Trois priorités marquent la rentrée de France Biotech : la publication de son étude annuelle sur la santé financière des entreprises du secteur, l’organisation d’un Grenelle du financement réunissant l’écosystème, ainsi que le lancement d’un plan d’accélération dédié à la HealthTech. L’objectif est de faciliter le déploiement des innovations vers les patients.
Les HealthTech françaises sont tourmentées entre tensions et résilience. Si certains acteurs participent à l’enrichissement de l’écosystème français à travers des levées de fonds ou des partenariats stratégiques, la grande majorité se retrouve en difficulté. En effet, selon l’étude réalisée par HealthTech en juillet 2025, 89 % des entreprises du secteur ont déclaré être affectées par le climat économique et politique. Du côté des acteurs du numérique, le sentiment est davantage ancré, avec 93 % d’entre eux se disant impactés, contre 82 % en 2024. La trésorerie des entreprises se fragilise : 72 % d’entre elles signalent des tensions financières, en hausse par rapport à l’an dernier. Un tiers ne disposerait que de trois mois de liquidités ou moins, une situation particulièrement marquée chez les biotechs et qui se dégrade nettement chez les medtechs. En juillet 2025, la moitié des structures affichaient une trésorerie équivalente à six mois. Face à ce contexte, 70 % des entreprises cherchent des financements ou envisagent une levée de fonds à court terme. Toutefois, près de 8 sur 10 peinent à y accéder, ce qui freine directement l’avancement de leurs projets d’innovation et la réalisation de leurs étapes clés.
Un soutien public stratégique mais à consolider
L’État et l’Europe jouent un rôle moteur, notamment via le plan d’investissement France 2030, dédié à l’innovation en santé. Mais, pour que cette excellence se traduise concrètement en innovations au service des patients, le secteur insiste sur la nécessité d’un cadre fiscal et réglementaire stable et lisible. Aujourd’hui, toujours d’après l’étude, près de 9 entreprises sur 10 s’appuient sur le Crédit d’Impôt Recherche (CIR), un outil qui peut couvrir jusqu’à 30 % de leurs dépenses. La décision d’exclure les dépenses liées aux brevets du dispositif dès 2025 suscite de vives inquiétudes, notamment chez les entreprises qui conservent leur production en France. De plus, pour 78 % des structures interrogées, le statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI) reste un outil d’attractivité indispensable, en particulier dans un contexte de concurrence européenne et internationale accrue.
Objectif : renforcer l’écosystème…
Mi-octobre, un Grenelle du financement réunira investisseurs, experts et représentants publics autour des grands enjeux de la HealthTech. Ce panel s’inscrit dans la continuité d’un travail préparatoire mené en amont, fondé sur une revue de littérature, des entretiens d’experts et des comparaisons internationales. Cette base d’analyse sera enrichie collectivement pour faire émerger des solutions concrètes, applicables à court, moyen et long terme. Quatre axes sont déjà envisagés, à commencer par une orientation d’une part de l’épargne et de l’assurance-vie vers les HealthTech. Ensuite, la création de nouveaux produits d’épargne pour les particuliers et les family offices. Puis, l’encouragement des grands acteurs industriels de santé à investir dans les start-up. Enfin, le développement de dispositifs déjà existants à l’échelle européenne, comme l’initiative Tibi (un plan pour financer le développement des entreprises technologiques).
… par le biais d’actions concrètes
Un livre blanc verra le jour en 2027, à destination des décideurs publics, suivant des objectifs et un plan stratégique d’innovation. Celui-ci est composé de cinq étapes. Dans un premier temps, France Biotech souhaite valoriser davantage les découvertes issues de la recherche académique au sein des entreprises françaises. Dans un second, fortifier la recherche clinique et le développement en France des activités de recherche préclinique, clinique, ainsi que de la production industrielle. Par la suite, accélérer l’arrivée des innovations médicales aux patients tout en réduisant la dépendance technologique vis-à-vis de l’étranger. Puis, lever les obstacles structurels persistants, qu’ils soient liés au financement, à l’accès au marché, à la réglementation, aux données ou aux compétences. Enfin, bâtir une filière industrielle de santé solide, capable de produire et de répondre aux besoins de soins sur le territoire national. En attendant, France Biotech coorganisera le CHU HealthTech Connexion Day à Bordeaux les 8 et 9 décembre prochains. Un événement en partenariat avec la Conférence des Directeurs Généraux de CHU, consacré à l’accélération de l’accès des patients à l’innovation et aux transferts vers les systèmes de soins. CHU, start-up et autres acteurs du secteur seront présents.