Alors que Paris s’apprête à accueillir les 10 et 11 février 2025 un sommet décisif sur l’intelligence artificielle, les attentes sont aussi fortes que les interrogations qu’elles soulèvent. Dans les faits, si les précédents rendez-vous de Bletchley et de Séoul avaient abordé les aspects philosophiques et existentiels de l’IA, cette édition française se veut, elle, plus pragmatique. Régulation, transparence, maîtrise des risques sont autant d’enjeux cruciaux qui doivent être traduits en engagements concrets.
Or, dans un contexte de domination économique incontestable des Américains en matière d’IA, cette rencontre sera-t-elle la scène de discussion ouverte espérée ou une nouvelle démonstration de l’hégémonie outre-Atlantique ? Sam Altman, PDG d’OpenAI, sera d’ailleurs présent à Paris, tout comme Sundar Pichai, PDG de Google.
Face à cette présence écrasante, la France va devoir réussir à affirmer une vision plus européenne et réglementée de l’IA. En ce sens, le Sommet mettra en avant des acteurs alternatifs, comme Mistral AI, qui s’est associé à Veolia pour développer des solutions environnementales basées sur l’IA. L’initiative « Albert », une IA générative hexagonale, introduite dans la fonction publique, illustre aussi la volonté de créer des modèles indépendants des géants de la Silicon Valley.
Le sommet abordera la question de la confiance et de la transparence, notamment via la mise en place de systèmes auditable et certifiés. Reste que, si ces principes répondent aux inquiétudes du public, ils risquent aussi d’entraver la rapidité d’innovation et de renforcement des modèles européens. La régulation de l’IA doit donc trouver un équilibre entre maîtrise des risques et compétitivité, sous peine de voir l’Europe devenir un simple terrain de jeu pour les mastodontes américains.
Entre, le Sommet parisien s’inscrit dans un contexte mondial mouvant. Tandis que certains pays comme l’Australie et Taïwan interdisent DeepSeek AI, soupçonné de liens avec l’Etat Chinois, l’Inde envisage une collaboration avec OpenAI. Des alliances et des confrontations qui témoignent de l’enjeu stratégique au-delà des simples avancées technologiques qu’est devenu l’intelligence artificielle.
Si la France et l’Europe souhaitent éviter que le sommet ne soit qu’une tribune pour les grandes entreprises américaines, elles devront proposer des solutions solides, audibles et réalistes. Le 12 février, retour au sol, nous serons fixés.
