Si l’IA est perçue comme une opportunité par de nombreux salariés, une étude de ADP Research suggère qu’elle suscite aussi des inquiétudes, notamment sur le risque de remplacement. Cette ambivalence varie selon les secteurs, les régions du monde et les générations, avec une prudence marquée en France.
Si l’IA offre de nombreux avantages et opportunités, il n’en reste pas moins que certaines personnes craignent pour leur emploi. C’est ce qu’a voulu recenser ADP Research dans son rapport “People at work 2025”. Ce sont près de 38000 salariés de 34 pays qui ont répondu à l’enquête. Résultat : l’intelligence artificielle continuerait de susciter des sentiments partagés chez les salariés à travers le monde. Un sur deux estime qu’elle aura un effet positif sur son emploi dans l’année à venir, dont 17 % se déclarent pleinement convaincus. Toutefois, cet optimisme cohabiterait avec une certaine anxiété : seulement 10 % des répondants expriment une forte peur d’être remplacés, mais 27 % de ceux qui attendent un impact positif craignent malgré tout une possible substitution par l’IA. D’autres pays plus optimistes affichent aussi ce type de contraste. Par exemple en Égypte, toujours selon l’enquête, 36 % des salariés anticipent des effets bénéfiques, mais 22 % redoutent également un remplacement.
Un stress lié au remplacement par l’IA…
Ce questionnement, quant à un éventuel remplacement augmente le stress des salariés concernés. Selon l’enquête, les salariés les plus inquiets sont deux fois plus exposés à un stress élevé que ceux qui ne partagent pas cette crainte. Cette insécurité pèserait aussi sur la rétention des talents : plus de 30 % des collaborateurs concernés envisagent activement de changer d’emploi, contre seulement 16 % parmi les salariés plus sereins. En France, seuls 11 % des salariés se disent pleinement convaincus que l’intelligence artificielle aura un impact positif sur leur emploi, un chiffre qui correspond à la moyenne européenne, la région la plus sceptique sur le sujet. En comparaison, l’enthousiasme est plus marqué dans d’autres régions du monde : 27 % au Moyen-Orient/Afrique, 19 % en Amérique latine, 16 % en Asie-Pacifique et 13 % en Amérique du Nord partagent cet avis. Malgré cette prudence, la crainte d’un remplacement par l’IA reste limitée : en France comme dans le reste de l’Europe, seuls 8 % des travailleurs redouteraient réellement de perdre leur emploi à cause de la technologie. De même, 11 % déclarent ne pas savoir comment l’IA influencera leur poste.
…avec une divergence d’opinion selon le secteur d’acticité
Enfin, la manière dont l’IA est perçue varie selon les secteurs. Selon l’étude, 24 % des métiers intellectuels et techniques perçoivent l’IA positivement, mais 13 % redoutent d’être remplacés et restent incertains sur l’avenir. Les salariés évoluant dans des secteurs fortement digitalisés affichent généralement une vision plus positive de l’IA. En Europe comme à l’échelle mondiale, les professionnels des services technologiques seraient les plus confiants : 19 % en Europe (contre 28 % au niveau mondial) estiment que l’IA aura un impact favorable sur leur emploi. Un optimisme partagé par ceux travaillant dans la finance, l’assurance (18 % en Europe, 25 % dans le monde) et dans le secteur de l’information (17 % contre 20 % à l’échelle mondiale). Cependant, même dans ces secteurs en pointe sur l’innovation, la crainte d’un remplacement resterait présente pour 10 % des salariés européens et 12 % à l’échelle mondiale redoutent que l’IA prenne leur place. À l’inverse, les salariés des secteurs du social comme la santé ou encore l’assistance à la personne se montrent nettement plus prudents. Seuls 7 % des employés en Europe et 10 % au niveau mondial pensent que l’IA aura un impact positif sur leur métier, traduisant une certaine méfiance envers l’automatisation dans des domaines reposant largement sur l’humain. Le facteur générationnel joue aussi un rôle important. Les jeunes actifs (18-39 ans) affichent à la fois un certain enthousiasme et une forme d’appréhension. En France, 12 % des 18-26 ans et 18 % des 27-39 ans anticipent un effet positif, mais 13 % et 11 % respectivement redoutent un remplacement par l’IA. À l’opposé, les plus de 55 ans se montrent plus détachés : seuls 5 % d’entre eux craignent une substitution technologique, estimant probablement que l’IA aura peu d’impact sur la fin de leur carrière.
