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Après une année 2023 musclée, les DSI à un tournant pour préparer l’avenir

les DSI à un tournant pour préparer l’avenir

L’année passée n’a pas démenti la bonne santé du secteur numérique. L’IA, le cloud et la cybersécurité tirent un secteur qui se réinvente sans cesse, en témoignent les changements organisationnels, stratégiques et politiques opérés dans les DSI de nombre d’entreprises.

L’année 2023 restera sans doute comme celle de la troisième révolution de l’IA, de loin la plus disruptive dans les entreprises. Dès 1956, c’est la première modélisation de neurones à la conférence de Darmouth aux Etats-Unis qui ouvre le champ des possibles. En 2012, la startup de Geoffrey Hinton, spécialiste de psychologie cognitive et colauréat du prix Turing en 2018, améliore considérablement la précision de la vision par ordinateur lors d’un concours. Mais surtout, l’année dernière, l’IA, et particulièrement celle générative, s’est envolée avec une croissance du marché de plus de 25 % par rapport à 2022 selon le Syntec numérique, un des syndicats de la profession.

Et on prête à cette technologie les perspectives les plus réjouissantes si l’on en croit les études prospectives qui lui promettent de doubler dans trois, quatre ou cinq ans, un chiffre d’affaires mondial estimé à 240 milliards en 2023 avec 250 millions d’utilisateurs, selon le cabinet d’audit PwC. Puisque le cloud, qui a vu son marché français progresser de 15% selon le cabinet d’études IDC, et la cybersécurité, qui enregistre +20% d’incidents de sécurité selon l’Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), continuent de suivre la cadence, l’IT ne cesse d’occuper une place de plus en plus prépondérante dans les entreprises. Au total, le marché hexagonal de l’IT avec ses 65 milliards d’euros de chiffres d’affaires avec une progression de 6,3 % sur un an compte désormais pour 4,5% du PIB de la France, selon Numeum, un autre des syndicats des professionnels du numérique.

Changements de têtes dans l’IT

Quand on regarde du côté des grandes entreprises françaises, ces chiffres s’accompagnent d’une nette augmentation de la prise de responsabilité des départements IT, avec une multiplication des changements à leur tête pour amorcer de nouvelles politiques de transformation.

Les exemples ne manquent pas. Bruno Delas est ainsi devenu DSI groupe de la Société générale à la suite d’une promotion et un vaste remaniement interne. Il demeure membre du comité de direction. Il a pour mission « de favoriser la mutualisation et de renforcer la sécurité et l’efficacité opérationnelle de plateformes du groupe », selon un communiqué de la banque. Thomas Darbois, ex-Bolloré Transport & Logistics, a pris, lui, la tête de la Stime, l’imposante entité qui sert de direction des systèmes d’information au groupement Les Mousquetaires. Cyril Jouan, ex-Gartner, a de son côté été nommé directeur de la transformation numérique chez l’éco-organisme Ecosystem. Son but : rendre cohérent, fiable et robuste les données collectées, analysées et diffusées, tout en sensibilisant aux économies énergétiques du numérique. Chacun sa feuille de route, mais avec chaque fois l’ambition d’installer le numérique de façon plus transversale dans l’organisation…

Stratégies organisationnelles

Même sans nouvelles têtes, d’autres entreprises revoient les plans de leur organisation. Lors du salon de Tech for Retail de novembre dernier, Franck Le Moal, CIO de LVMH depuis de nombreuses années, à la tête de 3 000 spécialistes IT, a détaillé une panoplie de mesures pour « aider à la performance des magasins », « améliorer le supply chain et la logistique » et même « le cycle de développement du produit », autrement dit mettre le numérique toujours plus au service des nombreux producteurs et artisans qui travaillent pour le groupe de luxe. Chez Carrefour, le volet digital du plan de transformation à l’horizon 2026 a démarré sous les auspices de Sylvain Géron, DSI France. Son objectif est de placer l’IT au service des clients et de la performance interne. Du côté d’EDF, la transformation numérique est clamée comme inséparable de la transition énergétique par Vincent Niebel, DSI groupe.

En ce qui concerne le recrutement, le marché continue d’être tendu, après une année 2022 exceptionnelle en termes d’emplois IT créés. La pénurie de candidats est toujours d’actualité et l’an passé, les tensions ont été plus fortes, rendant plus complexes les enjeux de transformation. Les métiers à succès restent dominés, selon le baromètre 2023 de l’Apec, par les développeurs qui demeurent sans surprise les professionnels les plus recrutés avec 31 258 postes créés, suivis loin derrière relativement, mais convenablement dans l’absolu, par les 10 988 postes de chef informatique et les 8 730 emplois d’ingénieurs en études et développement informatique. Mais ces acteurs clés au sein des DSI vont être profondément bousculés par l’intelligence artificielle dans les mois à venir, avec des impacts sur les plans de recrutement et l’organisation du travail.

Un observatoire des DSI nouvellement créé

Le poste de DSI se retrouve donc de facto au carrefour des ambitions des entreprises. Dans une économie mondiale dominée par les 7 magnifiques (Microsoft, Apple, Amazon, Alphabet, Meta, Tesla, et Nvidia, chouchou des investisseurs) dont les autres grandes entreprises cherchent à copier les manière de produire, de transporter, de vendre…  l’adaptation demande aux DSI de faire changer le numérique de place dans leurs organisation. Quitte, peut-être, à devenir plus qu’un simple directeur des systèmes d’information pour s’imposer comme directeur du numérique.

Jusqu’à quel point peut-il transformer ? Quel est son poids réel au Comex ?  Où peut-il aller chercher l’innovation et comment pourra-t-il l’industrialiser ? Tout au long de l’année 2024, Alliancy va interviewer des DSI stratèges afin qu’ils livrent leur vision de ce qui arrive rapidement au cœur des entreprises. L’observatoire What’s next, CIO, permettra aux agents du changement du numérique dans les organisations de confronter leurs pratiques et d’anticiper les changements structurants à venir. Avec une première rencontre le 28 février prochain, consacrée aux nouveaux partenariats de valeur à imaginer avec les métiers à l’ère de l’IA générative.

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