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Le marché du véhicule électrique sur la route du marché de l’internet ?

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Stanislas Genty, Consultant chez Colombus Consulting

En pleine émergence, le marché du véhicule électrique est en train de former son écosystème. Comme pour internet à son époque, les services qui y sont liés prendront une place prépondérante dans la chaine de valeur et pourraient bien bouleverser le modèle de l’automobile.

Pour gagner en maturité, le véhicule électrique (VE) pourra, comme le smartphone avec les applications, compter sur le développement de services innovants qui transforment le rapport de l’homme à l’objet véhicule. Comment cette transformation autour des services s’opère-t-elle ?

Autour de la mobilité, de la recharge et de la gestion de l’énergie, les offres de services répondent à des enjeux majeurs pour le développement de la technologie électrique

Au-delà de la technologie et du matériel, trois types de services se développent :

Des échanges inter-opérateurs sont également nécessaires afin de débrider ces services et assurer l’itinérance de la recharge, ou « roaming », c’est-à-dire la possibilité pour un abonné d’un opérateur de se recharger sur la borne d’un autre opérateur. En France, l’Association Française pour l’Itinérance de la Recharge Electrique des Véhicules (AFIREV) a été créé le 4 mars 2015 pour « créer les conditions de l’interopérabilité entre tous les opérateurs, sur les aspects techniques, économiques et juridiques ». Cette problématique a bien été comprise de certains acteurs qui élargissent leur offre liée à la mobilité.

Face au développement des offres de services, les acteurs structurels du marché réagissent en élargissant leurs activités pour booster l’activité de la mobilité électrique

Portés par la commercialisation de leurs véhicules, les constructeurs engagés dans l’électrique proposent aujourd’hui des services packagés en lien avec la mobilité et la recharge et participent, comme Renault, Nissan et Tesla, au déploiement des Infrastructures de recharge de véhicules électriques (IRVE) sur le territoire national.

Pour les fournisseurs de bornes, le phénomène est moins marqué : les constructeurs d’infrastructures de recharge ont plutôt tendance à nouer des partenariats avec des superviseurs. EDF a quant à lui, complètement intégré les services de mobilité et de recharge à son activité par le biais de sa filiale Sodetrel qui se définit d’ailleurs comme « opérateur de mobilité électrique ».

Enfin, des entreprises font des services leur credo, comme le groupe Bolloré dont la stratégie n’est pas centrée sur la vente de véhicules ou de bornes mais sur l’usage de ces infrastructures. Pour preuve, l’entreprise va elle-même financer le déploiement de 16 000 bornes et compte – à l’instar des opérateurs internet avec le déploiement de la fibre optique – sur un abonnement et une tarification de la recharge pour couvrir ses investissements.

Les différents services se recoupent et demandent des échanges entre opérateurs (Source : Colombus Consulting)

 

La plus-value étant, à terme, davantage dans les services que dans les matériels, bien des acteurs de la mobilité devraient poursuivre leurs stratégies d’intégration des services. En effet, le marché du véhicule électrique pourrait connaître un phénomène de concentration verticale des activités, similaire à celui observé sur le marché de l’internet dans les années 1990 : de la même manière que les constructeurs de modem ont été concurrencés par les fournisseurs d’accès internet, les fournisseurs de bornes et les constructeurs de véhicules pourraient être concurrencés par des opérateurs de recharge et de mobilité. D’autant que des poids lourds de l’industrie du numérique s’intéressent à ce marché comme Google et plus récemment Apple…

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