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Enjeux technologiques, attractivité, ouverture… Le DSI de l’Urssaf “casse l’image” associée aux grandes organisations publiques

Jean-Baptiste Courouble mène la transformation numérique de l’Urssaf Caisse Nationale depuis une décennie. A ce titre, il a une vision complète des sujets les plus à même d’attirer des talents du numérique au sein de l’organisation, mais aussi des efforts à faire pour changer l’image de son entreprise.

Cet article est extrait de l’enquête spéciale « Comment l’Urssaf se donne les moyens pour séduire les talents ? »

Jean-Baptiste Courouble, DSI de l’Urssaf

Alliancy. En tant que DSI de l’Urssaf Caisse Nationale, vous avez joué un rôle central pour ouvrir les portes de l’entreprises aux journalistes d’Alliancy, dans le cadre de cette enquête spéciale. Pourquoi vous paraissait-il important de jouer le jeu de cette manière ?

Jean-Baptiste Courouble. L’Urssaf est actuellement dans une période charnière. En effet, nous sommes dans une année de travail majeure sur nos ambitions, car nous préparons notre prochaine COG (Convention d’objectif et de gestion, NDLR) qui fixe avec l’Etat nos enjeux et moyens, tous les cinq ans. Cette période est donc très propice à favoriser les réflexions de fond, notamment sur le thème de l’attractivité de nos métiers du numérique, qui est au cœur de l’enquête. Nous avions déjà eu de bonnes expériences pour nous « ouvrir » ainsi à des acteurs de l’écosystème, par exemple avec Numeum, le syndicat professionnel de l’industrie du numérique. Dans l’absolu, nous cherchons à casser cette image qui voudrait que les grandes organisations publiques ne soient pas ouvertes aux expérimentations, à la co-production avec des acteurs innovants sur des sujets variés, et aux nouvelles opportunités. Qui plus est, à titre personnel, je cherche à construire un écosystème autour de nos équipes dédiées au numérique, sur des sujets aussi variés que l’IA, la data, le cloud… pour montrer qu’il y a chez nous une « matière première » exceptionnelle à exploiter, que l’on ne trouve nulle part ailleurs.

Comment résumer l’enjeu de l’Urssaf en matière d’attractivité des talents du numérique ?

Le sujet principal c’est évidemment la « guerre des talents ». Cette enquête est l’occasion de montrer l’étendue des sujets que nous traitons au sein de l’Urssaf, leur criticité et technicité. Autant de sujets sur lesquels nous avons envie de montrer notre excellence, compte tenu à la fois des attentes actuelles des usagers et du contexte politique global.

Ma conviction, c’est que pour encourager une performance supplémentaire, une organisation a besoin d’intégrer en permanence du sang neuf, afin de ne pas laisser s’installer un entre-soi qui peut engourdir les motivations et l’apparition de nouvelles idées. De plus, il faut être réaliste, l’Urssaf aussi commence à être confronté à un certain turn-over, ce qui n’était pas le cas par le passé. Les jeunes aujourd’hui ont envie de faire des carrières éclectiques, de multiplier les expériences, donc le vieil argument de la « sécurité de l’emploi », propre au secteur public, a beaucoup moins d’impact. Mais cela ne veut pas dire que nous n’avons rien d’autre à proposer, bien au contraire ! La variété des projets que nous portons et leur impact sur la société sont des facteurs d’attractivité qui peuvent faire la différence.

Justement, quel est le message qu’il vous parait essentiel de faire passer aux talents du numérique qui (re)découvrirait l’Urssaf ?

L’Urssaf, ce n’est pas qu’une mission de collecte de cotisations sociales ! Encore trop souvent, les gens ne se rendent pas compte que nous déployons une large offre de services notamment pour aider à la création d’entreprises et au développement d’activités. Cela permet de mettre en œuvre un ensemble de projets qui couvrent à peu près tout ce que l’on peut imaginer dans le paysage numérique moderne. Pour y parvenir, et nous adresser ainsi à 10 millions d’entreprises et 25 millions de salariés, nous avons un back office et des gisements de données à exploiter, très importants. Et nos impératifs de time-to-market sont les mêmes que ceux d’entreprises innovantes, car les gouvernements ne sont plus prêts à attendre un ou deux ans pour voir un service émerger. Il suffit de regarder la vitesse à laquelle nous avons pu réagir pendant la crise pandémique pour s’en convaincre. Notre défi permanent, c’est donc l’agilité et la rapidité : nous changeons nos façons de penser et de développer. Typiquement pour une DSI cela veut dire assumer complètement un fonctionnement dit « DevSecOps ».

Par ailleurs, nous avons une nécessité de performance sur l’accompagnement des usagers, qui ont légitimement une grande exigence sur la qualité des services que nous délivrons. Nous devons à la fois nous adresser aux grands groupes aux services RH conséquents, qu’aux autoentrepreneur qui ne doivent pas souffrir de la législation française en matière de cotisation sociale, ou encore quelqu’un qui emploierait du personnel de maison. Cela demande des parcours utilisateurs précis et de haut niveau.

