signe l’un de ses plus gros rachats depuis Altran en 2019, et confirme sa stratégie de consolidation dans le domaine des « business process services » (BPS), à l’heure où l’intelligence artificielle redéfinit les contours de la transformation numérique.
Basé à New York mais enraciné historiquement en Inde, WNS emploie plus de 60 000 personnes et affiche une croissance annuelle de 9 % sur les cinq dernières années. Sa force : des revenus récurrents issus de contrats longs dans des secteurs très variés — de la banque à la grande distribution en passant par l’assurance et les compagnies aériennes. Avec une marge opérationnelle supérieure à 18 %, l’entreprise représente pour Capgemini un levier immédiat de croissance rentable, tout en ouvrant l’accès à de nouveaux clients dans des zones stratégiques comme les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Asie-Pacifique.
Pourquoi Capgemini se tourne vers WNS ?
L’opération répond à une attente croissante des clients : automatiser et fiabiliser les processus métiers dans un monde guidé par l’IA.
Cap sur les “opérations intelligentes”
Au-delà des chiffres, c’est une certaine vision de l’avenir des opérations qui se dessine. L’automatisation simple ne suffit plus. Capgemini parie sur l’émergence d’une nouvelle génération de services, plus intelligents, orchestrés par l’IA générative et les agents autonomes. Dans cette perspective, l’alignement stratégique avec WNS est presque naturel : les deux entreprises partagent une approche centrée sur la transformation des processus métiers de bout en bout, avec une forte appétence pour la technologie et la donnée. Aiman Ezzat, le directeur général de Capgemini, l’a d’ailleurs affirmé sans détour : cette acquisition vise à passer du BPS traditionnel à une nouvelle ère d’« opérations intelligentes », dopées à l’intelligence artificielle.
Une opération bien financée et approuvée par les conseils
L’opération a été approuvée à l’unanimité par les conseils d’administration des deux groupes. Elle sera mise en œuvre via un dispositif juridique de type scheme of arrangement, devant être validé par la justice de Jersey et les actionnaires de WNS. Capgemini a d’ores et déjà sécurisé un financement relais de 4 milliards d’euros, couvrant l’ensemble de l’opération, y compris le remboursement d’une émission obligataire de 800 millions d’euros qui arrive à échéance ce mois-ci. Le groupe prévoit de refinancer partiellement cette dette par une nouvelle émission obligataire, sans remettre en cause ses objectifs annuels.
Un marché du BPO en pleine mutation
La frontière entre externalisation, automatisation et intelligence des services devient floue.
Capgemini veut prendre la tête de cette recomposition.
Synergies attendues dès 2026
Les synergies attendues sont significatives, tant en termes de chiffre d’affaires que de réduction des coûts. D’ici fin 2027, Capgemini table sur 100 à 140 millions d’euros de revenus additionnels annuels, et entre 50 et 70 millions d’économies. L’impact sur le résultat net devrait se faire sentir dès 2026, avec une hausse de 4 % du bénéfice par action. Et 7 % à horizon 2027, une fois les synergies pleinement intégrées. Pour Capgemini, cette opération s’inscrit dans une stratégie claire de montée en gamme. Avec plus de 900 millions d’euros de contrats liés à l’IA générative signés en 2024 et 25 partenariats technologiques stratégiques actifs, le groupe entend bien consolider sa position parmi les leaders européens — et mondiaux — de la transformation numérique. WNS ne fait pas que renforcer son portefeuille de services : il l’ancre encore davantage dans l’ère post-cloud, celle des plateformes, des agents autonomes et des organisations intelligentes.
La finalisation de la transaction est attendue d’ici à la fin de l’année. Reste à orchestrer une intégration fluide, sans diluer les forces des deux entités. Une opération d’autant plus stratégique qu’elle pourrait bien redessiner les lignes du marché mondial de l’outsourcing, de plus en plus régi par les lois de l’automatisation intelligente.
