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Kering soigne son image de luxe responsable grâce aux données

Cet article a été publié originellement sur mydatacompany.fr 

Mis en cause pour son impact sur l’environnement, le secteur de la mode et du textile œuvre à sa réhabilitation. Le groupe de luxe Kering se met ainsi à nu sur l’impact environnemental de ses activités. Comment ? En livrant ses données en Open Data.

La conscience écologique du secteur de la mode est pour le moins récente. Afin de convaincre de leur authenticité, les entreprises du secteur vont devoir fournir des gages. Le géant du luxe Kering s’y emploie avec ses marques Gucci, Balenciaga, Puma ou Yves Saint Laurent.

L’industrie du luxe est particulièrement soucieuse de son image. Kering opte pour la transparence. Il dispose en effet d’un portail Open Data consacré à son impact environnemental ou EP&L (compte de résultat environnemental).

 

Transparence et pédagogie sur l’impact environnemental

Il est vrai que dans ce domaine, le groupe dirigé par François-Henri Pinault est contraint à l’exemplarité. Ce dernier a en effet été missionné par Emmanuel Macron lors du G7 de Biarritz. Sa mission vise à « mobiliser tous les acteurs du secteur autour d’objectifs de développement durable. »

François-Xavier Morvan, en charge du développement durable au sein de Kering, assure toutefois que la volonté préexistait. « Nous travaillons à cet outil depuis 2012. En 2015, nous avons réalisé un premier rapport qui couvrait l’ensemble des maisons du groupe (…) Tous les ans, un rapport est diffusé, mais dans un format statique. »

Une méthodologie et des fichiers PDF intéresseront sans doute d’autres industriels. En revanche, difficile de toucher le grand public en publiant des données sous de tels formats. Le portail de données, qui présente des informations détaillées de manière interactive, comble cette lacune.

« C’était un moyen de rendre cette donnée plus accessible, de l’ouvrir et de la rendre plus intelligible. Les différents systèmes de visualisation permettent d’expliciter la donnée, d’être interactif et pédagogique » souligne le Monsieur environnement de la société.

Un portail Open Data pour rendre la donnée « plus intelligible »

Kering fait ainsi défiler la donnée en la mettant en scène grâce à de la Data visualisation (graphiques et infographies interactives). De l’image certes, mais une démarche basée sur de véritables jeux de données. L’EP&L mesure l’empreinte environnementale du groupe sur six dimensions : émissions de gaz à effet de serre, pollution de l’air, pollution de l’eau, consommation d’eau, utilisation des sols et production de déchets.

L’outil capture l’impact environnemental du groupe sur « toute sa chaîne de valeur, depuis l’extraction, la production de la matière première jusqu’à la distribution et la vente du produit fini » détaille François-Xavier Morvan.

Un portail Open Data pour être interactif et pédagogique

L’entreprise ne se cantonne pas à l’habituel indicateur du nombre de tonnes de CO2 émises. En outre, cet impact est « monétisé ». Cela signifie que le coût sociétal des impacts environnementaux s’estime en euros. « Cette métrique unique permet de comparer les impacts environnementaux les uns avec les autres, d’avoir un langage que le business connaît et d’intégrer cette dimension environnementale dans l’activité de l’entreprise. »

Depuis juin, les internautes peuvent accéder librement sur internet au portail EP&L du groupe de luxe et télécharger les différents jeux de données sous-jacents. D’autres acteurs de la mode et du textile se montreraient d’ailleurs intéressés selon Kering. Or la réutilisation et le partage contribuent à l’enrichissement des jeux de données.

« Certains disposeront d’études plus récentes sur, par exemple, la culture du coton en Inde ou le cachemire en Mongolie. Nous allons ainsi pouvoir enrichir ce jeu de données, mais aussi fiabiliser la donnée. Tout cela participe à l’amélioration de l’impact environnemental du secteur. »

Partager pour enrichir les données grâce à d’autres secteurs

Mais sur ce marché, l’environnement rime aussi avec concurrence, et Kering espère bien imposer son outil comme une référence – et reverdir son blason par la même occasion. Attention cependant : l’objectif premier, demeure bien in fine de « prendre des décisions business pour réduire l’impact environnemental. »

Quant à cette démarche d’Open Data, elle est aussi le fruit d’une contrainte réelle : la complexité à collecter la donnée pertinente. Une entreprise à elle seule ne dispose pas de l’ensemble des informations nécessaires. Elle doit donc collaborer avec des partenaires. L’ouverture initiale vise donc notamment à susciter les collaborations.

Un coût en euros : « un langage que le business connaît »

Pour mesurer son impact environnemental, Kering a par exemple besoin de données du monde agricole. « L’intérêt de l’Open Data est donc de partager avec des tiers ce dont nous disposons déjà, mais aussi de motiver ces autres acteurs à venir renforcer nos jeux de données » confirme François-Xavier Morvan.

Olam et Danone figurent parmi ces partenaires. « Ils ont la main pour nous aider à enrichir ces différents jeux de données et peuvent nous aider aussi à avancer sur certaines pratiques agricoles moins impactantes (…) L’Open Data fédère les acteurs du textile et de la mode, mais aussi en-dehors » observe-t-il.

Et l’Open Data suscite aussi « des interactions en interne » avec, notamment, les départements informatique et celui en charge de la relation client. « La démarche nous a permis de réfléchir à des interfaçages de la donnée environnementale avec d’autres données de l’entreprise, comme les bases clients et fournisseurs. Ce que nous souhaiterions, c’est mettre la donnée environnementale pratiquement au même niveau que la donnée business pour communiquer avec le client, définir le prix, la politique de sélection des fournisseurs… » conclut-il.

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