Lors de notre enquête, vous avez aussi insisté sur l’importance de l’ouverture de votre organisation…

Oui, car nous avons un écosystème très riche qui existe tout autour de nous, constitué d’acteur publics et privés, qui amènent de multiples opportunités de collaborations (LIEN INFOGRAPHIE). Et la plupart d’entre elles impliquent des expertises technologiques de haut niveau. Pour nos collaborateurs, cela représente aussi la possibilité de continuer à évoluer dans cet univers étendu, au-delà des seules frontières de notre organisation. C’est une réponse notable au besoin d’éclectisme auquel je faisais référence précédemment. Mais même sans cela, il faut garder en tête que travailler pour l’Urssaf, c’est avoir une garantie de pouvoir changer de métier sans même changer d’entreprise ! Nous sommes en effet très attentifs à proposer des parcours internes qui permettent de passer d’un métier du numérique à un autre, et d’assurer une mobilité qui est à la fois fonctionnelle et géographique, car nous sommes présents sur toute la France.

Il convient également de rappeler la spécificité du secteur social en France. Ce sont des entreprises, avec des missions à caractère publique, qui se mettent au service d’un modèle social de solidarité ; un choix assumé de la France depuis 1945. Beaucoup des talents qui nous rejoignent ont envie de contribuer à ce modèle et à l’enrichir. Cet écosystème regroupe des dizaines de milliers de salariés dans les branches retraite, maladie, autonomie… qui font vivre ce modèle depuis les zones rurales décentralisées jusque dans des grandes structures centrales en France.

Ce système de valeur se retrouve d’ailleurs dans notre quotidien. La question de la qualité de vie au travail nous touche très fortement et nous sommes concernés au premier plan par notre responsabilité d’entreprise. Celle-ci est au cœur de notre prochain schéma stratégique, avec une vocation d’exemplarité.

Quels sont pour vous les thèmes technologiques d’avenir de l’Urssaf, qui sont de nature à attirer à vous des talents du numérique ?

Il faut noter que l’Urssaf est la seule entité au monde à faire un tel métier. Il n’y a pas d’équivalent dans ce que nous opérons et la façon dont nous l’opérons. Aucun éditeur de logiciels ne propose donc une offre et une expertise équivalente, et nous retrouvons ici tous les métiers du monde numérique, que ce soit ceux du front et de l’UX, du back office, de la gestion des microservices, de la data… Nous développons donc nos propres outils en permanence, dans une logique de haute couture, et nous sommes extrêmement vigilants dans notre effort pour lutter contre la dette technique. Nous devons innover en permanence.

Parmi les autres points forts technologiques, on peut mettre en avant notre effort en matière d’open data, mais aussi une maturité très importante sur les big data. Comme je l’expliquais, l’Urssaf a de facto une connaissance du « pouls économique de la nation » mois après mois, avec des possibilités fines de découpage, par région, par temporalité. Cela nous amène à faire de nombreux calculs exploratoires, à mener pour le gouvernement des tests de politiques publiques, pour calculer les impacts macro-économique à horizon un an, deux ans ou même plus… La matière première, opérée par tout l’écosystème du secteur social, est passionnante : on touche à tout type de données, tous les types de technologies… Le terrain de jeu global des systèmes sociaux est très différent de l’expérience que quelqu’un pourrait avoir en travaillant pour un ministère ou une collectivité par exemple.

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Cloud, cybersécurité, interopérabilité, accessibilité… La DSI de l’Urssaf au cœur d’enjeux technologiques modernes

Interrogé sur ses besoins pour l’avenir, Jean-Baptiste Courouble ne manque pas de souligner des thèmes technologiques très médiatiques. La cybersécurité bien sûr, au cœur du devoir d’exemplarité et de responsabilité de l’Urssaf, mais aussi le cloud par exemple. « Nous menons un move-to-cloud important, qui fait évoluer tous les cycles de vie, et nous l’inscrivons dans une logique de sobriété énergétique très forte. Je porte d’ailleurs ce sujet de transformation cloud non seulement pour l’Urssaf, mais aussi pour l’ensemble de la sphère sociale, avec des premiers résultats en termes d’harmonisation qui arriveront dès 2023 » explique le DSI, pour qui l’axe d’autonomie et de souveraineté revêt une importance clé.

Il estime également que l’enjeu d’interopérabilité et de résilience demandera beaucoup d’investissement dans les prochaines années : « Nous devons à la fois sanctuariser certains de nos cœurs de systèmes, tout en les ouvrant avec des API et des microservices pour les métiers. »

L’innovation data-IA, est également une source importante de mobilisation autour de nouveaux services permettant de comprendre et modéliser l’évolution de l’économie française en quasi-temps réel. « Mobiliser l’IA pour la gestion de fraude et travailler sur du master data management pour nos référentiels et les rendre accessible à toutes les administrations, dans la logique du « dites-le nous une fois » est un domaine d’innovation énorme » expose le DSI, qui met par ailleurs en avant les chantiers en matière de parcours utilisateurs. Il s’agit là autant du développement de bots innovants que d’assurer l’accessibilité des services, pour faire face à la fracture numérique. Car encore une fois, pour le représentant de la DSI l’Urssaf, l’innovation doit être porteuse de sens.

 

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