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Hubert Riondel (Air France-KLM) : « On veut créer l’écosystème de l’innovation dans le tourisme et le voyage »

Air France-KLM a lancé, en juin dernier, BigBlank, une structure autonome vouée à faire émerger les pépites du voyage de demain, qu’il soit personnel ou professionnel… Retour sur cette initiative inédite, 100 % filiale du groupe aérien, avec Hubert Riondel, son directeur général.

Alliancy. Vous commencez seulement à communiquer sur BigBlank, bien que la structure soit née enmai dernier. Quelques mots sur sa genèse ?

Diplômé de l’Ecole nationale de l’Aviation civile (Enac) et de l’ESCP Europe (MBA Executive Education), Hubert Riondel (photo), CEO de BigBlank, a rejoint Air France en 2007 en tant que pilote de ligne, une fonction qu’il abandonne peu à peu pour porter au plus haut l’innovation. Depuis septembre dernier, il travaille avec son équipe d’une douzaine de personnes, dans l’immeuble de Morning Coworking, à Paris (10è).

Hubert Riondel. On voulait « faire » avant de parler, mais nous avons vraiment démarré en novembre dernier, le temps de notre installation. Big Blank est ce que l’on appelle un « start-up studio » dédié au voyage et aux voyageurs de demain, une structure qui émerge depuis quelques années auprès des grands groupes et qui se situe entre un incubateur, un fonds d’investissement et un groupe d’entrepreneurs… Concrètement, c’est une équipe d’une douzaine de professionnels, chevronnés du voyage et de l’entrepreneuriat, qui va mener des projets innovants initiés en interne ou en externe, y investir et les développer sur une période assez longue, allant de 18 à 24 mois. Nous avons surtout une conviction : l’idée de départ est importante, mais ce n’est qu’une partie de l’équation. Il faut une équipe autour de cette idée initiale et sa qualité fera la différence. On veut surtout mettre l’équipe et les entrepreneurs en avant.

En quoi cela diffère-t-il d’un incubateur ?

Hubert Riondel. BigBlank n’est pas un incubateur car il n’accompagnera pas de jeunes pousses existantes. Notre objectif est de sélectionner des projets en fonction de leur potentiel et au regard de l’opportunité qu’ils représentent en termes de taille de marché, en France ou à l’international. Nous souhaitons soutenir des projets de start-up et les accompagner depuis l’idéation, leur création, jusqu’au premier POC à la phase de croissance… D’où ce temps long que nous nous accordons ensemble. Nos services intègrent le coaching, l’hébergement dans nos locaux du Xème arrondissement de Paris et le financement qui pourra aller jusqu’à 800 000 euros par projet.

Quels types de projets recherchez-vous ?

Hubert Riondel. On regarde pour l’organisation du voyage et aussi le tourisme… Tout le parcours du voyageur, d’un bout à l’autre… Plus c’est loin de ce que ferait une compagnie aérienne et plus cela nous intéresse ! Nous cherchons de nouvelles opportunités à créer, avant/après le voyage. Pourquoi je voyage ? Qu’est-ce que je garde comme impression globale ?

En fait, on veut un « bon problème à résoudre », auquel il va falloir beaucoup d’idées pour y parvenir avec un ensemble pertinent de compétences. Cette idée peut venir de différentes sources que sont notre équipe (qui cherche des problèmes à résoudre dans le domaine du voyage) ; notre relation avec le groupe Air France-KLM, mais nous avons aussi des entrepreneurs externes qui ont des idées. Enfin, nous faisons de la veille technologique à travers le monde pour avoir une vision la plus globale possible du travel, qui est un sujet global et local à la fois ! On regarde aussi les idées à transposer d’ailleurs si elles sont bonnes…

Comment voyez-vous le voyage évoluer ?

Hubert Riondel. Depuis trois ans, ma mission a été d’identifier comment on pouvait améliorer l’innovation au sein du groupe et voir où étaient les nouvelles opportunités et, en prenant du recul, il y en a beaucoup. Soit l’innovation est continue ou disruptive… Nous nous sommes positionnés sur le disruptif. Le voyage forme un tout et il faut voir cet ensemble. Le digital en parallèle ouvre des portes et on doit y être ! Le voyage est aussi porté par une croissance très significative, de nouveaux voyageurs arrivent… les attentes sont chamboulées avec de nouveaux problèmes à résoudre. C’est pourquoi au start-up studio, nous avons un support pour chaque projet, que l’on peut renforcer avec des études de marché si besoin, on fait de la veille active sur chaque idée que l’on compte soutenir, on a des designers produits… On donne accès à beaucoup d’expertise à nos porteurs de projets, le temps de constituer son projet.

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Hubert Riondel. Nous avons lancé nos premiers projets effectifs cet automne et on lancera une 1ère start-up ce printemps. Nous avons un premier exemple prometteur pour faciliter la vie des familles qui voyagent avec de jeunes enfants… Un projet pour nous se déroule en quatre étapes : quel est le problème à résoudre ? (1) Y a-t-il un marché ? A-t-on une solution ? Existe-t-il une solution sur le marché ? Peut-on engager du monde sur la solution ? Nous faisons par exemple beaucoup de prototypage (2)… Est-on capable de prévoir un business model autour de la solution ? Peut-on déterminer une stratégie d’entrée sur le marché et tester un business model ? (3)… Ensuite, nous construisons la start-up sur le modèle un problème/une solution/un business modèle, en mettant l’équipe nécessaire en place… prête à aller lever des fonds où elle veut.

Et là, qui investit ?

Hubert Riondel. Plusieurs trajectoires sont possibles : Air France-KLM regarde évidemment ces projets, mais pas que, on peut aussi co-investir. Il faut trouver plusieurs trajectoires de sortie au bout des dix-huit à vingt-quatre mois.

Comment fonctionnez-vous avec le groupe ?

Hubert Riondel. Le groupe dispose d’un réseau global sur tous les sujets d’innovation. Si quelqu’un a une idée, il trouve toujours un point de relais. Le réseau d’innovation se réunit alors pour en discuter, y compris via notre réseau social… Nous regardons tout en interne, en lien continu avec les RH et les entités d’innovation, que ce soit dans le tourisme, le voyage d’affaires ou le fret, comme le recyclage de déchets… Le voyage responsable est aussi un sujet.

Quelles sont vos ambitions ?

Notre première ambition était de créer notre 1ère start-up au bout d’un an maximum ! On devrait y arriver. En rythme de croisière, nous envisageons 3 à 5 start-up par an. Ce qui veut dire beaucoup de projets managés… Pour autant, on recycle les projets que l’on ne garde pas… Ils peuvent intégrer l’interne différemment. Mais quoi qu’il en soit, on accumule une expertise même si c’est un échec. On veut créer l’écosystème de l’innovation dans le domaine du tourisme et du voyage ! C’est important car la France est la 1ère destination touristique mondiale…

 

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