Deeptech : accompagnement et stratégie des start-ups

 

Lors du salon BIG 2025 (The big gathering of entrepreneurs in France) organisé par Bpi France, Romain Roullois, Directeur général de France Deeptech, explique comment structurer l’écosystème deeptech français, soutenir les start-ups et penser global à l’échelle européenne dans un contexte budgétaire complexe.

 

Quels sont les grands enjeux de France Deeptech ?

Les enjeux majeurs pour France Deeptech sont d’abord de rassembler l’ensemble de l’écosystème dans sa diversité : start-ups, fonds, organismes de recherche et grands groupes. En facilitant les rencontres entre ces acteurs, on favorise la compréhension mutuelle et la mise en place de collaborations concrètes qu’il s’agisse de POC industriels, de partenariats commerciaux ou d’investissements. Le second grand enjeu réside dans la promotion et la défense de l’écosystème deeptech, dans un contexte budgétaire contraint. France Deeptech agit comme relais auprès des pouvoirs publics, des cabinets ministériels, des administrations et des parlementaires pour sensibiliser à l’importance stratégique de l’entrepreneuriat deeptech. Il s’agit de rappeler son rôle clé pour la souveraineté technologique, la création d’emplois industriels et la valeur ajoutée sur le territoire français.

 

Que retenir de la table ronde “Investing in deep tech: supporting our gems in service of the industry of tomorrow” à laquelle vous avez participé ?

Ce panel était particulièrement riche, réunissant la DGE, un fonds français à ancrage régional et un fonds américain positionné sur des tours de table plus avancés. Cette complémentarité illustre bien l’un des sujets centraux : la nécessité de structurer la chaîne de financement sur la partie venture growth. La France dispose aujourd’hui d’un écosystème solide pour le financement en early stage. Mais pour assurer la pérennité des entreprises et la continuité de l’emploi, il faut permettre aux start-ups deeptech de trouver des financements plus importants à des stades ultérieurs. C’est essentiel non seulement pour les start-ups, mais aussi pour les fonds, qui doivent pouvoir valoriser leurs prises de risque initiales.

 

 

Quels conseils donneriez-vous aux start-ups deeptech françaises ?

Nous avons en France des laboratoires de recherche d’excellence, et il faut réussir à transformer cette qualité scientifique en avantage compétitif mondial. Les technologies de pointe issues du quantique, de la biologie ou des semi-conducteurs doivent être intégrées très tôt dans un plan de développement international. Cela suppose de penser dès le départ à une stratégie de déploiement global, aux États-Unis, en Asie, ou à l’échelle européenne, et d’y associer une réflexion business solide : quels marchés cibler, quels verrous lever, comment organiser sa croissance. Les fondateurs doivent aussi anticiper la construction de leur equity story, c’est-à-dire planifier leurs levées de fonds successives pour soutenir leur développement sur la durée.

 

La deeptech doit-elle adopter une vision européenne ?

Oui, absolument. Raisonner à l’échelle européenne est indispensable pour permettre aux entreprises deeptech de tirer leur épingle du jeu sur la scène internationale. C’est la seule manière de rivaliser avec des marchés plus unifiés comme celui des États-Unis. Cependant, le marché européen reste fragmenté, tant sur le plan culturel que sur celui du financement. Certains pays, comme la France, l’Allemagne ou les pays nordiques, disposent de capitaux, mais pas encore de fonds aux poches suffisamment profondes pour répondre aux besoins spécifiques de la deeptech. Structurer un véritable marché de capitaux européen serait donc un levier déterminant pour la croissance et la souveraineté technologique du continent.