Avec le chiffrement ubiquitaire, Cosmian veut sécuriser la banque et la santé 

Après une levée de fonds de 4 millions d’euros en mai dernier, Cosmian souhaite accentuer son développement commercial en se reposant sur le chiffrement ubiquitaire. Une technique permettant de “chiffrer les données partout et tout le temps”. 

ChiffrementNombreuses sont les techniques de chiffrement pour tenter de sécuriser au maximum les données. Mais ces technologies évoluent au fur à mesures des avancées de la recherche. Née il y a quatre ans, l’entreprise Cosmian a créé des solutions qui, elles, reposent sur du chiffrement ubiquitaire. “On arrive aujourd’hui à chiffrer les données partout et tout le temps. Cela repose sur des techniques de chiffrement de cryptographie modernes et avancées, qui ont moins de dix ans”, assure Sandrine Murcia, co-fondatrice et CEO de Cosmian. A partir de ses recherches, la start-up a levé en mai dernier, près de 4 millions d’euros. 

“Les précédentes techniques étaient conçues pour sécuriser des bases de données, indique Sandrine Murcia. Ce qui change aujourd’hui, c’est qu’on travaille beaucoup dans le cloud et sur du big data. Cela amène des enjeux de sécurité et de performance qui ne sont pas toujours très bien couverts par les solutions habituelles”. Elle ajoute également que les avancées de la recherche sont très rapides : “Il y a des choses qu’on peut faire aujourd’hui et qu’on ne pouvait pas faire il y a quatre ans. Sur du big data, la donnée est utilisée en permanence. Il faut donc que le système puisse tourner quasiment aussi rapidement que si la donnée était en clair”. L’un des plus grands enjeux du chiffrement ces dernières années est en effet d’assurer la sécurité, sans compromettre les possibilités d’analyse rapide des données, une gageure pour beaucoup d’organisations.

Un développement prioritaire sur des secteurs sensibles 

Stratégiquement, la start-up se lance d’abord sur le domaine bancaire mais également dans la santé. “Historiquement, ces deux domaines concernent des données très sensibles et qui sont particulièrement sollicitées en termes d’utilisation, note la CEO de Cosmian. On voulait réconcilier l’usage intensif de la donnée sensible avec une sécurité maximale, sans compromis. On a vu que ça répondait bien”. Ainsi, de nouveaux produits permettent de sécuriser les données dans le cloud en s’assurant également que celui-ci ne va rien apprendre ni des données, ni de la manière dont elles sont utilisées. 

Dans le secteur de la santé, sécuriser l’ensemble des plateformes est un réel défi pour certaines entreprises de la tech. Au printemps dernier, une enquête a révélé qu’une poignée d’employés de Doctolib pouvait avoir accès aux rendez-vous des utilisateurs du site. Et ce malgré une volonté de sécuriser les données au maximum avec du chiffrement de bout en bout. “Le chiffrement de bout en bout atteint ses limites par rapport aux technologies de cryptographies modernes, indique Sandrine Murcia. Quand l’environnement évolue ce n’est plus forcément la technique la plus adaptée. De plus, il est aujourd’hui possible d’introduire dans le chiffrement, une politique d’accès en décidant de qui peut voir les données. Il est moins utile d’avoir des tonnes de clefs comme l’exige le chiffrement de bout en bout”. 

Le chiffrement, un marché spécifique de la cyber 

Sur ce marché spécifique de la cyber qu’est le chiffrement, Sandrine Murcia indique aujourd’hui ne pas sentir la fragmentation et la coexistence de nombreuses offres qui complexifient le reste du marché et le choix des entreprises. Elle compte d’ailleurs sur ces produits “encore rares sur le marché européen”, pour convaincre. “Nos premiers rendez-vous dans les entreprises sont directement avec les patrons de la cybersécurité. Ils comprennent très vite ce qu’on fait parce qu’ils connaissent très bien les limites de ce qu’ils peuvent faire, indique-t-elle. On rencontre des gens qui veulent qu’on se différencie sur le produit”.

A l’heure actuelle, Cosmian discute avec plusieurs groupes pour proposer ses produits et veut accentuer son développement commercial. Après une levée de fonds de 4 millions d’euros conclue en mai dernier, des investissements vont également être fait sur l’amélioration de la solution. “On a plusieurs projets chez des clients en production ou pré-production et on devrait bientôt passer à la phase d’industrialisation. Ça demande beaucoup de « ressources produit », confie Sandrine Murcia. Mais maintenant qu’on a bien cerné les besoins chez nos clients actuels, on doit aller voir tous les autres dont on sait qu’ils ont des sujets analogues. Il faut qu’on développe cela en recrutant”. Ainsi, en 2023, l’entreprise va faire gonfler son contingent d’une vingtaine d’employés. La CEO de Cosmian tempère tout de même et ne veut pas se laisser prendre au piège de l’hyper-croissance : « Nous ne sommes pas une entreprise qui a vocation à passer à 100 employés trop rapidement”.