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[Chronique] La donnée n’est-elle qu’un actif immatériel ?

La donnée nest-elle quun actif immatériel

Dans sa nouvelle chronique, Henry Schwartz établit un parallèle entre ses réflexions sur le développement durable et sur l’idée que les données ne seraient qu’un actif immatériel pour l’entreprise.

Lors d’une intervention sur les enjeux juridiques et éthiques de l’exploitation des données appliquées à l’immobilier et aux territoires au sein d’un Mastère Spécialisé d’une école d’ingénieur, j’évoquais quelques points de vigilance. Pour l’un d’entre eux, j’étayais mon raisonnement en le reliant au Développement Durable (DD) qui amène à affirmer positivement ce qui ne l’est pas (et inversement).

En cette même période, une tribune publiée dans le quotidien Les Échos soulignait que « les responsables RSE doivent cesser de cautionner l’illusion de l’équilibre des 3 cercles du DD ». 

Cette formulation conséquente qui exprime la distinction entre le fait de prendre conscience de l’illusion et celui de l’avaliser durablement, est d’autant plus intéressante à mes yeux que j’analyse maintenant depuis plus de 10 années la manière dont l’inconcevabilité du DD (exigeant de la neutralité) imprègne la société et s’illustre, entre autres, dans les offres et services depuis et à destination des décideurs publics et privés et de leurs équipes, pour mieux les accompagner. Qu’il s’agisse de RSE, communication, management, outils numériques, énergie, constitution de consortium, santé, etc., le DD influence profondément, qu’il soit mentionné ou tu.

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Spinoza

Il y a 350 années environ, Spinoza ne prenait pas le DD pour exemple mais l’ « incorporel » qui, selon les traductions, devient l’ « immatériel ». Alors que le premier s’est vu offrir une tonalité positive pour une réalité in fine négative, l’immatériel a connu le phénomène inverse selon le philosophe.

Tout cela serait l’oeuvre de l’imagination qui favorise certaines conceptions en les présentant à l’esprit en premier. Une idée a ainsi plus de chance d’être exprimée positivement lorsqu’on lui confère de la consistance, de la matière, du corps. Le DD a bénéficié de l’image des arbres, du bâtiment, de la Terre.

La data : un actif immatériel

Les actifs immatériels représenteraient en moyenne 60% à 80% de la valeur des entreprises, ou entre 50% et 70%, ou encore entre 60% et 90%, ou tout simplement «jusqu’à 80% ou 90% » selon le message des parties. Il arrive aussi que le pourcentage soit fixé à 80%.

Pluriels et divers, ces actifs sont organisés en catégories qui varient en raison des ambiguïtés du concept. Ainsi, des acteurs répartissent les actifs au sein de 3 catégories : le capital humain, le capital organisationnel ou structurel, et le capital relationnel ; quand d’autres les ordonnent à travers 4 catégories en réunissant par exemple le capital humain avec le capital relationnel tout en supprimant le capital organisationnel. D’autres acteurs s’affranchissent de ce processus.

Quelle que soit la décomposition du capital, les actifs immatériels (valeurs, formation, compétences,  expérience, gouvernance, propriété intellectuelle, communication, marque, clients, partenaires, réputation, etc.) partageraient tous une caractéristique essentielle : l’absence de substance physique.

L’organisationnel ? Le relationnel ? Le numérique ? L’innovation… ? Les richesses qui participent à définir le capital immatériel sont invisibles.

Telle est aussi la caractéristique attribuée à la donnée, laquelle est communément définie comme un actif immatériel stratégique.

©CNIL

Je suis une data

Le 28 janvier est la journée européenne de la protection des données à caractère personnel (Data Privacy Day). C’est aussi à cette occasion que l’association UFC-Que Choisir a lancé cette année une campagne de mobilisation #JeNeSuisPasUneData. Une autre manière d’affirmer que nous en sommes.

Marc Pelletier (illustration de la CNIL) est bien une data mais il ne peut pas être réduit à cet état pour autant. Marc Pelletier n’échappera pas à sa condition de « data », toutefois, il est une richesse visible et n’est donc pas qu’un actif immatériel. Lorsque, par le capital humain, il est entendu « tout ce qui est dans la tête des collaborateurs », il n’est pas exagéré de souligner l’existence concrète de la tête elle-même !

Si l’immatériel est un pari, Marc Pelletier aussi

Dès qu’on s’éloigne d’expertises ciblées – dont la qualité est laissée à la discrétion de parties – sur quelques actifs, pour toucher la promotion du concept de capital immatériel et/ou des actifs au sens large, un terme apparait régulièrement : celui de « pari ». Il faut parier sur les actifs, des entreprises parient sur les actifs. La tonalité est brutale.

Celles et ceux qui me lisent savent que le mot « folies », qui sert de titre et de fil rouge à ces chroniques, me permet de traiter intellectuellement ce qui pourrait être abordé moralement : telle est mon éthique. Moi-même je fus qualifié de « pari » il y a plusieurs années lorsque j’évoquais les problématiques et les impasses du Développement Durable et la valorisation de celles-ci par l’immatériel. En ce qui me concerne il n’y a pas de pari, puisque j’aborde la confusion du concept et son empreinte concrète, au-delà donc d’une pensée binaire. Mais l’’attention est naturellement à diriger ailleurs : en l’espèce, que l’on privilégie l’entrée par la data, les compétences, les valeurs, la gouvernance ou les actifs au sens large, on parie donc sur des femmes et des hommes. Parier sur des données revient donc à parier sur Marc Pelletier. Et de ces paris résulte la création de valeur.

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