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Grands groupes/startupers : l’échange gagnant-gagnant

Whyers propose aux collaborateurs des grands groupes de s’adjoindre les compétences de jeunes startupers pour les aider dans leur démarche de création de futurs produits ou de services au sein de leur entreprise.

Julien Masson, co-fondateur de Whyers. © Whyers

« C’est parce que nous avons senti que le startuper représentait une ressource incroyable, mais largement sous-estimée, que nous avons commencé, en juillet 2014, à mettre du jus de cerveau de startupers au service des grands groupes, dans le cadre de formations ou de coaching de projet », explique Julien Masson, 36 ans, cofondateur de Whyers.

Deux ans plus tard, sa société a largement validé son hypothèse : elle compte plus d’une trentaine de rencontres organisées chez Total, GRDF, La Poste, RATP ou la SNCF… « C’est pourquoi nous donnons un nouvel élan à notre format de reverse-mentoring à la rentrée, en déployant la première place de marché de startupers experts », poursuit-il. Le dirigeant insiste : « Ce n’est pas du coaching que nous proposons, mais bien de l’intelligence pure ! ». 

Ouverte à tous dès septembre, cette jeune pousse SNCF Développement présentera le panel de startupers à disposition des porteurs de projets des grands groupes. L’idée : trouver le profil le plus en adéquation avec la problématique posée au sein du grand groupe (3 types de profils de startupers sont proposés : rising star, fast tracker et leader). La mise en relation peut se faire en ligne, puis par téléphone avant de se rencontrer réellement, mais toujours avec le soutien de l’équipe de la start-up. Un tiers du panel des 150 jeunes créateurs d’entreprises y sera présenté dans un premier temps, mais tous le seront à terme.

« Aider les collaborateurs à développer leur capabilité grâce à l’intelligence des meilleurs startupers »

A terme également, des études de cas seront présentées sur le site, les startupers intéressés postuleront pour celles qui les intéressent… « Ils sont rémunérés pour leurs prestations, explique Julien Masson, mais c’est le challenge intellectuel qui les intéresse en priorité et la relation avec ces groupes. Ce sont des échanges de haut niveau qui les attendent. C’est une reconnaissance des deux côtés d’ailleurs, car les startupers aussi sont très expérimentés. »

Dans la prestation qui vise d’abord à augmenter les capacités entrepreneuriales des collaborateurs porteurs de projets, il n’y a pas de livrable fourni, aucune méthodologie… juste de l’échange verbal. La facturation se fait à la journée. Le cas est présenté au startuper auparavant et, lors de l’entretien, à ses collaborateurs de prendre des notes s’ils le souhaitent. « C’est un état d’esprit que l’on recherche en priorité, une autre vision, tout en gagnant du temps », précise-t-il.

Une plateforme d’innovation collaborative repensée

Whyers, qui bénéficie du soutien de Bpifrance, a ainsi travaillé avec le groupe pétrolier Total, rencontré via l’agence Paris&Co (incubateurs de la Ville de Paris). « Avant de recommander leur solution en interne, je l’ai testée moi-même sur un projet de refonte de notre plateforme d’innovation collaborative, témoigne Christine Halliot, directrice de l’Innovation de la branche Marketing et Services de Total. L’atelier a globalement conclu à une refonte totale de notre plateforme sur le principe du crowdfunding, avec l’ajout d’une brique « Projets » pour leur donner de la visibilité, les repenser en mode start-up, et dynamiser ainsi la collaboration interne autour de ces projets innovants. » En fait, la réflexion a abouti à l’idée de « lever du temps » de collaborateurs (dans tous les domaines) au sein du groupe pétrolier pour le mettre à disposition du collaborateur « startuper en herbe »…

A la suite de cette première expérience, la dirigeante a recommandé la solution Whyers à deux porteurs de projet du groupe, qui se trouvaient également à l’étape « Comment procéder ? », car c’est là qu’elle considère l’apport de ces ateliers comme réellement décisif. Le site de vente en ligne MisterAsphalt a ainsi bénéficié du soutien d’un startuper pour finaliser son offre : la vente de bitume en cartouches pour des enrobés faciles et à la demande… pour les services de voirie comme pour les particuliers.

Dans les interventions de Whyers, « beaucoup de problèmes tournent autour de la façon de lancer une nouvelle offre rapidement », explique Julien Masson, mais également autour des nouvelles technologies, comme le big bata ou les algorithmes… « Un projet est tout simplement une série de niveaux à passer, résume-t-il. A chaque étape et chaque problématique, un entrepreneur-expert existe… Il suffit de faire la mise en relation. » Julien Masson reconnaît ne plus croire vraiment aux multiples accélérateurs ou incubateurs internes qui émergent… La question que je me pose surtout, c’est « Comment on augmente les capacités des collaborateurs ?, estime-t-il. Beaucoup ont des idées intéressantes, mais ce ne sont pas des faiseurs… C’est là où l’on peut intervenir pour les faire passer au cran du dessus. »

Avec sa nouvelle plateforme qui permettra d’aller vers un service « full digital », Whyers compte ensuite partir à l’international, autant du côté des clients que des startupers aguerris. Déjà sur les 150 membres de son panel, 30 % sont européens. « Demain, l’idée sera aussi d’avoir des entrepreneurs de tous les continents », explique-t-il. Si le dirigeant hésite encore à lever des fonds, la réflexion est en cours. La société, quant à elle, est rentable depuis le départ… « En année 2, nous avions un objectif de 350 000 euros de chiffre d’affaires, nous l’avons dépassé », conclut-il.

A lire également :

Le CAC 40 à fond sur l’open innovation
 « Animer une séance de créativité », par Médéric Gillet et Thibault de Maillard (Dunod 2016, 2ème édition, 192 pages)

Les dix compétences à exploiter d’un startuper selon Whyers

  1. Le startuper innove rapidement avec le budget minimum requis. Il réalise des prototypes pas chers dans un fablab ; apprend avec un Mooc ; achète de l’espace de stockage à petits prix…
  2. Le startuper valide sa proposition de valeur avant de développer son produit ou service (il appelle cela « itérer »), qu’il co-développe avec son client.
  3. Le startuper identifie la valeur ajoutée essentielle sur laquelle se concentrer. Celle qui génère de la traction, qui est scalable.
  4. Le startuper se remet en question (il appelle cela « pivoter »). Il sait pourquoi et comment le faire rapidement, tout en emmenant ses partenaires dans sa nouvelle direction.
  5. Le startuper joue la carte de la vitesse dans le développement de son idée, en plaçant l’utilisateur au centre de sa démarche.
  6. Le startuper est obsédé par l’expérience utilisateur. Il repère tous les détails, du packaging à ce qu’on ne voit pas.
  7. Le startuper développe des compétences métiers très spécifiques et nouvelles. Ses apprentissages peuvent se dupliquer dans d’autres secteurs.
  8. Le startuper est à la pointe des solutions disponibles sur le marché. Il a souvent une longueur d’avance et sa capacité d’exploration est particulièrement fine et son pouvoir de recommandation inégalé.
  9. Le startuper a naturellement le goût du partage de sa propre expérience et de ses conseils.
  10. Le startuper est « libre ». Dès lors, son avis est particulièrement objectif et dénué de toute considération « politique » et hiérarchique.

Whyers en bref

  • Créée en juillet 2014 par Julien Masson et Nicolas Cheng, Whyers met sa communauté de startupers experts à la disposition des porteurs de projets de grands groupes, dans le but de les aider à développer un prototype de leurs futurs produits ou services.
  • La jeune pousse comptera 7 salariés à la rentrée 2016.
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