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Intel veut graver les puces d’AMD et d’Apple : le pari de la reconquête industrielle

 

Le fondeur américain discute avec AMD et Apple pour produire leurs processeurs dans sa nouvelle usine 18A, en Arizona. Un revirement majeur pour Intel, en quête de crédibilité face à TSMC et soutenu par Washington.

 

C’est un scénario que peu auraient imaginé il y a encore dix ans : Intel, géant historique des semi-conducteurs, chercherait aujourd’hui à graver les puces de ses rivaux. Selon Semafor, des discussions seraient en cours avec AMD pour fabriquer ses processeurs pour PC et serveurs dans la nouvelle usine Fab 52, en Arizona. Quelques jours plus tôt, Bloomberg évoquait déjà des pourparlers similaires avec Apple, qui pourrait confier la production de ses puces Silicon pour iPhone, iPad et Mac.
Rien n’est encore signé, mais le symbole est fort : Intel, longtemps dominateur, tente désormais de transformer son modèle industriel en ouvrant ses chaînes de production à d’autres. Son procédé de gravure 18A (1,8 nm) représente sa dernière carte pour regagner une crédibilité technologique face à TSMC, qui détient à lui seul près de 95 % du marché mondial des puces de pointe.

 

Fab 52, l’usine du rebond

 

Avec Fab 52, Intel espère prouver qu’il reste dans la course. L’usine, dotée des lignes de production les plus avancées du groupe, doit livrer ses premières puces Panther Lake dès la fin de l’année, avant les processeurs serveurs Clearwater Forest en 2026.
Au-delà de la démonstration technique, l’enjeu est aussi financier : rentabiliser plus de 30 milliards de dollars d’investissements et convaincre ses anciens concurrents de devenir ses clients. Ce revirement marque la fin d’une stratégie jugée obsolète. Longtemps, Intel refusait de fabriquer pour d’autres. Résultat : AMD, Apple et Nvidia ont tous migré chez TSMC. Les retards technologiques et la chute des ventes ont fragilisé le groupe, poussant son PDG Lip-Bu Tan à revoir sa copie.

 

Washington à la manœuvre

 

Sous pression politique, l’administration Trump a fait d’Intel un levier central de la réindustrialisation américaine. L’État fédéral détient désormais 10 % du capital du fondeur, en échange d’un financement de 8,9 milliards de dollars, complété par SoftBank et Nvidia.
L’objectif : rapatrier la production de puces critiques sur le sol américain et réduire la dépendance vis-à-vis de l’Asie. Reste à voir si Fab 52 permettra à Intel de combler son retard… ou si le groupe restera, malgré tout, prisonnier du modèle qu’il cherche à imiter : celui de TSMC.

 

 

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