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Fondation EuroStack : une nouvelle étape vers une souveraineté numérique européenne concrète

 

Portée par près de 300 entreprises tech, la Fondation EuroStack officialise une alliance industrielle pour bâtir une infrastructure numérique européenne interopérable et souveraine. Objectif : faire de la souveraineté numérique un levier économique, pas un slogan.

 

L’Europe arrête de jouer les locataires dans la maison numérique mondiale. Avec EuroStack, elle pose enfin ses briques, son architecture et ses règles du jeu. Cette fondation à but non lucratif, basée en Allemagne, incarne le passage du discours à l’action : transformer la souveraineté numérique en projet industriel collectif. Soutenue par près de 300 entreprises européennes, la Fondation EuroStack réunit des figures clés de la tech du continent, parmi lesquelles Frank Karlitschek (Nextcloud), Andy Yen (Proton), Yann Lechelle (Probabl), Fred Plais (Upsun) ou encore Stéfane Fermigier (Abilian). La présidence revient à Cristina Caffarra, économiste et fondatrice de l’initiative, qui en devient la porte-voix naturelle. Son lancement officiel se tiendra à Berlin le 17 novembre, en marge du Sommet franco-allemand sur la souveraineté numérique.

 

Trois leviers pour une Europe qui construit

 

Le plan d’action s’articule autour de trois piliers concrets : Buy European (acheter européen), Sell European (vendre européen) et Fund European (financer européen). Trois angles d’attaque pour reprendre la main sur un marché dominé à 80 % par des acteurs non européens. Concrètement, la fondation vise à coordonner les intégrations techniques entre solutions européennes existantes, à faciliter l’accès des entreprises locales aux marchés publics et à catalyser les investissements publics et privés dans des infrastructures ouvertes et interopérables. “Nous avons appris que la régulation seule ne suffit pas à garantir notre indépendance numérique. Il faut construire”, martèle Cristina Caffarra. L’enjeu : passer d’une logique défensive à une dynamique de puissance industrielle.

 

Du constat à la construction

 

EuroStack s’inscrit dans la continuité d’une mobilisation enclenchée depuis plus d’un an : une lettre ouverte, signée par plus de 200 dirigeants, adressée à la Commission européenne, suivie d’un Livre blanc publié au printemps et d’un manifeste Buy European en septembre. Le lancement de la fondation marque l’entrée dans une phase opérationnelle. Elle aura pour mission de coordonner les intégrations techniques, harmoniser les standards et soutenir les acteurs qui contribuent à un stack européen cohérent du cloud à la cybersécurité, en passant par l’IA et les outils collaboratifs. “Beaucoup d’outils européens sont déjà à la hauteur des solutions étrangères”, rappelle Stéfane Fermigier. “Le vrai défi, c’est de les relier, de les rendre compatibles et visibles. Une souveraineté fragmentée n’est pas une souveraineté réelle.”

 

Financer l’indépendance, stimuler la confiance

 

Au-delà de la technique, EuroStack veut aussi combler un vide économique : celui du financement. En parallèle des investissements publics, la fondation ambitionne de jouer un rôle de catalyseur pour les capitaux privés européens, afin d’accélérer l’innovation et d’attirer les investisseurs sur le terrain de la souveraineté technologique. “La confiance ne se décrète pas, elle se construit. Et pour construire, il faut des financements, une gouvernance et des marchés”, résume Yann Lechelle, cofondateur de Probabl. En créant la Fondation EuroStack, l’Europe ne se contente plus de commenter sa dépendance numérique, elle entre dans la phase du “build”. Loin d’une utopie, le projet se présente comme un mouvement industriel collectif, fédérant entreprises, chercheurs et institutions autour d’un objectif partagé : transformer la souveraineté numérique en avantage stratégique durable. EuroStack ne promet pas une révolution du jour au lendemain, mais le début d’une construction à échelle continentale.

 

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