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Commande publique : nos PME et ETI ont du talent, alors utilisons-le !

 

Dans cette chronique d’invité, Stéphane Blanc, président-fondateur d’AntemetA, apostrophe les décideurs publics afin qu’ils prennent la mesure des difficultés qu’ont les PME innovantes de la tech française pour accéder aux marchés publics.

 

La France a du talent. Elle dispose d’un écosystème numérique riche, porté par des PME et des ETI innovantes, solides, prêtes à répondre aux grands défis de notre époque : le cloud, la cybersécurité, l’intelligence artificielle. Et pourtant, elles restent le “parent pauvre” des marchés publics. En 2023, les dix premières ESN ont concentré près de 1,5 milliard d’euros de commande informatique de l’État — soit 40 % du budget public IT et télécoms. Pas une seule PME ou ETI de moins de 250 millions d’euros ne figure dans les 30 premiers fournisseurs. Ce constat est révélateur d’un système qui empêche les entreprises françaises à taille humaine d’accéder aux marchés stratégiques, là même où se joue notre souveraineté numérique.

 

Marchés publics, un handicap d’office pour les PME et ETI

 

Et ce ne sont ni les opportunités ni les besoins qui manquent. Ce qui fait défaut, c’est la manière dont les marchés publics sont conçus : des appels d’offres taillés pour les grands groupes, des seuils financiers dissuasifs, et trop peu d’allotissements adaptés aux capacités des PME. Tout, dans l’architecture actuelle, freine l’accès des entreprises françaises au profit d’acteurs plus puissants, souvent étrangers. À cela s’ajoute une autre réalité inquiétante : aujourd’hui, rien n’oblige un acheteur public à se tourner vers une entreprise française ou européenne, même pour des sujets aussi sensibles que la cybersécurité ou le cloud. Nous confions nos données les plus critiques, issues de nos hôpitaux, collectivités ou ministères, à des prestataires hors d’Europe, parfois soumis à des législations extraterritoriales comme le Cloud Act.

 

Remettre les PME-ETI au cœur de l’équation de la souveraineté

 

À l’étranger, certains États ont pris la mesure de cet enjeu. Aux États-Unis, le Small Business Act impose une part réservée aux PME nationales dans les achats publics. En France, si la volonté politique semble exister avec les plans France 2030 et les centres d’excellence, nos champions numériques restent marginalisés. Nous avons les talents, les compétences, les solutions. Nous avons les moyens de construire des modèles numériques souverains, disruptifs, capables de rivaliser avec les géants mondiaux. Ce qu’il nous manque, c’est une décision politique forte.

 

Une séquence politique cruciale

 

La commission d’enquête parlementaire en cours sur l’attribution des contrats publics dans le numérique, représente à cet égard une opportunité de faire entendre notre voix. En mettant en lumière les pratiques actuelles, elle offre une occasion unique de repenser notre stratégie nationale, en cohérence avec les objectifs de résilience, de compétitivité et d’indépendance technologique. Nous espérons que cette initiative parlementaire ouvrira la voie à des décisions concrètes, structurantes et durables. Nos PME et ETI sont prêtes. Elles attendent simplement que les conditions d’un accès juste et transparent leur soient garanties. Offrir à nos entreprises les moyens de contribuer à la commande publique ne relève pas du soutien ponctuel. C’est un acte de souveraineté, une urgence économique, une responsabilité collective.

 

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