Joffrey Célestin-Urbain, nouveau président du Campus Cyber, a dévoilé les prochains objectifs de ce haut lieu de la cybersécurité française. Si les premières années d’existence de ce concept n’ont pas porté leur fruit en matière de collaboration, l’ancien employé de Bercy espère débloquer l’écosystème pour mieux saisir les prochaines opportunités liées à NIS 2.
Assis au dernier étage de la tour Eria de La Défense, Joffrey Célestin-Urbain a présenté sa feuille de route en tant que nouveau président du Campus Cyber. Depuis deux semaines déjà, cet ancien fonctionnaire du ministère de l’Économie et des Finances rencontre les diverses organisations travaillant au sein de ce lieu totem de la cybersécurité française. Et ce, dans le but de recueillir les différents besoins de l’écosystème pour mieux concevoir « la deuxième version du Campus Cyber ». Il faut dire que la première version n’a pour l’instant que très peu convaincu. À la Genèse de sa création : la volonté de structurer l’écosystème pour créer une chaîne de valeur. Si, trois ans après sa mise en place, le Campus Cyber réunit bel et bien le public et le privé, « la partie concernant la synergie et les liens entre les différents acteurs est sous-exploitée » admet volontiers l’ancien chef du service de l’information stratégique et de la sécurité du ministère régalien. Il donne l’exemple d’une entreprise ayant découvert que, depuis 3 ans, un organisme de recherche situé au même étage qu’elle travaillait sur un projet l’intéressant directement.
Un premier constat d’échec
Face à ce genre d’anecdote, force est de constater que le Campus peine à remplir son objectif. Cela a d’ailleurs entrainé des désertions. Certaines entreprises ont choisi de quitter la tour de La Défense, déçues du peu de contrats obtenus. Une raison « anecdotique », selon Joffrey Célestin-Urbain, face à la seconde : le prix des loyers. Le Campus Cyber ayant pour seul revenu l’immobilier, la plupart des organisations déplorent un prix au mètre carré trop onéreux. Les start-ups particulièrement, ne peuvent faire vraiment partie de cet écosystème hors de leur budget. Une étude comparative est donc en cours pour mieux pouvoir attirer de nouveaux locataires, avec des chiffres. Cependant, les demandes seront plus triées et les places restantes seront attribuées à des organisations pouvant compléter l’écosystème et servir au nouvel objectif fièrement affiché par le président : la souveraineté technologique.
Un Campus Cyber engagé
Une ambition naissante sous la requête du gouvernement : « C’est la boussole politique » pour ses trois années de mandat, reconnaît Joffrey Célestin-Urbain. Il déclare d’ailleurs fièrement « sortir de la posture neutre du campus pour une posture engagée » et ajoute que le Campus sera bientôt « doté d’une doctrine ». Sa position sur la problématique de la souveraineté est optimiste : maintenant que « les comités exécutifs des grands groupes commencent à craindre la dépendance américaine », explique-t-il, il est temps de « briser cet oligopole ». Là encore, c’est avec un nombre que l’énarque espère convaincre ou plus précisément un coût : celui de laisser les Américains accéder aux données françaises ou européennes. Un chiffre qui pourrait faire autorité, à l’instar de celui donné par le cabinet d’études Asterès et le Cigref, qui estime que la dépendance numérique aux États-Unis coûte 264 milliards d’euros par an à l’Europe.
Le créneau NIS 2
Au-delà d’un chiffre, c’est tout un parcours qu’il faudra proposer aux futurs clients, notamment ceux devant désormais se conformer à la directive NIS 2 et sécuriser leurs systèmes d’informations. Joffrey Célestin-Urbain espère arriver à une configuration nationale et territoriale permettant aux PME de chaque région de trouver un endroit avec toutes les ressources, françaises, nécessaires. Pour gagner cette « bataille cognitive » face à la domination de l’offre américaine, le président du Forum Cyber annonce qu’une campagne de communication débutera « lorsque nous serons prêts ». Dans la même lignée, le Forum espère se placer sur des créneaux vacants, comme « l’organisation d’une interface entre l’offre et la demande, favorable à la souveraineté numérique », ambitionne Joffrey Célestin-Urbain.
