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Le numérique français freiné par la conjoncture : Numeum tire la sonnette d’alarme

 

Le ralentissement brutal du secteur numérique inquiète. Dans son dernier baromètre, Numeum alerte sur une croissance en berne, un marché de l’emploi fragilisé et appelle à une réaction rapide des pouvoirs publics et des dirigeants pour éviter un décrochage durable.

 

En dépit de son rôle stratégique dans la compétitivité et la souveraineté, le secteur numérique français entre dans une zone de turbulences. Selon les dernières données publiées ce 25 juin par Numeum, premier syndicat des entreprises du numérique en France, la croissance du secteur s’effondre. En 2025, elle ne devrait pas dépasser +1,8 %, contre +4,1 % en 2024. Une alerte sérieuse pour les DSI, alors que le numérique est plus que jamais un levier de transformation majeur.

Le ralentissement touche l’ensemble de l’écosystème, à l’exception notable des éditeurs de logiciels et des plateformes cloud, qui continuent de croître à un rythme soutenu (+8,2 %). Cette croissance repose toutefois principalement sur deux facteurs conjoncturels : la hausse des tarifs et l’effet de migration vers le cloud (IaaS et PaaS). Les projets d’intégration, eux, marquent le pas, pénalisant les ESN et les cabinets de conseil en technologies.

 

Les chiffres sont parlants : pour la première fois, Numeum anticipe une baisse d’activité pour ces deux catégories d’acteurs. Les ESN enregistreraient une décroissance de -2,1 %, tandis que le conseil en technologies plongerait à -2,5 %. Le taux d’occupation des équipes s’effrite : 32 % des répondants à l’enquête menée au printemps 2025 signalent une sous-activité.

 

 

L’IA générative peine à décoller

 

Malgré une montée en puissance dans les discours, l’intelligence artificielle générative n’a pas encore enclenché sa révolution dans les entreprises. Si 48 % des organisations interrogées affirment travailler sur des projets d’IA générative – un net progrès par rapport aux 29 % du semestre précédent –, les freins restent nombreux.

Deux obstacles dominent : le manque de compétences en interne (47 %) et la difficulté à identifier des cas d’usage à forte valeur ajoutée (également 47 %). Ce double verrou ralentit les investissements et cantonne l’IA générative à des expérimentations sans déploiement à l’échelle. Le sujet est pourtant stratégique pour les DSI, tant en matière de productivité que d’innovation.

 

 

Recrutement en berne, l’inquiétude monte

 

Symptôme d’un climat incertain, le marché de l’emploi numérique subit un revers. Après une année 2023 marquée par des créations nettes de postes, 2024 signe un repli, ramenant l’effectif total à environ 666 000 postes, soit le niveau de 2022. Et 2025 ne s’annonce pas plus engageant : plus d’un tiers des entreprises anticipent une baisse des recrutements de jeunes diplômés et d’alternants.

Ce gel relatif du marché de l’emploi pourrait avoir des conséquences durables. Les tensions sur les compétences dans le numérique restent fortes, et freiner l’intégration des jeunes talents aujourd’hui, c’est compromettre la capacité à mener les projets de transformation demain.

 

Un appel à la mobilisation

 

Numeum ne se contente pas de constater : l’organisation lance un appel à la mobilisation collective. Elle pointe le retard structurel de la France, où le numérique ne représente que 5,5 % du PIB – à comparer aux 10 % aux États-Unis – et où le pays n’occupe que le 22e rang européen pour l’usage du numérique dans les entreprises.

Dans un contexte de turbulences politiques et de restrictions budgétaires, la présidente de Numeum, Véronique Torner, plaide pour la stabilité des dispositifs de soutien à l’innovation (CIR, CII, statut JEI, amortissement fiscal pour les PME innovantes). Elle interpelle aussi les dirigeants économiques, les appelant à poursuivre leurs investissements dans le numérique comme levier de compétitivité, mais aussi comme contribution à l’autonomie stratégique européenne.

 

« Le numérique est l’oracle de notre compétitivité », martèle Véronique Torner. « Il est urgent d’inverser la tendance, car la France risque de décrocher sérieusement de la compétition européenne et mondiale. »

 

Des signaux à prendre au sérieux

 

Le message de Numeum est clair : dans une période où les entreprises sont tentées de geler leurs projets IT, il faut au contraire redoubler d’efforts. Pour les DSI, cette inflexion conjoncturelle est un moment de vérité : investir, structurer, former – ou risquer l’effacement dans un paysage technologique de plus en plus polarisé.

 

 

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