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Cigref 2040 : souveraineté numérique, IA agentique et résilience au cœur de la stratégie française

 

À l’occasion de son assemblée générale, le Cigref a réuni ses membres ainsi que la nouvelle ministre déléguée à l’IA et leur a présenté son rapport d’orientation stratégique jusqu’à 2040. L’occasion d’aborder les enjeux de souveraineté, de cybersécurité et leurs recommandations au sujet des technologies émergentes comme le quantique ou l’IA agentique.

 

Cap vers 2040. L’association des grandes entreprises utilisatrices du numérique, le Cigref, a convié ce 15 octobre son écosystème de DSI des plus grandes organisations françaises à Paris pour présenter son rapport d’orientation stratégique “archétype de la fonction numérique à l’horizon 2040”. Dans la salle semblable à une verrière, les prestigieux intervenants ont défilé pour s’exprimer sur les nouvelles frontières de la compétitivité numérique. Parmi eux, la nouvelle ministre déléguée à l’IA, Anne Le Hénanff, a donné sa première allocution publique depuis sa nomination il y a trois jours. Cheveux blonds coupés courts, elle arborait un pin’s de l’Équipe de France du Numérique sur un blazer coloré, comme un hommage discret à sa prédécesseuse Clara Chappaz. “Le numérique est la colonne vertébrale de la compétitivité, de la souveraineté et de la durabilité de notre modèle économique”, a-t-elle déclaré. À ce titre, elle a annoncé souhaiter “amplifier” l’initiative Osez l’IA, pour répondre au “premier enjeu : la diffusion de l’IA dans toute l’économie”. “Nous avons des technologies matures, l’enjeu n’est plus de démontrer mais de déployer”, a-t-elle résumé avant d’aborder longuement l’enjeu de la dépendance technologique. “Comme l’a rappelé le rapport Draghi, le déficit de la croissance de l’Europe tient en grande partie à notre retard numérique et à notre dépendance envers les technologies extra-européennes”. D’un ton grave, elle a pointé l’importance des solutions cloud immunisées contre les lois extraterritoriales, mais le sujet qui a déclenché le plus de réactions fut celui de la commande publique. “Je souhaite m’engager devant vous sur l’exemplarité de la commande publique. L’État doit montrer l’exemple”, a déclaré la ministre sous une salve d’applaudissements et de murmures approbateurs.

 

Des bouleversements à venir

 

Les entreprises privées ont, elles aussi, été appelées à acheter français et européen pour “bâtir une résilience et une autonomie stratégique”, selon les mots du président du Cigref, Emmanuel Sardet. Un objectif exposé dans son rapport d’orientation stratégique. Le document a d’ailleurs été remis au sénateur et président de la Commission supérieure du numérique et des postes, Damien Michallet, au cours d’un échange cérémonieux et ponctué d’applaudissements polis. L’ouvrage d’une centaine de pages dévoile des conseils précieux pour implémenter l’IA Act dans les organisations, mais aussi des prédictions sur les prochaines évolutions pour les entreprises. Entre autres, l’évolution du rôle des DSI : “les patrons tech vont devoir orchestrer des entités et des labs à travers l’ensemble de l’entreprise. Les DSI vont évoluer pour devenir aussi des patrons business”, a expliqué Yves Bernaert, membre du Conseil d’orientation stratégique du Cigref. Le rapport mise aussi sur un renversement total de notre système économique causé par l’IA agentique. « Demain, et déjà un peu aujourd’hui, la valorisation des entreprises dépend de votre capacité à montrer que vous allez avoir toutes les données requises pour que les algorithmes fonctionnent au mieux”, a ajouté Yves Bernaert. Autre nouvel avantage compétitif, la capacité d’une entreprise à démontrer sa cyber résilience : “cela va être une attente des investisseurs, des clients et globalement à tous les niveaux de la chaîne de valeur”, a précisé le directeur général de l’Anssi, Vincent Strubel. Celui-ci a aussi alerté sur la possible arrivée, constatée par le ministère des Armées, d’un “conflit armé à l’horizon 2030, doublé d’une tempête de menaces hybrides au sens large, dont la cybersécurité”. De quoi renforcer l’enjeu de la sécurité dans l’esprit de tous les DSI dans un contexte d’intensification des cyberattaques.

 

Et des technologies à suivre

 

Vincent Strubel a aussi doublé son inergention d’une recommandation : “prendre le virage quantique dès maintenant sous peine de perdre un levier d’action en termes de résilience”. D’autres technologies émergentes ont également été mentionnées lors de l’évènement. C’est le cas de l’IA agentique, dont l’adoption a été relativisée par Etienne Grass, directeur générale de l’IA chez Cap Gemini, qui constate “un temps de démarrage long”. Parmi les projets IA de leurs clients, seulement 1% utilisent l’IA agentique sous la forme d’un workflow complet, avec 7 ou 8 actions successives. Il recommande aux professionnels de s’atteler à mettre en place des POC car “il faut faire pour savoir”. Un conseil pris au sérieux par Sodexo, déjà en avance sur le sujet. Alice Guennec, directrice Tech Data & Digital du groupe de restauration, explique devoir “s’adapter en permanence aux nouveaux services proposés par le numérique, et le plus rapidement possible” face à la compétitivité mondiale. Elle rappelle que cette compétition mondiale est aussi une guerre des talents et n’a pas hésité à interpeller la ministre Anne Le Hénanff au sujet de l’importance de la formation. “Le numérique, ce sont d’abord des mathématiques et tant qu’on ne mettra pas les mathématiques au centre de l’éducation nationale, on aura un problème de talents en France”, a-t-elle conclu, provoquant la plus forte salve d’applaudissements de la soirée.

 

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