La société de transport maritime Brittany Ferries rejoint la liste des signataires du pacte européen pour l’IA en juin 2025. Anne-Laure Fabre, membre du Comité de gouvernance IA de Brittany Ferries, revient sur la gouvernance et les mesures mises en place pour acculturer ses employés à l’IA générative.
Embarquement immédiat, cap vers l’automatisation. La compagnie maritime française Brittany Ferries a signé le Pacte européen pour l’Intelligence Artificielle en juin 2025. Cet engagement permettra à l’entreprise de développer des cas d’usages avec l’IA générative cette fois-ci. En effet, la société de transport maritime possède déjà des modèles d’IA embarquée pour suivre sa flotte ou encore optimiser les traversées des navires. Désormais, toute la population de l’entreprise sera sensibilisée à l’IA générative et à ses biais. “Sauf les navigants avec lesquels on règle le problème de la connexion au webinaire à bord”, confie Anne-Laure Fabre, membre du Comité de gouvernance IA de Brittany Ferries.
Des agents conversationnels créés par les professionnels eux-mêmes
Le reste du personnel sera acculturé à l’IA générative, puis chargé de trouver des applications de cette technologie à leurs métiers. Une promotion de 65 personnes a déjà été formée pendant 10 mois. “Au début, le niveau était hétérogène, certaines personnes n’avaient jamais entendu parler de l’IA, d’autres faisaient tout avec”, raconte Anne-Laure Fabre.
Les professionnels, originaires de tous les secteurs de la société, ont trouvé des cas d’usages en interne : des agents conversationnels créés grâce à la plateforme Conjecto. De quoi gagner en productivité pour les chefs de projet par exemple. Chargés de concevoir des newsletters sur l’avancée d’une initiative, ils peuvent maintenant se reposer sur un outil les rédigeant automatiquement, une fois les documents déposés sur leur cloud.
La mise en commun pour inspirer des initiatives
Bientôt, les différents cas d’usage seront réunis sur une plateforme utilisant un LLM on-premise, pour une confidentialité accrue. En attendant, les résultats des travaux des apprenants sont régulièrement partagés pour montrer la voie aux autres collaborateurs. Il ne s’agit pas de leur seule source d’inspiration. Une autre initiative a engendré de nouvelles idées d’applications, bien qu’il ne s’agisse pas de son utilité première. Le logo de transparence, précisant que l’IA a été utilisée pour rédiger un document par exemple, a engendré de nombreuses questions entre les collaborateurs, les aidant à mieux saisir les usages concrets de la technologie. “C’est un cercle vertueux, en plus d’aider à lutter contre le shadow IA ”, commente Anne-Laure Fabre. Au niveau européen aussi, les cas d’usage sont présentés lors de réunions trimestrielles réunissant tous les signataires du pacte.
Évaluer l’impact environnemental
Le pacte européen pour l’IA amène aussi à proposer une stratégie de gouvernance, pour encadrer les usages. “Le comité autorise l’usage de toutes les modèles d’IA, mais on déconseille DeepSeek”, précise Anne-Laure Fabre. Tous les usages d’IA en interne sont recensés et régulièrement audités. “Nous évaluons l’impact environnemental de nos projets d’IA comme le prévoie la norme Afnor sur l’IA frugale”, ajoute-t-elle. Les IA génératives consommant trop d’énergies par rapport aux nombres de personnes en bénéficiant ne seront pas maintenues. Les autres sont remises à jour tous les 6 mois par une équipe informatique. De nouvelles applications de l’IA, non générative, seront mises place par la suite pour participer à la décarbonisation de l’entreprise comme l’optimisation du carburant utilisé.
