Alliancy

IA, robotique, quantique : ce que Web Summit 2025 révèle du futur numérique

 

Avec le retour massif des investisseurs, l’essor de l’IA embarquée, la montée en puissance de la robotique intelligente et les annonces géopolitiques sur le compute, l’édition 2025 du Web Summit marque un tournant dans la transformation numérique mondiale, raconte notre chroniqueur Stéphane Gervais depuis Lisbonne.

 

Un rendez-vous qui révèle les fractures et les accélérations du numérique

 

Le Web Summit 2025, organisé à Lisbonne, a réuni 71 386 participants, 2 725 startups et près de 900 intervenants. Une édition hors norme qui a confirmé l’événement comme l’un des principaux capteurs des transformations profondes, économiques autant que géopolitiques, du numérique mondial. Cette année, l’innovation ne se résume plus aux applications ou aux usages : elle touche désormais les fondations mêmes du numérique : énergie, infrastructures, matériel, souveraineté, sécurité.

 

 

IA : l’entrée dans l’ère agentique et dans le calcul distribué

 

Sur les scènes de l’AI Summit, un consensus s’est imposé : l’intelligence artificielle change d’échelle et de nature. Les experts parlent désormais d’une “ère agentique”, où des modèles autonomes orchestrent des tâches complètes, collaborent entre eux et s’intègrent aux opérations d’entreprise. Autre bascule majeure : le déplacement de l’intelligence vers l’edge. La saturation du cloud, les coûts énergétiques et les contraintes réglementaires favorisent une IA exécutée directement sur les appareils et sur les infrastructures locales. « L’IA se déplace vers la périphérie pour des raisons de performance et d’efficacité énergétique », a rappelé Cristiano Amon, CEO de Qualcomm. Les investissements confirment cette dynamique : selon Web Summit x Crunchbase, les startups IA du programme ont levé 334,6 M$, soit une croissance de 360 % en un an.

 

Robotique : la naissance de l’IA physique

 

L’un des moments forts a été l’intervention de Tye Brady, Chief Technologist d’Amazon Robotics. Amazon a franchi le seuil symbolique du million de robots produits à Boston. L’entreprise voit déjà émerger une nouvelle génération de robots capables :

 

Le modèle DeepFleet réduit par exemple de 10 % les temps logistiques grâce à une planification dynamique. Les startups Vulcan Robotics et Blu Jay travaillent, elles, sur la dextérité avancée, une des prochaines ruptures du secteur. Le projet Eluna d’Amazon explore quant à lui l’interaction vocale avec les robots, signe d’un rapprochement entre robotique et LLM.

 

Quantique : moins d’effets d’annonce, plus d’ingénierie

 

Le quantique n’a pas dominé les scènes, mais il s’est distingué par une analyse lucide de son état d’avancement.

« Nous sommes à la fin du début ; le défi devient industriel », a expliqué Chris Balance (IonQ).

Les acteurs comme Oxford Ionics misent désormais sur des architectures à ions piégés intégrées sur puce, ouvrant la voie à des systèmes modulaires – parfois qualifiés de “GPU quantiques”.

Les cas d’usage, encore limités, progressent :

 

Compute & souveraineté : l’annonce Microsoft qui change la donne

 

L’événement le plus marquant ne s’est pas déroulé sur scène mais en marge du sommet. Microsoft investit 10 milliards de dollars au Portugal pour installer 12 600 GPU NVIDIA dans un nouveau campus hyperscale à Sines.

Cette opération, menée avec Nscale et Start Campus, poursuit plusieurs objectifs :

À une époque où le calcul devient un levier de puissance, cette initiative pourrait repositionner l’Europe sur l’échiquier du compute souverain.

 

Énergie : la face cachée de l’explosion de l’IA

 

Avec l’augmentation exponentielle des besoins en calcul, la consommation énergétique devient un enjeu central.

Le projet Start Campus (8 milliards d’euros) veut servir de modèle d’infrastructure :

Les discussions sur la fusion, les micro-réacteurs modulaires ou encore l’hydrogène nouvelle génération montrent que l’IA ne pourra se développer sans une transformation profonde des systèmes énergétiques.

 

Politiques publiques : l’IA devient un dossier de sécurité nationale

 

L’entrée en vigueur de l’AI Act européen s’est invitée dans toutes les discussions. La présence de 82 délégations gouvernementales a illustré l’ampleur des enjeux.

La tendance est claire :

Plusieurs experts ont même anticipé que les responsables publics utiliseront bientôt systématiquement des modèles de langage comme outils d’aide à la décision.

 

Startups : une génération IA plus diverse et plus durable

 

Avec 40 % de fondatrices, la dynamique entrepreneuriale était particulièrement visible.

Les tendances les plus marquantes :

Cette convergence IA + climat témoigne d’une volonté d’impact plus forte dans l’innovation européenne.

 

Vers une “diplomatie du calcul”

 

Une annonce très discrète a attiré l’attention des analystes : le Royaume-Uni a conclu un accord avec OpenAI, troquant ses heures inutilisées de supercalcul contre un accès privilégié aux modèles avancés.

Un signe que la puissance de calcul commence à s’échanger comme l’énergie ou les métaux critiques.

 

Conclusion – Une nouvelle architecture de l’innovation

 

Le Web Summit 2025 révèle une bascule historique : l’innovation numérique quitte les usages pour entrer dans l’ère des infrastructures intelligentes.

 

Dans ce nouveau paradigme, les entreprises devront :

 

Les organisations qui comprendront cette nouvelle architecture de l’intelligence auront une longueur d’avance dans la décennie à venir.

 

Quitter la version mobile