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IA, cyber, souveraineté… Les « comptables de la data publique » réunis au Smart Tech Forum

 

Le 12 juin, l’UGAP a rassemblé les collectivités et acteurs de la tech pour penser ensemble une transformation numérique utile et durable du service public.

 

« Progresser en conscience collective. » Jeudi 12 juin, à Lyon, le président-directeur général de l’Union des groupements d’achats publics (UGAP), Edward Jossa, a affiché de grandes ambitions pour le Smart Tech Forum. Cette seconde édition a été l’occasion de rencontrer plus de soixante fournisseurs de solutions informatiques, mais aussi d’échanger lors de tables rondes et d’ateliers. Un moment de « networking et de convivialité » pour les collectivités territoriales, ministères et établissements publics.

 

Un réseau bas débit pour relier les territoires.

 

Avec 2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires concernant l’IT sur une recette de 5,9 milliards réalisée (activité de grossiste) par l’UGAP en 2024, autant dire que les sujets du numérique sont plus que d’actualité ! Les « comptables de la data publique », selon les mots d’Edward Jossa, ont ainsi passé en revue leurs enjeux métiers : cybersécurité, green IT, souveraineté, éducation au numérique, développement de l’IA…

Si chaque année les technologies se multiplient, il est parfois difficile de saisir le projet pertinent pour ses usagers. Pour y voir plus clair et dénicher de nouvelles idées, une table ronde s’est penchée sur la manière de construire des services publics connectés et durables. Patricia Chauve, vice-présidente en charge du réseau d’objets connectés ROC 42 chez S.I.E.L., Territoire d’énergie Loire, a livré son retour d’expérience sur son projet de réseau bas débit, basé sur la technologie LoRa. Le fonctionnement est simple : des capteurs sont connectés sur le réseau pour répondre aux différents besoins des communes – éclairage et arrosage intelligents, mesure de la qualité de l’air, de l’hydrométrie ou des températures… Nombreuses ont été les initiatives aux résultats positifs. « Le réseau permet de véritables économies d’énergie. Seuls deux projets n’ont pas porté leurs fruits car les agents n’ont pas utilisé la technologie mise en place. »

 

« La résistance au changement est inversement proportionnelle au sens du projet »

 

Un retour d’expérience qui a immédiatement fait réagir Frédéric Brocard, directeur général des services à la Ville de Dardilly. « Ces nouveaux services nécessitent un accompagnement au changement », a-t-il affirmé, tout en soulignant que nombre d’élus sont des « papis et mamies boomers », reconnaissant lui-même être un « computer native » en opposition aux « digitales natives ». A ses yeux, la solution est de communiquer sur les réels bénéfices des smart-cities. « La résistance au changement est inversement proportionnelle au sens du projet. » Le directeur des services de Dardilly a également souligné un point qui n’a que très peu été évoqué : les éventuelles dérives. « Singapour incarne la plus grande smart-city du monde, mais ce n’est pas l’État le plus démocratique. » Un sujet qui aurait pourtant pu être développé avec Jérémie Flatres, directeur technique d’exploitation du Stade Groupama Olympique Lyonnais, dont l’un des projets concerne des caméras intelligentes.

 

Un retour d’expérience sur une cyberattaque d’envergure

 

Si les projets de smart-city illustrent les avancées technologiques possibles, ils ne doivent pas faire oublier un revers de la médaille : la montée des menaces cyber. Maxime Chevry, directeur des Services Numériques du Département de l’Ardèche, est ainsi revenu sur la cyberattaque dont ont été victimes ses services en 2022. D’abord ciblé par une campagne de phishing, le Département s’est retrouvé sous le joug d’un ransomware. « J’ai dû couper tous les accès internet et, d’un seul coup, nos 2 000 agents ne pouvaient plus travailler. » Pour certains corps de métiers, une suspension temporaire n’était pas d’une grande incidence. Pour d’autres, cela a été bien plus problématique. Et, hiérarchiser ces besoins n’avait pas été anticipé.

 

La technologie et l’humain doivent avancer main dans la main

 

« J’avais préparé uniquement une Politique de Sécurité, nous n’avions pas de Plan de Continuité d’Activité », déplore Maxime Chevry. Un point qui aurait eu une utilité allant bien au-delà de l’opérationnalité des agents. « Nous devions notamment répondre à la presse, mais aucun plan de communication n’avait été mis en place. » L’audience a ainsi pu comprendre que la gestion d’une cyberattaque ne repose pas uniquement sur des outils techniques, mais aussi sur une rigoureuse préparation humaine et organisationnelle. Sans coordination, procédures claires et sensibilisation des équipes, même les meilleurs dispositifs peuvent se révéler inopérants face à une menace. Une piqûre de rappel utile.

 

 

Zoom sur le réseau d’objets connectés ROC 42

 

Alliancy : Au-delà de la transition écologique quels sont les cas d’usages de votre réseau bas débit ?

Patricia Chauve, vice-présidente en charge du réseau d’objets connectés ROC 42 :
Il y a autant de possibilités que d’idées émanant des collectivités ! Nous avons eu, par exemple, un projet éducatif : “Le galet connecté”. Son objectif était de suivre le déplacement d’un galet sur le cours d’une rivière. Un autre a visé à améliorer le travail des agents techniques avec des capteurs positionnés sur les voiries afin de notifier automatiquement s’il y a besoin de saler durant l’hiver.

Le réseau ROC42 centralise des données qui peuvent refléter les habitudes des usagers. Comment est abordée la protection des données ?

Toutes les données transitant sur le réseau sont cryptées et S.I.E.L. n’a pas la clé de décryptage. Seuls les prestataires concernés y ont accès. Dans le cas de la télérelève des compteurs d’eau, les données sont accessibles uniquement par le fournisseur.

Quelle est votre opinion personnelle sur les risques liés à des dérives de surveillance avec ce type de réseau ?

Avec un réseau bas débit, très peu de données sont collectées et les usages sont limités. L’un de nos projets concerne la gestion des places de rechargement des voitures électriques. Les capteurs détectent le poids présent sur la place, mais ne peuvent pas identifier les plaques d’immatriculation. Aussi, nous ne pouvons pas utiliser le réseau pour des caméras de surveillance intelligentes et autres technologies intrusives.

 

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