[Billet d’humeur] Le cloud, c’était censé libérer l’IT. Mais le multi‑cloud nous a surtout enfermés : factures opaques, clusters étrangers, dépendance aux hyperscalers américains… Aujourd’hui, se pose la question cruciale : voulons‑nous rester technologiquement dépendants ou construire enfin un cloud souverain ?
On nous l’a promis : le cloud allait révolutionner l’IT, rendre tout simple. Fini les racks poussiéreux et les mises à jour infinies. Adieu la maintenance à trois chiffres. Et pourtant…
Le serveur est parti. Mais ses problèmes, eux, se sont multipliés dans une constellation de services dispersés. Le fantasme du multi-cloud, chanté comme la panacée, a surtout révélé une usine à gaz distribuée, où chaque prestataire promulgue sa grille tarifaire indéchiffrable, ses API obscures, ses metrics Kinect. Les chiffres du FinOps sont devenus plus chaotiques que les montées en puissance des services cloud.
Pire encore, ce cloud supposé délivrer l’IT a exposé un autre enjeu : notre dépendance technologique, notamment vis-à-vis des géants américains – AWS, Azure, Google – qui contrôlent près de 92 % de l’infrastructure cloud en Europe. Résultat : on se retrouve pris au piège d’un écosystème opaque, soumis à des règles extra-européennes comme le CLOUD Act ou la surveillance juridique américaine.
D’un côté, on vante toujours l’agilité du cloud. De l’autre, on découvre qu’il faut une armée de FinOps, d’architectes, et d’analystes pour comprendre la facture. La transparence n’était pas dans le pack initial, et comprendre ce qu’on paie est devenu un défi titanesque.
Ce cloud trop souvent perçu comme simple est en réalité une arène technologique : un Rubik’s cube financier, une ode à la fragmentation des coûts, un puzzle interminable.
